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Reprise essoufflée

Paris
Opéra Bastille
02/14/1999 -  et 17, 20, 25 et 27 février 1999
Richard Wagner : Parsifal
Jukka Rasilainen (Amfortas), Tom Krause (Titurel), Kurt Moll (Gurnemanz), Willard White (Klingsor), Poul Elming (Parsifal), Violeta Urmana (Kundry)
Graham Vick (mise en scène)
Orchestre et Choeurs de l’Opéra National de Paris, James Conlon (direction)

L’Opéra National de Paris reprend sa production de Parsifal de l’année dernière, ici dirigée par James Conlon dans une nouvelle distribution. Cette reprise souffre d’un manque d’engagement généralisé. Conlon ne croit qu’à moitié au temps qui ne passe pas de cette partition extrême, qu’il tente de ranimer à grands coups de baguette. Il suit l’oeuvre à reculons, lui refusant sa lenteur, abrégeant ses silences, alourdissant ses dynamiques. Les belles couleurs de l’orchestre manquent du désert où se fondre.

La scène reflète ce manque d’engagement. Collection d’idées bonnes (le changement de décor du premier acte ou les Filles-fleurs se voilant à l’arrivée de Kundry) ou discutables (la main de Kundry se tendant vers celle de l’ange après sa mort), la mise en scène ne soutient pas l’unité de l’oeuvre. A l’exception de certaines scènes fortes (la violence du choeur face à Amfortas au troisième acte), le plateau se contente d’une scénographie reposant, bien entendu, sur le mouvement cyclique (" espace et temps, ici, ne font qu’un ", encore et toujours). Jouer ou ne pas jouer ? La distribution hésite : Violeta Urmana joue alternativement trop ou pas assez, Poul Elming choisit le récital, Jukka Rasilainen fuit toute crédibilité.

Manquant de cohérence au niveau scénique, la distribution est vocalement de grande qualité. Kurt Moll impressionne par sa présence, rédempteur de cette production. Violeta Urmana est dotée des qualités d’une excellente Kundry, bien qu’hésitant à jouer le jeu vocal du rôle. Wagner avait tenté de convertir la difficulté de parole du personnage en difficulté de voix, confiant ce rôle écrit dans une tessiture de mezzo à unune soprano et indiquant, dans ses didascalies, à quel point le chant de l’interprète devait procéder d’une voix de théâtre. Il ne manque à Violeta Urmana que cette résistance de la voix au chant.

Parsifal est un opéra qu’il faut soutenir d’un jeu dans son aphasie, porter dans sa lenteur, habiter dans son temps étiré à l’infini – faute de quoi l’oeuvre " de cris et de silence " s’effondrefinit comme le châteauchateau de Klingsor. Ici, sSur scène comme dans la fosse, personne ne semble croitre réellement en sa mission. La foi manque, qui ouvrirait au public les portes de la compassion.


Gaëlle Plasseraud

 

 

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