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Un moment fort de la saison 2007-2008

Dresden
Semperoper
06/21/2008 -  et les 24, 27, 30* juin, 3 et 9 juillet 2008

Giuseppe Verdi: Rigoletto

Juan Diego Flórez*/Francesco Demuro (Il Duca di Mantova), Željko Lučić (Rigoletto), Diana Damrau*/Agnete Munk Rasmussen (Gilda), Markus Marquardt/Matthias Henneberg* (il Conte Monterone), Markus Butter/Sangmin Lee* (il Conte Ceprano), Kyung-Hae Kang (la Contessa Ceprano), Matthias Henneberg/Christoph Pohl* (Marullo), Oliver Ringelhahn (Matteo Borsa), Georg Zeppenfeld (Sparafucile), Christa Mayer/Sofi Lorentzen* (Maddalena), Angela Liebold (Giovanna), Lin Lin Fan (il Paggio)


Chœur du Semperoper de Dresde (chef de chœur: Ulrich Paetzholdt), Sächsische Staatskapelle Dresden, Fabio Luisi (direction musicale)


Nikolaus Lehnhoff (mise en scène), Raimund Bauer (décors), Bettina Walter (costumes), Paul Pyant (lumières), Denni Sayers (chorégraphie)


Juan Diego Flórez (© Matthias Creutziger)


Les Allemands se sont vite consolés de la défaite de leur équipe de football contre l’Espagne. Au lendemain de la finale de l’EURO 08, le public du Semperoper de Dresde en tout cas a fait la fête aux artisans de cette nouvelle production de Rigoletto, en acclamant longuement le chef et les trois protagonistes principaux et en n’hésitant pas à lancer des bravos sonores et à taper du pied pour manifester son enthousiasme. Il faut dire que ce spectacle restera comme une réussite incontestable sur tous les plans (chant, musique et mise en scène), chose plutôt rare à l’opéra aujourd’hui. Ce qui, sur le papier du moins, ne devait être qu’une soirée prétexte à la mise en valeur d’une star (le ténor Juan Diego Florez ) s’est finalement révélé un moment fort de la saison lyrique 2007-2008 qui s’achève.


Il est vrai que le vénérable Semperoper de Dresde a frappé un grand coup en s’assurant la toute première apparition de Juan Diego Florez sur une scène lyrique allemande. Et d’ailleurs, parmi les spectateurs, beaucoup n’étaient là rien que pour lui. Alors, même si la voix manque de couleurs et d’expressivité, même si, scéniquement, il n’est pas le Duc de Mantoue mais le ténor qui enfile coup sur coup ses airs de bravoure, qu’importe, tant la présence est charismatique, la technique tout simplement parfaite, les accents juvéniles et les aigus rayonnants, lancés avec une désinvolture désarmante. Globalement, cette apparition dans un rôle hors de son répertoire traditionnel est un succès. En Gilda, Diana Damrau a ébloui le public avec des vocalises époustouflantes et des pianissimi exquis, presque inaudibles, comme venus d’ailleurs. Scéniquement, elle a cherché à rendre de l’épaisseur à son personnage, qui n’était pas ici une jeune fille naïve, mais une femme sachant ce qu’elle fait et ce qu’elle veut. La dernière scène, lorsque – au mépris de toute logique néanmoins – elle sort de son sac pour se poser derrière son père, comme un ange protecteur, était forte en émotions. Mais le grand triomphateur de la soirée a été Željko Lučić en Rigoletto. La voix est somptueuse et expressive, puissante et bien timbrée, avec un superbe legato. Le personnage est aussi très bien caractérisé, capable d’une large palette d’expressions. La prise de rôle s’est révélée un coup de maître, et le baryton fait désormais partie des chanteurs à suivre de très près.


Nikolaus Lenhoff signe une mise en scène particulièrement aboutie, qui ouvre des perspectives nouvelles sur l’œuvre, mais sans jamais en dénaturer l’esprit. Le premier acte donne le ton, avec un cube noir enveloppant d’une atmosphère froide et claustrophobe la demeure du Duc, remplie de courtisans à la tête d’oiseau, comme une sorte de basse-cour bruyante. Et d’ailleurs, lorsque, à la fin du deuxième acte, Rigoletto crie sa douleur d’avoir perdu sa fille, ne peut-on pas imaginer qu’il a en face de lui des vautours? Au début du deuxième acte, la chambre de Gilda est située quelques mètres au-dessus de la scène, preuve que le bouffon veut maintenir sa fille hors de tout contact avec la réalité. Et lorsqu’il pénètre dans la pièce après l’enlèvement, des barres de fer descendant des cintres transforment symboliquement le lieu en prison. Autre élément intéressant: pendant le célèbre quatuor Bella figlia del amore du dernier tableau, le duc ne s’adresse pas à Maddalena mais croit revoir en rêve Gilda, comme s’il l’aimait profondément. Dans la fosse, Fabio Luisi, comme à son habitude, a tendance à privilégier les fortissimi et les effets faciles. Mais, contrairement à certaines représentations très routinières qu’il a dirigées ces derniers temps, il réussit cette fois à ne pas exclure les autres nuances, pour faire de ce Rigoletto un modèle de dynamique et de tension dramatique. Dresde a décidément eu la main heureuse dans le choix du chef, du metteur en scène et des chanteurs.



Claudio Poloni

 

 

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