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La fin du Temps

Paris
Maison de Radio France
10/04/2008 -  
Claude Debussy : Sonates n° 3 pour violon et piano et n° 1 pour violoncelle et piano
Olivier Messiaen : Quatuor pour la fin du Temps

Svetlin Roussev (violon), Eric Levionnois (violoncelle), Francis Gauthier (clarinette), Myung-Whun Chung (piano)


Myung-Whun Chung (© Jean-François Leclercq)



Comme il est agréable pour un critique musical de n’avoir à dire que des choses aimables sur un concert. Roussev est un grand violoniste avec une technique qui frise la perfection et une musicalité rare, qui va à merveille avec le style de la sonate « française » de Debussy. On pourrait en dire autant de Levionnois bien que la Sonate pour violoncelle n’atteigne pas les sommets debussystes de celle pour violon. Inutile de dire quoi que ce soit du pianiste, qui connaît à merveille les deux solistes puisqu’ils sont premiers solos au Philharmonique de Radio France, dont il est le directeur musical.


La matinée culmine dans le Quatuor pour la fin du Temps, œuvre majeure de la musique de chambre du XXe siècle. La «Louange à l’Eternité» chantée par Levionnois est un moment de grâce. «Abîme des oiseaux» dans la clarinette de Gauthier est émouvant et la «Louange à l’immortalité» permet au violoniste de montrer encore sa sensibilité. Le pianiste, dont le rôle dans cette œuvre est réduit, assure son rôle et permet aux trois solistes de se sentir en sécurité devant cette partition difficile.


On prétend que les fins d’après-midi sont des moments tristes. Samedi dernier, ce ne fut pas le cas. Tout le monde, et la salle était comble, est sorti le visage réjoui.


Il reste un problème. Si Messiaen voulait voir la fin du Temps, donc, le passage à l’éternité, c’est pour éviter la mort. Malheureusement, la musique est un art qui se déroule dans le temps et renoncer au temps revient à renoncer à la musique. Il faut faire un choix. Ou l’éternité sans musique ou le temps, même assassin, avec elle. J’ai fait mon choix, faites le vôtre.



Benjamin Duvshani

 

 

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