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Un orchestre solaire

Paris
Salle Pleyel
01/30/1999 -  
Ludwig van Beethoven : Concerto pour violon
Igor Stravinsky : Le Sacre du Printemps

Frank-Peter Zimmermann (violon)
Orchestre de Cleveland, Christoph von Dohnanyi (direction)

Une fois encore, l'Orchestre de Cleveland a prouvé qu'il était un extraordinaire instrument, assurément l'un des plus beaux orchestres du monde, avec des cordes sompteuses, de très beaux bois, et une hyperréactivité aux intentions de son chef Christoph von Dohnanyi. Le concert était d'un niveau plus qu'honorable, et l'on aimerait entendre plus souvent une telle volupté sonore. Et pourtant, il a continuellement manqué ce petit plus qui fait d'un beau concert un grand moment de musique.

L'interprétation du Concerto pour violon était honnête, mais pas captivante. Frank-Peter Zimmermman joue bien, avec un son plutôt rauque, mais son articulation manque parfois de clarté. Son jeu reste extrêmement contrôlé et intelligent. Une fois de plus, il a été possible d'admirer la sonorité de l'Orchestre de Cleveland, remarquable de finesse et de légèreté. Malgré la finesse de l'accompagnement, on se surprend parfois à rêver à plus de profondeur. L'Orchestre de Cleveland reste toujours sous le violon, en accompagnateur de luxe plutôt qu'en partenaire. Il manquait ainsi cette tension permanente qui, les grands soirs, nous saisit pour ne plus nous abandonner.

Le Sacre du Printemps a commencé fermement, et là encore, quel orchestre ! Les solistes ont une superbe sonorité, y compris dans des attaques très agressives. Malgré ses qualités, cette version du Sacre ne fut pourtant pas très convaincante. Dohnanyi le conçoit comme une symphonie plutôt que comme un ballet (l'esprit de la danse en est complètement absent), mais il s'appuie moins sur la force et la sauvagerie de la musique que sur la beauté des timbres de son orchestre. Sa vision de l'oeuvre, analytique, est assez inhabituelle, avec des équilibres discutables, des tempi qui ne cessent de s'élargir, parfois jusqu'à l'excès (presque pédagogique). Le Sacre reste une course haletante, certes, mais où l'on prend le temps d'admirer le paysage. On aurait aimé un son un peu moins policé, plus d'incisivité, et plus d'explosions - des cuivres notamment. On aurait aimé ne pas se poser de questions, ne jamais douter des choix et de l'engagement des musiciens - cela aurait été la preuve d'une tension soutenue tout au long de l'oeuvre.

Mais même si cette demi-réussite nous laisse un peu sur notre soif de musique, nous attendons avec hâte le retour de ce superbe orchestre, en espérant que, non content d'assurer (ce qui n'est déjà pas si mal avec un orchestre de ce niveau), cette fois, il nous envoûtera.


Stéphan Vincent-Lancrin

 

 

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