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Le faux et l'authentique

La Grave
Eglise Notre-Dame
07/15/2008 -  
Daniel-Lesur : Suite médiévale pour flûte, violon, alto, violoncelle et harpe
Frédéric Pattar : Contrainte du temps, quintette pour harpe, flûte, clarinette, alto, violoncelle
Gérard Grisey : Vortex temporum, pour flûte, clarinette, violon, alto, violoncelle et piano

Ensemble Les Temps modernes : Michel Lavignolle (flûte), Jean-Louis Bergerard (clarinette), Luc Dedreuil (violoncelle), Claire Bernard (violon), Marie-Anne Hovasse (alto), Wilhem Latchoumia (piano), Fabrice Pierre (harpe)


Les Temps modernes (© Jong-Rock Park)


Centenaire oblige – Daniel-Lesur est né en 1908, comme Messiaen, son camarade du groupe Jeune France -, le concert commençait par la Suite médiévale de 1946, fort bien interprétée mais terriblement datée dans son modalisme moyenâgeux sentant plus la fin de siècle poussiéreuse que l’après-guerre aventureux, qui fait penser à certaines musiques de film montrant des divertissements musicaux dans de beaux châteaux forts. C’est du Viollet-Leduc en musique et Daniel-Lesur, compositeur parfois très estimable, a écrit des partitions plus intéressantes.


Commande d’un festival qui fait toute sa place à la création, Contrainte de lumière, quintette pour harpe, flûte (basse), clarinette (basse), alto et violoncelle, de Frédéric Pattar, né en 1969, marque bien davantage. Inspirée de la poésie de Paul Celan, l’œuvre part du thème de L’Offrande musicale, étiré dans ses durées jusqu’à en devenir méconnaissable ; elle confie à la harpe – en l’occurrence celle de Fabrice Pierre, son destinataire - le rôle principal, qu’accompagnent les sonorités parfois très ténues, telles de petites taches lumineuses, des autres instruments. Ebauches de lignes, de rythmes et de sonorités fugaces, à peine perceptibles, la partition se caractérise par le minimalisme et la raréfaction. Le compositeur fait appel à des effets connus, mais il les combine de façon très personnelle et très convaincante, rappelant parfois la démarche de Gérard Pesson, à qui la partition rend hommage sans jamais le plagier. Les Temps modernes ont veillé sur sa création avec un soin et un enthousiasme exemplaires, en particulier Fabrice Pierre, parfait dans son rôle de « colonne vertébrale » de l’ouvrage.


Le harpiste prenait ensuite la baguette pour un éblouissant Vortex temporum de Gérard Grisey, qui n’a rien à envier à celui qu’avait donné, dans le même lieu, l’Ensemble InterContemporain avec Florent Boffard. De toute façon, achevée en 1996, deux ans avant la mort du compositeur à 52 ans, la partition s’affirme désormais comme l’une des plus fortes et des plus fascinantes de la fin du vingtième siècle. Conçu à partir d’un motif de Daphnis et Chloé de Ravel, ce tourbillon - « vortex » -, déferlante de sons, de rythmes et de timbres sans cesse métamorphosés ressemble à une improvisation alors qu’il est développé avec une fabuleuse maîtrise dans ses trois parties, jusqu’au grand passage dévolu au piano solo – dont quatre notes sont accordées au quart de ton inférieur -, sorte de vertigineuse cadence, où Wilhem Latchoumia est d’une virtuosité à couper le souffle. D’une durée de quarante minutes, l’œuvre ne paraît jamais longue, parce qu’elle crée sa propre durée à partir d’un croisement de temps opposés. Les Temps modernes figurent décidément parmi les meilleurs ensembles dévoués à la cause de la musique contemporaine.


Le site de l’ensemble Les Temps modernes



Didier van Moere

 

 

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