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Forts en thème(s) Paris Hôtel de Soubise 07/24/2008 - Ludwig van Beethoven : Trio pour clarinette, violoncelle et piano, opus 11
Max Bruch : Pièces pour clarinette, violoncelle et piano, opus 83
Vincent d’Indy : Trio (n° 1) pour clarinette, violoncelle et piano, opus 29
Olivier Patey (clarinette), Christian-Pierre La Marca (violoncelle), Romain Descharmes (piano)
O. Patey C.-P. La Marca R. Descharmes
Clarinette, violoncelle et piano: sans constituer une rareté et encore moins une bizarrerie, l’association demeure relativement peu fréquente. Et ce concert du huitième Festival européen Jeunes talents valait d’autant plus le détour qu’il réunissait trois musiciens aux remarquables états de service: Olivier Patey (né en 1981), deuxième prix au Concours de l’ARD à Munich (2003) et premier prix au Concours Carl Nielsen d’Odense (2005), et Romain Descharmes (né en 1980), premier prix au Concours de Dublin (2006), en compagnie d’un habitué de l’hôtel de Soubise, Christian-Pierre La Marca (né en 1983).
Beethoven a composé deux trios pour clarinette, violoncelle et piano: si le second résulte d’une adaptation du Septuor, le premier (1797) fut en revanche directement écrit pour cette formation (et il en existe une version avec violon, qui n’est autre que le Quatrième trio pour piano et cordes). A la faveur d’un été enfin solidement installé, les nombreux spectateurs rassemblés dans la cour de Guise goûtent à cette musique de plein air – avec ses aléas, une guêpe venant taquiner le violoncelliste – qui est à Beethoven ce que le Trio «des quilles» est à Mozart: un divertissement de qualité, sur un ton badin et spirituel dans les mouvements extrêmes, où s’illustre un piano vif et agile, mais aussi, dans l’Adagio con espressione, une miraculeuse respiration, servie par la qualité des phrasés de la clarinette et du violoncelle.
Les Pièces de l’Opus 83 (1910) de Bruch sont généralement données à la clarinette, à l’alto et au piano, mais des alternatives (violon, violoncelle) sont également prévues pour les deux premiers instruments. Il s’agit là d’une des meilleures inspirations du compositeur allemand, trop souvent cantonné à son Premier concerto pour violon: la mélancolie et le lyrisme évoquent Brahms, impression peut-être renforcée par l’effectif instrumental, qui est exactement celui de son Opus 114, même si l’ombre de Schumann passe également dans l’Allegro vivace, ma non troppo.
Pratiquant à la fois la clarinette et le violoncelle, d’Indy a expressément destiné son (Premier) trio (1887) à ces deux instruments. Sans surprise, l’œuvre se révèle d’obédience franckiste par la générosité de son grand thème cyclique, mais sans que ce modèle ne réfrène une radieuse maîtrise. De grande ampleur (plus de trente-cinq minutes), la forme traditionnelle en quatre mouvements se dissimule derrière des intitulés «à la française», où le «sérieux» alterne avec le «léger»: à la puissante «Ouverture» succède le «Divertissement», coloré par les pizzicati du violoncelle et les fusées de la clarinette et du piano; au «Chant élégiaque», d’une grande simplicité, mélodie de la clarinette, puis du violoncelle, puis des deux instruments réunis, seulement soutenue par quatre accords du piano inlassablement répétés, succède un joyeux «Finale», dont la solide carrure rustique rappelle celui de la Symphonie «Cévenole», achevée l’année précédente.
Même si l’on peut regretter que l’équilibre se fasse parfois au détriment du violoncelle, sans doute celui des trois qui perd le plus à jouer en extérieur, les interprètes remportent un succès mérité dans ces pages difficiles et offrent en bis la Deuxième des Pièces de Bruch. A noter qu’Olivier Patey se produira dès le 24 août prochain en récital au Petit Palais, dans le cadre des concerts gratuits «Génération jeunes interprètes 2008» de Radio France.
Le site de Christian-Pierre La Marca
Le site de Romain Descharmes
Simon Corley
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