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Au cœur des Tableaux d’une exposition

Bruxelles
Bozar, Salle Henry Le Bœuf
08/29/2008 -  
Frédéric Chopin : Nocturnes, opus 62 – Tarentelle, opus 43 – Mazurkas, opus 59 – Polonaise-Fantaisie, opus 61
Modest Moussorgski : Tableaux d’une exposition

Aldo Ciccolini (piano)


(© D. R.)


Il entame sa cinquième édition mais se profile déjà comme un des plus en vue de Belgique, tous genres musicaux confondus : le KlaraFestival prend ses quartiers dans la capitale du 29 août au 12 septembre. Comme il sied à toute manifestation urbaine, branchée et éclectique qui se respecte, le programme brasse allégrement les époques (« classique », pop, rock, jazz), le marketing adopte un ton pour le moins cool et décomplexé (« Gergiev et son Mariinsky tour à tour vous caressent, vous boxent et vous font jouir ») et les concerts prennent place dans des lieux tantôt traditionnels (Bozar, Beursschouwburg), tantôt inévitables (Grand’Place), tantôt insolites comme la gare de Bruxelles-Midi, le métro et… l’aéroport de Bruxelles National ! Patrick De Clerck, nouveau creative director (sic), imprime sa marque et s’amuse visiblement à secouer la tradition.


Qu’importe, les affiches sont prometteuses et l’offre généreuse, avec des concerts sur le temps de midi, à 20 et 22 heures (Late Nights). Si les Quatuors Danel (le 4 septembre), de Crémone (le 7) et Aviv (le 10) raviront les amateurs de musique de chambre, au même titre que les apparitions en récital de Pieter Wispelwey (le 4), Sergej Krylov (le 9) et Christian Poltéra (le 11), le nombre de pianistes attendus s’avère cette année particulièrement élevé : Mikhel Poll, Alexei Lubimov (le 2), Aleksander Madzar, Roberto Prosseda (le 3), Peter Jablonski, Sergio Tiempo (le 5), Peter Donohoe (le 6), Giovanni Bellucci (le 8), Cédric Tiberghien (le 11) et Idil Biret (le 12). Côté symphonique, le Brussels Philharmonic-Vlaams radio Orkest assurera la création belge du monumental Concerto pour piano de Busoni le 6 septembre, le surbooké Gergiev dirigera l’Orchestre Mariinsky dans un singulier programme Ustvolskaya/Tchaïkovski/Silvestrov (le 8), l’Orchestre des Champs-Elysées donnera la Huitième de Bruckner (le 11) et l’Orchestre national de Belgique fera sa rentrée le 12 avec la suite de son intégrale des Symphonies de Schubert.


A Aldo Ciccolini, quatre-vingt trois ans, de lancer les festivités, non dans le programme tout Schumann que l’on attendait avec intérêt mais dans un plus traditionnel, et peut-être plus vendeur, couplage Chopin/Moussorgski. Alors que cet Italien naturalisé Français semble très largement fêté dans l’Hexagone, sa visite à Bruxelles a toutefois suscité une affluence quelque peu décevante, le second balcon de la Salle Henry Le Bœuf étant fermé et les rangées latérales du parterre peu occupées. La santé digitale du probable doyen des pianistes en activité – Earl Wild aurait, dit-on, pris sa retraite – reste véritablement épatante, comme en témoignent la jolie Tarentelle (1841) ainsi que les Mazurkas opus 59 (1845) aussi chics que sa veste blanche. Son Chopin, élégant, profond sans l’être trop (Nocturnes opus 62, 1846), chante et danse idéalement. Ciccolini distingue ainsi l’essentiel de l’accessoire et parcourt ses pages avec une sagesse ainsi qu’une vivacité remarquables. La Polonaise-Fantaisie (1846), fermement tenue et pleine de vécu, n’est pas que pure exaltation, et c’est ainsi que nous l’aimons.


« Le bonheur », glisse un spectateur à l’issue de la première partie. Certes, mais cela n’est rien comparé à la seconde : Ciccolini signe des Tableaux d’une exposition (1874) véritablement de référence, imaginatifs et descriptifs, impeccablement contrastés (couleurs, dynamique, atmosphère) et enchaînés. Acclamée par un public manifestement subjugué, et qui réservera une standing ovation tout à fait justifiée, son interprétation, fouillée et techniquement au point, captive au point que l’on redécouvre de nombreux détails d’une œuvre que l’on croyait pourtant connaître par cœur. Reconnaissant, le pianiste salue lentement en se tournant, comme à son habitude, en direction des différentes parties de la salle.


Trois bis, rien de moins, referment ce récital aussi beau que touchant : Gymnopédie de Satie, « Golliwogg’s Cake-walk » du Children’s Corner de Debussy et « Danse rituelle du feu » de L’Amour sorcier de Falla.


Le site du KlaraFestival



Sébastien Foucart

 

 

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