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Hommage à la période révolutionnaire

Paris
Cité de la musique
09/19/2008 -  
François-Joseph Gossec : La Marseillaise
Jean-Baptiste Davaux : Sinfonie concertante mêlée d’airs patriotiques en sol majeur pour deux violons et orchestre
Carl Philipp Emanuel Bach : Concerto pour clavecin et pianoforte en mi bémol
majeur, H. 479

Wolfgang Amadeus Mozart : Concerto pour piano et orchestre n° 24 en do mineur, K. 491

Christine Schornsheim (clavecin), Andreas Staier (pianoforte)
Concerto Köln


Andreas Staier (© Alvaro Yanez)



Dans une salle malheureusement quelque peu clairsemée, le Concerto Köln interprétait un concert dans le cadre d’un cycle de représentations et de conférence donnés à la Cité de la musique et consacré à la musique sous la Révolution française. Ce vaste programme fut l’occasion d’entendre musicologues, historiens et musiciens parmi lesquels on relèvera les noms prestigieux de Ruth Ziesak, Paul McCreesh ou Andreas Staier.


Très logiquement pour un concert consacré à cette période, celui-ci débutait par La Marseillaise dans l’arrangement qu’en a fait François-Joseph Gossec (1734-1829). Parmi les 167 hymnes révolutionnaires et 80 pièces orchestrales qui virent le jour en France dans la décennie 1789-1799, Gossec en a composé 44 au point de faire figure de véritable musicien officiel de la Révolution. Fortement impliqué dans la réorganisation du Conservatoire de Paris nouvellement créé en août 1795 (il fit partie de son directoire aux côtés de Méhul, Cherubini et Sarrette), il donna à La Marseillaise une orchestration recherchée qui, après une brève et solennelle introduction, confie le thème principal de l’hymne alternativement à l’orchestre dans son ensemble et à plusieurs instruments solistes (flûte et hautbois dans un premier temps, clarinette dans un second). Le Concerto Köln, rompu aux œuvres de cette époque, donna une belle interprétation de cet arrangement aux accents à la fois pompiers et lyriques.


La deuxième œuvre au programme est une symphonie concertante d’un certain Jean-Baptiste Davaux (1742-1822). Auteur d’une vaste production (au moins 25 quatuors, 13 symphonies concertantes, 4 concertos pour violon…), il composa cette Sinfonie en 1794. A l’instar de plusieurs compositeurs après lui (notamment Schumann dans son ouverture Hermann et Dorothée, Rossini dans Le Voyage à Reims), Davaux utilise le thème de La Marseillaise dans le premier mouvement de cette œuvre où les deux violons solistes (respectivement tenus par Barry Sargent et Stephan Sänger) dialoguent harmonieusement avec l’orchestre, spécialement les deux flûtes. Si le deuxième mouvement, exclusivement confié aux cordes, n’appelle aucun commentaire particulier, on signalera, en revanche, le troisième qui emprunte la mélodie principale au chant révolutionnaire Ah ça ira ! Ayant enregistré cette œuvre dans le superbe disque La prise de la Bastille (paru chez Capriccio et publié dans le cadre des célébrations du bicentenaire de la Révolution française), le Concerto Köln joue avec un entrain communicatif cette symphonie qui conclut l’hommage direct rendu par ce concert à la période révolutionnaire.


En effet, le Concerto pour clavecin et pianoforte en mi bémol majeur H 479 a été composé par Carl Philipp Emanuel Bach en 1788, soit quelque temps avant les événements qui allaient secouer la France et, au-delà, l’Europe tout entière… Le grand intérêt de cette magnifique composition, qui s’inspire de thèmes populaires dans l’Allemagne du sud de l’époque, repose autant sur l’opposition entre les deux timbres que sur le jeu entre les instrumentistes. Force est de constater que la complicité entre Christine Schornsheim et Andreas Staier est totale, notamment dans un Presto, véritable sommet du concert, où clins d’œil, concours de virtuosité et plaisanteries musicales se succèdent à un rythme effréné. En partenaire attentif, le Concerto Köln participe à cette fête, veillant à respecter tant le caractère mélancolique du Larghetto (caractérisé par les notes plaintives des flûtes) que la jubilation des deux autres mouvements. Sollicités par un public conquis, Christine Schornsheim et Andreas Staier donnèrent en bis le second mouvement de la Sonate en ré majeur pour quatre mains K. 381 de Mozart. Moment de grâce absolu où, pour l’occasion, Staier s’installa au clavecin tandis que sa comparse jouait du pianoforte…


Si le Concerto pour piano et orchestre n° 24 en do mineur K. 491 a été créé à Vienne en avril 1786, il n’en mérite pas moins le qualificatif de « révolutionnaire ». En effet, jamais peut-être auparavant l’accompagnement d’un concerto pour piano n’avait été aussi fourni, Mozart faisant ici appel aux flûtes, hautbois, clarinettes, bassons, cors et trompettes (tous par deux) en sus des timbales et des cordes. Si le début de l’Allegro pouvait inspirer quelques craintes, Andreas Staier adoptant un toucher par trop affecté, celles-ci furent rapidement dissipées. Le pianiste s’ingénie en effet rapidement à jouer la partition étalée devant ses yeux avec la simplicité requise, rendant ainsi à l’œuvre le sentiment d’évidence qu’elle distille de bout en bout. Après un superbe Larghetto où le dépouillement du piano contraste avec les traits confiés aux vents, Staier et l’orchestre concluent le concert de la plus belle manière dans un Allegretto vif, soignant ainsi la progression des cinq variations composées sur un rythme de marche. Alors que la soirée aurait pu s’achever de la sorte, Andreas Staier choisit d’offrir à l’assistance un bis, le troisième mouvement de la Sonate en mi bémol majeur Hob.XVI.49 de Joseph Haydn, composée, naturellement, en 1789…



Sébastien Gauthier

 

 

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