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Viva Rossini !

Paris
Théâtre des Champs-Elysées
02/10/1999 -  et 12, 15, 17* février 1999
Gioachino Rossini : Zelmira
Mariella Devia (Zelmira), Paul Austin Kelly (Ilo), Charles Workman (Antenore) ; Sonia Ganassi (Emma), Lorenzo Regazzo (Polidoro), René Schirrer (Leucippo), Etienne Lescroart (Eacide), Jérôme Varnier (Grand Prêtre Jupiter)
Orchestre et chœur de l’Opéra National de Lyon, Maurizio Benini (direction musicale)
Yannis Kokkos (mise en scène)

Dernier des opéras seria composé par Rossini pour Naples, Zelmira connut un succès considérable dès sa création. Pourtant, l’oeuvre disparut du répertoire pendant plus d’un siècle avant d’être ressuscitée en 1965. La présente production, importée du festival de Pesaro de 1995, rend parfaitement justice à la partition, magnifiant un livret somme toute conventionnel et exaltant les richesses musicales que le compositeur y a mis.

Sobre et juste, la mise en scène de Yannis Kokkos ne s’encombre pas de symboles ni de fioritures. De lourdes colonnades antiques et des drapés flamboyants suffisent à planter le décor. Ici, ce sont les voix et les sentiments des personnages qui priment et rien, dans la gestuelle ou dans les changements de scènes, ne vient polluer ou édulcorer la tragédie. Ce sont les regards, les visages et la retenue des corps qui expriment la tension qui parcourt l’ouvrage. Pleinement en phase avec le travail du metteur en scène, les chanteurs évoluent dans un univers flexible où ils peuvent déployer toutes leurs splendeurs. Et celles-ci ne sont pas des moindres. Si Mariella Devia, autorité rossinienne, est la seule " star " du plateau, ses partenaires ne déméritent à aucun moment. Bien au contraire même, puisque chacun rivalise de virtuosité, de puissance et d’aplomb, autant par la présence vocale que dramatique. Paul Austin Kelly et Charles Workman d’abord, deux superbes ténors au timbre agile et aux couleurs riches. Sonia Ganassi, ensuite, mezzo somptueux et chaleureux. Et Mariella Devia, bien sûr, Zelmira irréprochable, blessée et cependant combative, délivrant dans la voix toutes les pensées qui l’étreignent. Quant à la direction de Maurizio Benini, elle brille par sa densité, par sa capacité à ne jamais couvrir les interprètes. Le chef les porte et sait composer attentivement un écrin précieux pour les accueillir. Ainsi, par son homogénéité et par sa haute tenue, cette Zelmira a su recueillir l’assentiment et l’enthousiasme d’un public conquis par la qualité sans faille qui l’animait. On aime vraiment Rossini lorsqu’il est servi de la sorte.


Katia Choquer

 

 

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