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Exaspération Bruxelles Bozar, Salle Henry Le Bœuf 10/03/2008 - et les 2 (Liège) et 5* octobre 2008 Igor Stravinsky : Suites pour petit orchestre n° 1 et
n° 2 – Petrouchka
Maurice Ravel : Tzigane
Ernest Chausson : Poème, opus 25
Laurent Korcia (violon)
Orchestre national de Belgique, Ilan Volkov (direction)
Ilan Volkov (© droits réservés)
Des chefs invités de différentes générations se produiront cette saison à la tête de l’Orchestre national de Belgique, que cela soit à Bruxelles (Bozar, Flagey) ou de part et d’autre de la frontière linguistique, les tournées en Allemagne (novembre) et en Pologne (avril) étant confiées au directeur musical Walter Weller. Certains sont bien connus dans le Royaume, notamment pour s’être déjà produits avec l’orchestre (Theodor Guschlbauer, Zdenek Macal, Eivind Aadland, …), d’autres sans doute moins (Pablo González, Stefan Blunier, Vaktang Matchavariani, …). A Ilan Volkov, Israélien né en 1976, de diriger le deuxième concert des traditionnels « Vendredis de l’ONB » repris, comme c’est généralement le cas pour cette série du Bozar, ce dimanche en matinée et déjà donné jeudi dernier à Liège.
Les deux Suites pour petit orchestre de Stravinsky, à l’origine des pièces pour piano à quatre mains (Trois Pièces faciles de 1914-1915, Cinq Pièces faciles de 1916-1917) mêlent pastiches et parodies, et s’inspirent des rythmes et des couleurs de la musique viennoise, italienne, espagnole et russe. Cette plaisante partition (sans réelle prétention) est jouée d’une façon sèche et décapante par des musiciens consciencieux mais sans doute trop nombreux sur scène.
Laurent Korcia entre ensuite, col largement déboutonné, pour le Poème (1892) de Chausson et Tzigane (1924) de Ravel, piliers du répertoire fréquemment associés mais séparés ici par la pause. L’admiration pour les moyens techniques considérables du violoniste français laisse vite place à l’exaspération : peu de mystère et rien d’envoûtant dans la première pièce, flux discontinu et épais ; exercice de (vaine) virtuosité tournant à vide dans la seconde. Korcia n’est probablement pas de ceux qui se réfugient dans une confortable routine : les prises de risque sont louables mais le résultat peine à convaincre tant les effets de manche et les traits grossiers se multiplient. L’accompagnement dispensé par l’actuel chef principal du BBC Scottish Symphony Orchestra rachète à peine ce pensum.
Idéal pour évaluer le travail d’un chef et d’un orchestre, Petrouchka (1911) de Stravinsky referme ce concert sur une impression toujours aussi mitigée. Si la prestation réserve quelques moments inspirés, la continuité narrative ne transparaît guère et la définition d’ensemble s’avère bien inégale. Mais les imprécisions laissées ça et là, les (légers) décalages, les échanges perfectibles et le jeu collectif manquant de rutilance n’empêchent pas d’applaudir de nombreux solistes de valeur au sein des pupitres des violons (konzertmeister), bois (flûte), cuivres (trompette solo) et percussions. Le programme de salle omet de mentionner le nom du pianiste, pourtant largement sollicité.
Le site de l’Orchestre national de Belgique
Sébastien Foucart
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