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José contre Carmen

Paris
Opéra Bastille
01/18/1999 -  
Georges Bizet : Carmen
Opéra National de Paris-Bastille
18, 20, 23, 26, 30 janvier, 2, 5, 9 février
Béatrice Uria-Monzon (Carmen), Leontina Vaduva (Micaëla), Andrea Creighton (Frasquita), Sophie Koch (Mercedes), José Cura (José), Franck Ferrari (Escamillo), Franck Leguérinel (Dancaïre), Gilles Ragon (Remendado), Fréderic Caton (Zuniga), LeRoy Villanueva (Morales)
Alfredo Arias (mise en scène), Roberto Platé (décors), Françoise Tournafond (costumes), Jacques rouveyrollis (lumières), Ana Yepes (chorégraphie)
Choeurs et Orchestre de l'Opéra National de Paris, Bertrand de Billy (direction)

Opéra-Comique
29, 30, 31 janvier, 2, 3, 4, 5, 6, 7, 8 février
Katarina Karneus (Carmen), Sandra Zeltzer (Micaëla), Jaël Azzaretti (Frasquita), Patricia Fernandez (Mercedes), Antonio Nagore (José), Ludovic Tézier ( Escamillo), Vincent Otrdonneau (Remendado), Frederic Goncalves (Dancaïre), Emidio Guidotti (Zuniga), Olivier Heyte (Morales)
Louis Erlo (mise en scène), Bernard Michel (décors), Françoise Chevalier (costumes), Didier Girard (lumières)
Maîtrise des Hauts-de-Seine, Choeurs de l'Opéra-Comique, Ensemble Orchestral de Paris, Lawrence Foster (direction)

José as José, c'est évidemment l'atout majeur de cette reprise à Bastille. Comme la première fois s'impose l'évidence d'une voix large, au médium riche, à l'aigu un peu induré mais puissant, de ce phrasé généreux qui fait oublier le manque de nuances (le si bémol de l'air est bien entendu chanté toutes voiles dehors), de cette présence électrique. A Favart, on retrouve la cigarière unique de Katarina Karneus : la tenue en scène n'a pas la magie d'une Harries (la Carmen la plus injustement méconnue de cette décennie), mais la voix, le chant, la diction renouent avec une école qu'on croyait disparue. Timbre clair, sopranisant, grave velouté et musical, aigu vibrant, à elle les piani, les trilles, les lignes onctueuses (en dépit d'articulations rythmiques un peu molles), l'intelligence du texte - cet air des cartes !

Ce couple rêvé aurait-il pu se rencontrer ? Domingo et Berganza l'avaient bien fait… Non pas que leurs partenaires déméritent absolument, mais ils nous ramènent à une respectable routine. A Bastille, une Uria-Monzon ce soir en méforme mâchouille son texte et expose les carences de son registre grave, goudronneux et engorgé, ses manières musicales rudimentaires, l'indifférence de l'incarnation malgré la beauté de la plastique. Escamillo au petit pied, mais Micaëla frêle, lumineuse (tant pis pour le legato) et évidemment attendrissante de Vaduva. Excellents seconds rôles avec un très joli couple Frasquita - Mercedes (Creighton et Koch), ce qui n'est pas si facile à réussir. L'équipe de l'Opéra-Comique est avantagée par l'acoustique "naturelle" de l'oeuvre ; le José fin musicien, bien que fragile d'aigu d'Antonio Nagore en profite (le piano sur le si bémol est au moins tenté), tout comme l'Escamillo de Ludovic Tézier, au timbre joliment équilibré mais à l'intonation souvent douteuse. La Micaëla de Sandra Zeltzer déploie bizarrement une couleur de base plus sombre que sa Carmen (ce qui n'est pas forcément incohérent) gâchée par un chant rustique au vibrato prononcé. Les seconds rôles masculins compensent leurs limites en jouant à fond la carte du théâtre en musique, les deux gitanes (Azzaretti et Fernandez) sont là encore exemplaires. Lawrence Foster traîne un Ensemble Orchestral de Paris toujours aussi anarchique de tenue et mal dégrossi de son, mais construit avec une vitalité remarquable sa narration : tempos intelligents, nuances soignées, souci des chanteurs ; il est deux passages où l'on reconnaît les grands chefs dans Carmen : le quintette des contrebandiers et les espagnolades du début du IV. A l'inverse, et avec un orchestre infiniment supérieur, Bertrand de Billy se contente de garder l'oeil sur le métronome dans la fosse en accumulant les décalages avec le plateau. Ceux pour qui la régularité tient lieu de talent apprécieront ; il n'en est pas moins aisé de repérer un mauvais chef dans Carmen : c'est celui qui parvient à vider de sa substance expressive une page aussi spontanément dramatique que le duo final en coupant les ailes des cordes. Qu'ajouter sur les productions ? Celle de Louis Erlo, dans son abstraction économique, paraît toujours aussi plate, tandis que passée l'immense déception que suscita lors de la création une direction d'acteurs au minimum syndical, celle d'Arias (ou plutôt celle de Platé, Tournafond et Rouveyrollis) séduit par l'extrême beauté de ses ambiances à la Goya. Mais, chacun de leur côté, on avait José, on avait Carmen ; ce n'est pas tous les jours, finalement…



Vincent Agrech

 

 

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