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Une cour pour les Atrium

Paris
Hôtel de Soubise
07/04/2008 -  
Alexandre Borodine : Quatuor n° 1
Dimitri Chostakovitch : Quatuor n° 7, opus 108
Piotr Ilyitch Tchaïkovski : Quatuor n° 3, opus 30

Quatuor Atrium: Alexey Naumenko, Anton Ilyunin (violon), Dmitry Pitulko (alto), Anna Gorelova (violoncelle)


Le Quatuor Atrium (© Maria Budtova)



Le qualificatif qui vient immédiatement à l’esprit pour définir la vie musicale à Paris pendant la période estivale est «désertique». Mais ce milieu hostile ne saurait rebuter le cactus, celui qu’évoque comme de coutume l’affiche du Festival «Jeunes talents», fidèle au manche de violon d’un vert éclatant, orné de ses chevilles et crânement planté dans un pot de fleurs. Parrainée par Frédéric Lodéon, la huitième édition offre jusqu’au 27 juillet, sous la direction artistique de Laurent Bureau, une programmation toujours aussi remarquable, avec une succession de «jeunes talents» parfois déjà très confirmés, comme la mezzo Isabelle Druet, qui a remporté le deuxième prix au Concours Reine Elisabeth le mois dernier. Un festival qui continue de se proclamer «européen», car les musiciens, venus du monde entier, ont étudié (ou continuent de le faire) à Paris et à Lyon aussi bien qu’à Belgrade, Bruxelles, Göteborg, Moscou, Munich, Salzbourg, Saint-Pétersbourg ou Vienne.


Dix-neuf concerts se tiennent à l’Hôtel de Soubise (Archives nationales), à 20 heures du mercredi au samedi et à 18 heures le dimanche, en plein air si le temps le permet: préservée des rumeurs de la ville, sinon des cloches des églises avoisinantes, la cour de Guise offre une acoustique étonnamment confortable; le son ne s’étiole pas comme c’est trop souvent le cas en extérieur, mais bénéficie au contraire d’une belle amplification, à laquelle on pourra même trouver quelquefois un caractère un peu trop réverbéré. Une solution de repli étant prévue dans la chambre du prince et le salon ovale attenant, où se tiennent les manifestations de l’Association «Jeunes talents» durant l’année, aucune annulation n’est donc à craindre, quelle que soit la météorologie.


Les répétitions publiques gratuites de 12 heures 30, le «piano à palabres» de Stephanos Thomopoulos, qui, à 19 heures, présente le programme de la soirée, et les journées «découverte musicale» à destination des centres scolaires de la ville de Paris ont été reconduits, la principale innovation consistant en trois concerts à entrée libre dans les parcs et jardins parisiens (Soubise, Luxembourg et Belleville) le dimanche à 16 heures. Une façon d’aller à la rencontre d’un public qui, pour l’heure et à l’image de ce deuxième concert, n’a pas répondu aussi massivement présent qu’on aurait pu l’espérer, au vu des tarifs raisonnables (de 5 à 20 euros) pratiqués par le festival et de la qualité des artistes qui s’y produisent.


Car outre que le Quatuor Atrium, formé en 2000 au conservatoire de Saint-Pétersbourg possède un nom prédestiné pour jouer dans une cour intérieure, il a remporté dès 2003 le premier grand prix du Concours de Londres et, voici tout juste un an, le premier grand prix du Concours de Bordeaux (voir ici, ici et ici). Ayant choisi cette musique russe dans laquelle il excelle, il débute avec le Premier quatuor (1879) de Borodine: plus prolixe que le célèbre Second, l’œuvre n’en séduit pas moins par son lyrisme, son charme et sa candeur, défendus avec fougue et finesse par les Atrium. Ceux-ci n’ont rien perdu de leur cohésion et de leur technique, sollicitées notamment dans l’un de ces redoutables scherzos mendelssohniens dont le compositeur avait le secret, avec sa partie centrale en immatérielles harmoniques.


Parmi les prix qu’ils ont obtenus au Concours de Bordeaux, celui du «Mécénat musical Société générale» leur a permis d’enregistrer un disque chez Zig Zag Territoires, comprenant le Cinquième quatuor de Chostakovitch (voir ici). Mais ils ont opté ici pour le Septième (1960): partition concise et ironique à laquelle ils confèrent une expression plus extérieure qu’à l’habitude, comme en écho à l’esthétique de Tchaïkovski, avec lequel ils avaient fait sensation à Bordeaux. C’était dans le Deuxième quatuor, mais dans le Troisième (1876), leur adéquation stylistique n’est pas moins saisissante: une interprétation très complète, sans extravagance ni excès, une solidité d’un parfait professionnalisme et un niveau instrumental très élevé. Nés en 1978 et 1979, les membres du Quatuor Atrium n’ont pas encore tous atteint la trentaine: ils ont donc tout le temps de faire preuve de leur capacité à investir avec autant de naturel et de pertinence d’autres répertoires.


Le site du Festival européen Jeunes talents
Le site du Quatuor Atrium



Simon Corley

 

 

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