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Vents facétieux

Paris
Hôtel de Soubise
07/16/2008 -  
Henri Dutilleux : Sarabande et Cortège
Maurice Ravel : Prélude – Jeux d’eau
Aram Khatchaturian : Toccata (extrait de la Suite pour piano)
Wolfgang Amadeus Mozart : Sonate pour basson et violoncelle, K. 196c [K. 292]
Claude Debussy : Clair de lune (extrait de la «Suite bergamasque») – L’Isle joyeuse
Camille Saint-Saëns : Sonate pour basson et piano, opus 168

Fredrik Ekdahl (basson), Varduhi Yeritsyan (piano)

               

           Fredrik Ekdahl                         Varduhi Yeritsyan


Suite du «Festival européen Jeunes talents», avec la première rencontre entre Fredrik Ekdahl, second basson solo de l’Orchestre symphonique de la Radio suédoise et membre du quintette à vents royal de Stockholm, et Varduhi Yeritsyan, révélation 2007 de l’Adami. A l’Hôtel de Soubise, leur récital débute par Sarabande et Cortège (1942), court diptyque de Dutilleux, président d’honneur de l’Association Jeunes talents: avec des graves d’une belle rondeur et des aigus bien timbrés, le Suédois tire tout le parti de ce morceau de concours pour montrer également ses aptitudes expressives et virtuoses.


Autre morceau de concours, le très bref Prélude (1913) de Ravel est suivi de ses Jeux d’eau (1901): un véritable torrent, vu la rapidité du tempo et la raideur du jeu de la pianiste française, dont la fougue trouve ensuite bien mieux à s’exprimer dans un salut à sa terre natale, avec la «Toccata», première des trois pièces de la Suite (1932) de Khatchaturian. Au détour d’une biographie exemplairement décalée, «sans aucune exagération ni mensonge», qu’il est vivement recommandé d’aller découvrir, le site de Varduhi Yeritsyan apporte des éclairages nouveaux sur des aspects jusqu’alors inconnus de la carrière du compositeur arménien: «[Aznavourian] raccourcit son nom pour devenir un chanteur célèbre en France. [Khatchaturian] raccourcit son nom pour tenter d’imposer aux Etats-Unis un nouveau genre de sport/spectacle, le Khatch. Hélas, finalement convaincu que ses efforts seraient vains, il céda son idée à un patron de bistrot de Broadway contre une assiette de bortsch. Rentré au pays, il se consacra à l’écriture musicale pour oublier sa déception.»


Le basson – un fagott, au demeurant – défend ensuite du mieux qu’il peut l’adaptation de la Sonate pour basson et violoncelle (1775) de Mozart, une oeuvre à vrai dire assez insignifiante, d’autant que le piano y est par définition réduit à un rôle entièrement subalterne, celui d’une basse continue. De nouveau en solo pour deux pièces de Debussy, la pianiste fait se succéder, comme précédemment dans Ravel et Khatchaturian, la précipitation pour «Clair de lune», extrait de la Suite bergamasque (1890), puis l’enthousiasme pour une Isle joyeuse (1904) tout à fait dynamisante.


Debussy et Saint-Saëns entretenaient des divergences esthétiques aussi bien qu’une inimitié personnelle, mais ils n’en consacrèrent pas moins chacun les dernières années de leur vie à un cycle de sonates marquant, au moins dans la forme sinon dans le langage, le retour à un certain classicisme. En même temps, la Sonate pour basson et piano (1921) de Saint-Saëns évoque parfois étrangement la toute jeune génération d’alors, celle de Poulenc: un régal, en tout état de cause, quand elle est servie techniquement et stylistiquement de façon aussi impeccable, sans compter une étonnante agilité dans la manipulation des pinces à linge qui maintiennent la partition sur le pupitre – lutte entre un vent facétieux et un instrument à vent qui ne l’est pas moins. Trop peu nombreux mais remarquablement motivé et attentif, le public se voit offrir en bis Le Vol du bourdon (1900) de Rimski-Korsakov.


Le site de Varduhi Yeritsyan



Simon Corley

 

 

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