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Un chef pour Gounod

Salzburg
Haus für Mozart
08/02/2008 -  et 6, 9, 12, 15, 18*, 19, 22, 25 août 2008
Charles Gounod : Roméo et Juliette
Nino Machaidze/Ailyn Pérez* (Juliette), Rolando Villazón*/John Osborn (Roméo), Mikhaïl Petrenko (Frère Laurent), Falk Struckmann/In Sung Sim* (Capulet), Russell Braun (Mercutio), Cora Burggraaf (Stéphano), Juan Francisco Gatell (Tybalt), Susanne Resmark (Gertrude), Christian van Horn (le Duc de Vérone), Mathias Hausmann (le Comte Pâris), Jean-Luc Ballestra (Grégorio), Robert Murray (Benvolio)
Chœurs de l’Opéra d’Etat de Vienne, Orchestre du Mozarteum de Salzbourg, Yannick Nézet-Séguin
Bartlett Sher (mise en scène)


R. Villazón (© Clärchen Baus-Mattar & Matthias Baus)


Beaux costumes pour ce Roméo et Juliette, à vrai dire postérieurs d’ailleurs à l’époque du drame : on sent d’emblée, à voir l’ambiance de carnaval du premier acte, que Bartlett Sher n’a pas l’intention de tout bousculer et qu’on restera dans la tradition. Mais il sait exploiter le plateau et les arcades – parfaites pour Shakespeare et Gounod – du Manège aux rochers, pour une mise en scène sans surprise mais colorée et vivante, où les déplacements du chœur, notamment, sont assez bien pensés, dans le mouvement de la fête ou l’immobilité du rituel funèbre. Le deuxième tableau du troisième acte rappelle de façon très heureuse les films de cape et d’épée, où l’on se bat au milieu des étals des marchands. On a pris soin, aussi, de ne pas charger le décor : une porte, une colonne, un grand voile blanc en guise de lit nuptial, trois tombeaux pour le tableau final. La direction d’acteurs, toujours juste à défaut d’être inventive, profite des talents de comédien de certains chanteurs : de Rolando Villazón, par exemple, dont elle canalise la fébrilité, mais aussi du Mercutio impétueux de Russell Braun et du page délié de Cora Burggraaf, qui surgit de la salle pour chanter son air. Une fois la perspective admise, on apprécie l’homogénéité d’un spectacle de beaucoup préférable à Otello (lire ici), d’autant plus qu’il satisfait musicalement.


Rolando Villazón triomphe : après tout, on est venu pour lui. Il est loin pourtant, malgré le repos qu’il s’est imposé, d’avoir résolu ses problèmes vocaux : pour s’économiser, il chante le plus possible piano, mais détimbre totalement ; il transpose à la tierce inférieure les deux si du dernier acte ; il a toujours du mal à projeter sa voix. Cela dit, la sincérité de son engagement fait toujours oublier ses défauts, avec un français un peu moins exotique et moins de sanglots dans le chant. Les admirateurs d’Anna Netrebko – la production s’appuyait d’abord sur la notoriété du couple – ont dû convenir que la jeune Ailyn Pérez faisait une belle Juliette, gamine pétulante assumant ensuite sa passion et son destin : un peu timide dans le médium, la voix est ronde et fruitée, très bien conduite, adaptée au style français, et l’interprète, qui offre l’air du poison, conjugue la passion et la subtilité, veillée par la Nourrice pittoresque de Susanne Resmark. Russell Braun phrase élégamment la difficile Ballade de la Reine Mab, Cora Burggraaf a exactement le mezzo clair voulu par Stéphano, In Sung Sim, n’était un timbre charbonneux, impose un père plus aimant qu’autoritaire, Mikhaïl Petrenko est superbe en Frère Laurent. Et si le seul Français est le Grégorio de Jean-Luc Ballestra, à qui l’on aurait pu tout aussi bien confier Mercutio, le festivalier francophone n’a pas trop à souffrir du traitement réservé aux syllabes.


Le jeune Canadien Yannick Nézet-Séguin, enfin, s’avère remarquable à la tête d’un Orchestre du Mozarteum qu’il galvanise. Ceux qui croyaient connaître leur Roméo et Juliette y ont découvert des subtilités d’instrumentation, se sont laissé emporter par la flamme shakespearienne du chef, pas la sensualité de sa direction aussi – capiteux Sommeil de Juliette.



Didier van Moere

 

 

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