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Une approche parmi d’autres

Bruxelles
Bozar, Salle Henry Le Bœuf
10/25/2008 -  
Ludwig van Beethoven : Symphonie n°9, opus 125
Anna-Kristiina Kaappola (soprano), Marianne Beate Kielland (alto), Markus Schäfer (ténor), Thomas E. Bauer (basse)
Chœur et orchestre Anima Eterna, Jos van Immerseel (direction)


Jos van Immerseel (© droits réservés)



Unique apparition de Anima Eterna cette saison au Palais des Beaux-Arts avec une seule œuvre sur les pupitres, et pas des moindres : la Neuvième Symphonie de Beethoven. Après s’être focalisé sur la musique baroque, cet orchestre, fondé en 1987 par Jos van Immerseel, étend depuis de nombreuses années son répertoire jusqu’à la première moitié du XXe siècle. Retour aux conditions d’exécution originales, avec instruments et effectif d’époque, respect « musicologique » de la partition : le refrain est désormais bien connu. Mais Anima Eterna et son directeur musical ne font pas figure de pionniers, tant s’en faut, d’autres formations les ayant précédés sur ce terrain (Orchestre révolutionnaire et romantique, Academy of Ancient Music, London Classical Players, …) tandis que quelques chefs ont brillamment démontré qu’une autre voie était possible (Zinman, Skrowaczewski).


Que retenir de ce concert ? Que domine le sentiment d’avoir assisté à une expérience pour initiés, certes intéressante d’un point de vue musicologique et historique (encore que nombre d’informations manquent dans le programme de salle, notamment sur la facture instrumentale et l’édition utilisée) mais inaboutie sur le plan instrumental et musicalement décevante. Bien malin celui qui peut définir l’authenticité en musique, aussi préférerons-nous, pour notre part, laisser à chacun le droit de s’exprimer. Mais quid, par exemple, de l’acoustique, élément essentiel de toute restitution sonore : celle du Bozar est-elle comparable à celles que Beethoven a connues ? Et tant qu’à pousser très loin le souci de l’authenticité, à quand les concerts… en costumes d’époque ?


Dans sa profession de foi sur le site de l’orchestre, Jos van Immerseel affirme que « de plus en plus, le public se rend compte qu’on ne peut montrer plus grand respect à un compositeur qu’en prenant sa musique au sérieux dans une exécution combinant devoir et liberté ». Ignorer les progrès dans la facture instrumentale, qui ont conduit à une indéniable plus-value sonore, est-ce réellement faire preuve de respect ? Beethoven était-il lui-même satisfait de la qualité des instruments et des conditions d’exécution de son temps ? A ce titre, le mélomane doit s’accommoder de prestations solistes inégales, sans qu’il soit pour autant possible d’établir dans quelle mesure cela est imputable à la justesse aléatoire des instruments plutôt qu’à l’insuffisance du musicien. Si certains solos font sourire, d’autres, bien vilains (comme l’intervention catastrophique de la flûte dans le Scherzo), sont difficilement justifiables. La mise en place et, dans une moindre mesure, la continuité du discours, laissent également trop souvent à désirer, de même que l’équilibre au sein de cette quarantaine de musiciens. Les cordes rachitiques, et en faible effectif (vingt-deux, dont six premiers violons) contrebalancent difficilement les interventions encombrantes des cuivres et, surtout, des tapageuses timbales. Les triangle et grosse caisse dans les dernières mesures du Finale évoquent quelque turquerie, tel le Chœur des janissaires de L’Enlèvement au Sérail. Le résultat sonore se révèle donc sec et carré, comme on le craignait.


Jos van Immerseel poursuit, non sans présomption : « Le devoir consiste à exécuter correctement la partition, à utiliser les instruments pour lesquels le compositeur l’a écrite, à appliquer les évidences de l’époque telles le diapason, la technique de jeu, l’équilibre dans l’orchestre, le respect du tempo indiqué ». Le rythme et les tempi (assez vifs) adoptés sont plutôt acceptables. Mais l’Adagio molto e cantabile flirte parfois avec l’allegretto... L’exécution tonique du Finale offre néanmoins plus de satisfaction, notamment grâce à l’élément vocal (six chanteurs par partie). « La liberté, c’est le droit d’être un homme de son temps, avec sa propre érudition et ses propres sensibilités […] » : à chacun, donc, d’être libre de préférer une autre approche.


Anima Eterna et Jos van Immerseel seront encore invités à deux reprises par le Bozar cette saison, mais cette fois-ci à Flagey : le premier avril, dans des œuvres de Poulenc et Tchaïkovsky, et le 9 mai dans un programme tout Haydn, deux centième anniversaire de sa mort oblige.


Le site de Anima Eterna



Sébastien Foucart

 

 

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