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De Stockhausen à... Stockhausen via Chopin

Paris
Jardin des serres d’Auteuil (Pavillon des azalées)
09/13/2008 -  
Karlheinz Stockhausen : Klavierstück IX, n° 4/V
Frédéric Chopin : Etudes, opus 10 – Ballade n° 4, opus 52
Hugues Dufourt : La ligne gravissant la chute

Nima Sarkechik (piano)


Nima Sarkechik (© Patrick Léger)


En deux temps, comme de coutume, du 20 au 29 juin, puis du 29 août au 20 septembre, «Les Solistes aux Serres d’Auteuil», toujours sous la direction artistique d’Anne-Marie Réby, profitant des derniers feux de la saison puis juste avant que la rentrée ne batte son pleine, sonnent successivement le début et la fin de l’été dans la capitale. Le week-end à 19 heures au Pavillon des azalées, l’affiche demeure de grande qualité, que ce soit avant (Jérôme Pernoo, le Trio Wanderer, David Fray, Alain Planès, …) ou après (Jean-Marc Luisada, Ferenc Vizi, Xavier Phillips, Tedi Papavrami et Philippe Bianconi, …) les vacances.


Fidélité aux (jeunes) talents, mais aussi à la musique d’aujourd’hui, avec des commandes à Christophe Bertrand, Benjamin de la Fuente, Mauro Lanza et Samuel Sighicelli de pièces en hommage à Messiaen, centenaire oblige, mais aussi la création mondiale ou française de pages de Frank-Michael Beyer, Jacques Lenot et Aaron Travers. Les dix-huit concerts de la neuvième édition du festival, qui a conservé sa politique de prix modérés (8 ou 12 euros), s’attachent aussi à offrir des reprises d’œuvres contemporaines: le traditionnel «concert-tremplin» n’est pas le dernier à se plier à cette constante de la programmation.


Il se tient dans le cadre d’un partenariat avec la Société des arts de Genève, à laquelle le festival recommande l’un des solistes s’étant produits aux Serres d’Auteuil qui, en retour, accueillent le pianiste récompensé chaque année par cette société. Elle organise en effet, depuis novembre 2000, une saison de concerts (les «Jeudis du piano») destinés aux jeunes artistes, à l’issue de laquelle sont décernés un prix du jury et un prix du public, tous deux remportés par Nima Sarkechik en 2007: âgé de vingt-quatre ans, le pianiste d’origine iranienne, élève de Georges Pludermacher et François-Frédéric Guy au Conservatoire national supérieur de musique de Paris, avait été délégué à Genève par le festival suite à son récital de septembre 2006 et y revient donc cette fois-ci par la grande porte.


Il débute par le Klavierstück IX (1961) de Stockhausen, celui qui s’ouvre sur ce fameux geste beethovénien, un accord répété, diminuendo, à cent quarante reprises: dommage que le ronron du périphérique ne permette pas toujours de profiter pleinement d’une interprétation concentrée, volontiers lyrique et contrastée.


Le reste de son programme reprenait largement celui de son disque paru en avril chez Zig-Zag Territoires, à commencer par les douze Etudes de l’Opus 10 (1829-1832) de Chopin. Puissant sans être tapageur, d’une grande finesse de toucher, Sarkechik frappe par son élégance et sa souplesse. Manifestant un goût prononcé pour les sonorités fondues (Cinquième, Dixième), il n’oublie jamais de faire chanter le clavier, comme dans ces Deuxième et Onzième au legato très soigné. Mue par une gourmandise digitale qu’autorise une belle technique (Première, Quatrième, Septième), la musique avance toujours, quitte à aller peut-être parfois un peu vite – au risque de déraper, comme dans la Huitième qui se conclut, avec le sourire, sur une septième majeure inattendue – et à renoncer au rubato chopinien. Mais au moins évite-t-il ainsi tout excès d’alanguissement dans la Troisième et la Sixième, sans refuser pour autant l’expression, comme dans la Neuvième ou la Douzième («Révolutionnaire»).


Créée par Sarkechik à Monte-Carlo au printemps dernier, La ligne gravissant la chute (2008) de Dufourt emprunte son titre à un extrait d’un poème du peintre Tal Coat (1905-1985) et se présente comme un «hommage à Chopin»: évidemment pas un pastiche ou «à la manière de», une alternance d’accords réguliers, aux harmonies denses, et de phases très agitées, quasi paroxystiques, s’inscrivant dans la tendance actuelle d’un retour à une certaine continuité du discours.


On se réjouit de retrouver ici le compositeur du mythique Erewhon, qui s’est fait plus rare ces dernières années et qui évoque à propos de cette nouvelle pièce de huit minutes «le sens d’une forme qui s’invente chemin faisant, entre spirale et turbulence, tout en respectant l’unité de ton des classiques». Une description qui pourrait également fort bien évoquer la Quatrième ballade (1842) de Chopin: à plus grande échelle que dans les Etudes, Sarkechik, plus soucieux de faire ressortir le caractère organique que l’aspect narratif de cette page, domine parfaitement son sujet, avec autant de subtilité que d’autorité. Un moment privilégié qui se conclut par deux généreux bis, la Fantaisie-Impromptu (1835) et la Première ballade (1835), dédiée au baron Nathaniel de… Stockhausen, «ministre résidant» du roi de Hanovre en France.


Le site du festival
Le site de la Société des arts de Genève



Simon Corley

 

 

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