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Saint-Riquier

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Un univers n’est pas l’autre

Saint-Riquier
Eglise Saint-Martin d’Oneux
07/16/2008 -  
Franz Liszt : Vallée d’Obermann (Première Année de pèlerinage)
György Ligeti : Musica Ricercata
Béla Bartók : Mikrokosmos, Sz. 107 (extraits)
Franz Schubert : Sonate pour piano n°18, D. 845

Toros Can (piano)


Toros Can (© Mehmet Caglarer)


Le Festival de Saint-Riquier, à la programmation éclectique et profuse, n’oublie pas les pianistes et les clavecinistes. La vingt-quatrième édition, qui se tient du 10 au 19 juillet (voir ici), propose à ce titre trois récitals : après Kenneth Weiss le 12 dans les Variations Goldberg et avant les sœurs Katia et Marielle Labèque le 18 dans un triptyque Debussy / Schubert / Ravel, Toros Can se produit dans la jolie église Saint-Martin d’Oneux dont l’acoustique, pas trop réverbérante, s’avère en définitive plus confortable que les sièges en bois qui n’ont cessé de grincer durant le concert.


Né en Turquie en 1971, lauréat du Troisième Concours international de piano XXe siècle d’Orléans en 1998, Toros Can a étudié au Royal College of Music de Londres ainsi qu’à la Yale University. Il n’est plus un inconnu en France, y compris au Festival de Saint-Riquier où il revient, neuf ans après, dans un programme copieux et intéressant. Mais peut-être aurait-il fallu qu’il se concentre sur des compositeurs hongrois.


Dès la Vallée d’Obermann (1836-1837) de Liszt, tirée de la Première Année de pèlerinage, se révèle une technique remarquable. Particulièrement nourri, le jeu éclaire les audaces d’écriture mais se montre par moments trop dense et serré. Le pianiste introduit lui-même, en anglais, le stupéfiant Musica Ricercata (1951-1953) de Ligeti dont la construction mérite effectivement d’être présentée, même si l’excellent programme de salle (unique pour tous les concerts du festival) offre une explication satisfaisante. Cette œuvre, qui aura semblé familière aux cinéphiles (Stanley Kubrick exploita avec maestria la deuxième pièce dans Eyes Wide Shut), constitue une des rares incursions de Ligeti dans la musique dodécaphonique et sérielle. Au moyen d’un toucher clair, précis et percussif à souhait, Toros Can en rend admirablement les inventions sonores ainsi que le caractère implacable et incisif. Les doigts restent d’une efficacité tout aussi redoutable dans six extraits de Mikrokosmos (1926-1939) de Bartók dont l’association avec la composition précédente est idéale.


La pause aurait sans doute dû être déplacée directement avant la vaste Dix-huitième Sonate (1825) de Schubert, et non suivre les Musica Ricercata. Surlignant le tragique de cette partition, Toros Can peine à entrer dans cet univers, tant sa prestation (trop) physique tend à maltraiter le clavier. Cette musique appelle sans nul doute davantage de pudeur, de tact et de finesse, ainsi que des climats plus homogène et riche. Du Scriabine sera offert en bis à un public venu relativement nombreux.


Le site de Toros Can



Sébastien Foucart

 

 

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