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Le piano dans tous ses états

La Roque
Parc du château de Florans
07/31/2008 -  
Ludwig van Beethoven : Concerto pour piano n° 2, opus 19 – Symphonie n° 4, opus 60

Alexei Volodin (piano)
Orchestra ensemble Kanazawa, Michiyoshi Inoue (direction)



Alexei Volodin (© Andrea Felvégi)



Du 19 juillet au 22 août, La Roque d’Anthéron réunit, comme chaque année, le meilleur du piano: en cinq semaines non stop, plus d’une centaine de concerts confèrent à cet événement une ambition de nature encyclopédique. Rien de scolaire ou de rébarbatif pour autant, car René Martin, directeur artistique du festival depuis sa fondation et inventeur de la «Folle journée» nantaise, dispense un foisonnant Gai savoir, que ce soit dans le parc du château de Florans – ses arbres centenaires, ses cigales, son non moins célèbre tracteur affecté au déplacement des Steinway – ou bien à l’abbaye de Silvacane et dans les sites environnants, au pied du Luberon.


Au travers d’une grande variété de formules, allant bien au-delà du traditionnel concert («Nuit du piano», «Regards sur une œuvre», «Atelier lecture», «Le musée imaginaire des musiciens», «Nuit de la découverte»), une fête du piano, ou, plus exactement, une fête de tous les claviers, où l’orgue, le clavecin, le pianoforte et les musiques électroniques ont également droit de cité. Quant au piano proprement dit, il se décline, pour cette vingt-huitième édition, en récital, duo, musique de chambre, concerto et même jazz, un volet dont la programmation (Herbie Hancock, Brad Mehldau, ...) fait autant rêver que l’affiche «classique»: de A comme Aimard, Anderszewski ou Angelich à Z comme Zacharias ou Zhu Xiao Mei, en passant – entre autres – par Berezovsky, Béroff, Brendel, Ciccolini, Dalberto, Heisser, Lugansky, Pennetier, Luisada, Staier, Tharaud et Volodos, auxquels s’associent les frères Capuçon, Isabelle Faust, Vadim Repin, le Trio Wanderer, le Quatuor Ysaÿe et le Collegium vocale de Gand.


Quatre formations symphoniques sont en outre invitées, chacune donnant aux moins deux programmes avec des solistes différents: après le Philharmonique de l’Oural pour les concertos de Rachmaninov, avant le Sinfonia Varsovia et l’Orchestre de chambre anglais dans Chopin, Mozart et Beethoven, l’Orchestra ensemble Kanazawa, créé en 1988, propose ainsi deux concerts intégralement consacrés à Beethoven. Au lendemain de leur prestation à l’Etang des aulnes (Saint-Martin-de-Crau), où ils ont accompagné Paul Lewis dans le Quatrième concerto puis interprété la Deuxième symphonie, les Japonais se produisent au Château de Florans en reprenant les mêmes nombres, mais en les permutant: Deuxième concerto (1795) puis Quatrième symphonie (1806).


Très décevant au cours d’un récent récital parisien (voir ici), Alexei Volodin utilise ici à bien meilleur escient toute l’étendue de ses moyens techniques, même s’il paraît parfois guetté par la tentation de se contenter d’une pure démonstration de virtuosité. Après un Allegro con brio volontariste et mordant, l’Adagio pèche sans doute par excès d’objectivité et de distance, mais le pianiste russe conclut sur un Rondo dont il s’attache à bien différencier les épisodes successifs. En bis, on n’est pas surpris de le trouver tout autant à son avantage dans le Douzième des treize Préludes de l’Opus 32 (1910) de Rachmaninov.


Après l’entracte, la Quatrième symphonie ne demeurera pas dans les mémoires par sa perfection instrumentale, tant s’en faut. Mais dans l’excellente acoustique offerte par la conque abritant les musiciens, Inoue, déployant une gestuelle très extériorisée, tire tout le parti d’agilité et de mobilité qu’autorise un effectif restreint (vingt-quatre cordes), jouant des effets de dialogue entre premiers et seconds violons qui se font face de part et d’autre de la scène. Une interprétation bien menée et sans faute de goût, incisive, nerveuse et bondissante, mais qui omet curieusement la reprise de l’Allegro vivace initial.


Les deux bis, contribuant à compenser la brièveté du programme, font appel aux seules cordes. Inoue annonce d’abord «une musique de film très bien de Takemitsu»: un extrait de celle qu’il a composée pour Tanin no kao (Le Visage d’un autre) (1966) de Hiroshi Teshigahara, page langoureuse à souhait qui inspire au chef une chorégraphie très démonstrative et qui n’a pas grand-chose à envier à la fameuse valse de Chostakovitch ou à celle de la Sérénade (1880) de Tchaïkovski, sur laquelle s’achève la soirée.


Le site du Festival international de piano de La Roque d’Anthéron
Le site d’Alexei Volodin
Le site de l’Orchestra ensemble Kanazawa



Simon Corley

 

 

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