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Versailles sublimé Paris Théâtre des Champs-Elysées 10/08/2008 - et 10, 12, 14, 16, 18 octobre 2008 Jean-Baptiste Lully : Armide Stéphanie d’Oustrac (Armide), Paul Agnew (Renaud), Nathan Berg (Hidraot), Marc Mauillon (Aronte), Marc Callahan (Artémidore), Laurent Naouri (La Haine), Andrew Tortise (Le Chevalier danois), Anders J. Dahlin (Un Amant fortuné), Claire Debono (La Gloire, Phénice, Lucinde), Isabelle Druet (La Sagesse, Sidonie, Mélisse)
Les Arts Florissants, William Christie (direction)
Jean-Claude Gallotta (chorégraphie)
Robert Carsen (mise en scène)
A l’heure où l’artiste-affairiste Jeff Koons défigure le Château de Versailles avec ses productions kitsch et vulgaires, Robert Carsen démontre que l’on peut avoir un regard actuel, décalé, ironique mais respectueux de l’un des joyaux du patrimoine mondial. Durant le prologue vantant les mérites et les exploits de Louis XIV, une vidéo nous montre des danseurs déguisés en touristes s’extasiant et dansant dans les Appartements du Roi, aiguillés par deux guides, ceux qui, au même moment, chantent sur scène les rôles de La Gloire et de La Sagesse! Par la suite on retrouve sur scène une Chambre du Roi quelque peu stylisée et dans des tons argentés, sur laquelle se détache avec éclat la robe rouge vif d’Armide. Le sol miroir et les lumières rasantes sont du meilleur effet, la lisibilité de l’action et la peinture des sentiments se font avec naturel et clarté, Robert Carsen signe ici un travail remarquable.
Il ne fallait pas se rater : les rencontres Lully-Christie sont rares depuis l’historique Atys de 1987, et Armide (1686) marque l’ultime en même temps que l’apogée de Jean-Baptiste Lully et de son librettiste Philippe Quinault. Tous les artistes sont conscients de l’enjeu et ils donnent le meilleur. Des chanteurs, il faut commencer par louer l’excellente prononciation, qui permet quasiment de se passer des surtitres, ainsi que leur homogénéité. Nathan Berg, Paul Agnew, Laurent Naouri, des habitués de ce répertoire, sont excellents, ainsi que les rôles secondaires comme Claire Debono (La Gloire) et Isabelle Druet (La Sagesse). En Armide, Stéphanie d’Oustrac manque peut être un peu d’ampleur, et de grave dans la voix, mais elle sait incarner avec passion la magicienne tourmentée. Quant aux Arts Florissants, ils demeurent la meilleure formation baroque du fait des qualités qu’on leur connaît (couleurs, finesse, précision), ainsi que d’un travers qu’ils savent éviter quand la plupart des autres orchestres baroques y succombent plus ou moins : la sécheresse du son, le martèlement en lieu et place du rythme. Ne manquez pas ces soirées magiques et sans doute historiques.
Armide de Lully sur Wikipedia
Philippe Herlin
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