About us / Contact

The Classical Music Network

Geneva

Europe : Paris, Londn, Zurich, Geneva, Strasbourg, Bruxelles, Gent
America : New York, San Francisco, Montreal                       WORLD


Newsletter
Your email :

 

Back

Le provocateur fait désormais l'unanimité

Geneva
Grand Théâtre
10/14/2008 -  et les 17, 23* octobre, 1er, 4 et 8 novembre 2008
Hector Berlioz: La Damnation de Faust

Elina Garanca (Marguerite), Paul Groves (Faust), Willard White (Méphistophélès), René Schirrer (Brander)
Chœur du Grand Théâtre de Genève, Ching-Lien Wu (direction), Chœur Orpheus de Sofia, Krum Maximov (direction), Maîtrise du Conservatoire Populaire de Musique de Genève, Magali Dami et Serge Ilg (direction), Orchestre de la Suisse Romande, John Nelson (direction musicale)
Olivier Py (mise en scène et lumières), Pierre-André Weitz (décors et costumes)


E. Garanca (© GTG/Mario del Curto)


Les bonnes âmes de Genève scandalisées en 2003 par la Damnation de Faust signée Olivier Py (lire ici) ont, cinq ans plus tard, applaudi chaleureusement la reprise du spectacle. Et pourtant, le metteur en scène n'a pas édulcoré sa production, bien au contraire. Les images les plus marquantes, celles par lesquelles le scandale était arrivé à la création, sont toujours là: crucifixion d'un Christ roi dénudé, Adam et Eve dans le plus simple appareil, sexes nus – surtout masculins – en abondance, avions de combat et char d'assaut, hommes en tutu, anges noirs, pendaison des plus réalistes, Marguerite gravissant, nue, les longues marches dorées menant au ciel, le tout dans de grands cadres noirs, avec des rideaux gris-brun dévoilant de superbes jeux d'ombres géantes. Malgré quelques idées délirantes qui virent à l'obsession, force est de reconnaître la cohérence et la richesse du travail du metteur en scène, et surtout l'incroyable impact esthétique de sa vision terriblement sombre du chef-d'œuvre de Berlioz, lutte sans merci entre le bien et le mal. Olivier Py le provocateur qui semble désormais faire (presque) l'unanimité, quel joli retournement de situation, impensable il y a cinq ans.


Dans la fosse, le spécialiste de Berlioz qu'est John Nelson offre une lecture sans pathos et s’attaque à la partition avec poigne et des tempi rapides, ce qui ne va pas sans créer quelques flottements avec le plateau. Une mention spéciale est à décerner aux choristes pour leur superbe prestation vocale et leur engagement scénique d'un bout à l'autre de l'œuvre. De la distribution vocale émerge la Marguerite radieuse et émouvante d'Elina Garanca, à la voix ample et majestueuse, dotée d'un magnifique legato. Le Faust de Paul Groves séduit par la souplesse de la voix, la facilité des aigus et une diction française parfaite. Williard White campe pour sa part un Méphisto aussi chic que sournois, malgré l'usure évidente des moyens vocaux. A signaler aussi la prestation désopilante de René Schirrer en Brander à tutu.



Claudio Poloni

 

 

Copyright ©ConcertoNet.com