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Présence(s) capitale(s) Paris Cité de la musique 05/09/2008 - Yan Maresz : Silhouettes
György Ligeti : Melodien
Edith Canat de Chizy : Suite de la nuit
Magnus Lindberg : Counter phrases (création française) – Bubo bubo – Coyote blues
Maîtrise de Radio France, Morgan Jourdain (direction), Orchestre philharmonique de Radio France, Pierre-André Valade (direction)
Il faut parfois savoir faire contre mauvaise fortune bon cœur: la vaste opération de rénovation de la Maison de la radio a ainsi contraint Présences, le «festival de création musicale de Radio France», à trouver une nouvelle formule. C’est la déconcentration culturelle qui bénéficie de ce changement: après tout, au cours des précédentes éditions du festival, les orchestres de région étaient régulièrement à l’affiche, alors pourquoi les formations de Radio France n’emprunteraient-elles pas le chemin inverse, d’autant que la capitale n’est pas la ville de France la plus défavorisée dans le domaine contemporain?
Les trois premiers week-ends de Présences 2007-2008 se sont donc tenus à Lille (septembre), puis à Montpellier (décembre) et à Toulouse (janvier). Mais – Paris sera toujours Paris – après «Présences Electronique» fin mars à l’auditorium Olivier Messiaen, il revenait à la Cité de la musique d’accueillir le dernier week-end, même si ce retour se fait par la petite porte, entre le 8 Mai et la Pentecôte. Maigre soirée inaugurale, également, confiée au Philharmonique de Radio France – qui se partage, avec le Sinfonietta de Tokyo, les quatre concerts, tous à entrée libre comme de coutume: un programme hybride, d’une remarquable brièveté (moins d’une heure de musique), à la seconde partie entièrement modifiée par rapport à ce qui avait été annoncé en début de saison et ne comprenant aucune première, mais simplement six minutes d’une création française...
De plain-pied et en formation de chambre, le Philhar’, placé pour l’occasion sous la baguette de Pierre-André Valade, débute par les Silhouettes (2005) pour cordes de Yan Maresz (né en 1966), écrites pour la Chambre philharmonique d’Emmanuel Krivine (voir ici): moins fantomatiques que leur titre ne le laisserait supposer, ces onze minutes d’un seul tenant cultivent une agitation brillante, à base de répétitions et de décalages rythmiques.
Après cette «évocation d’une mémoire des formes», Melodien (1971) offrait un enchaînement logique, non seulement parce que Ligeti a composé cette pièce pour le cinq centième anniversaire de la naissance de Dürer, mais parce qu’elles traduisent, l’une comme l’autre, dans un langage flirtant parfois d’assez près avec la consonance, la recherche d’une continuité du discours, bien que le Hongrois, avec son ironie habituelle, invite l’auditeur à chercher d’improbables «mélodies» peinant souvent à percer le halo contrapuntique qui les entoure. Une partition que Valade fait, à juste titre, acclamer par le public.
Suite de la nuit (2005/2007) d’Edith Canat de Chizy a connu plusieurs états successifs: chœur d’enfants et sextuor à cordes, chœur a cappella et, à la demande du regretté Toni Ramon, chœur d’enfants a cappella: sous la direction de Morgan Jourdain, la Maîtrise de Radio France se tire remarquablement d’affaire dans cette œuvre d’une mise en place pourtant difficile, adoptant la structure d’une suite instrumentale (en six parties) sur un poème (Noche) de Garcia Lorca.
Aux côtés de neuf autres compositeurs, Magnus Lindberg a apporté sa contribution à Counter phrases (2003), série de dix courts-métrages réalisés par le musicien et cinéaste Thierry De Mey avec la chorégraphe Anne Teresa De Keersmaeker et sa compagnie Rosas: destinée à un ensemble (à l’origine, les Belges d’Ictus) coloré avec éclat par les deux pianos et la percussion, cette brève page, ici en création française, ne laissera pas un souvenir impérissable. Avec Bubo bubo (2002), encore plus bref mais pour un effectif un peu plus fourni, on est tenté de dire qu’après le cinéma, c’est le tour du dessin animé: la notice précise que ces quatre minutes typiques du Finlandais, tant par leur tempérament hyperactif que par le choral conclusif, sont fondées «sur deux citations de l’une des œuvres les mieux connues d’Oliver Knussen, l’une des citations étant elle-même un emprunt réalisé par Knussen», mais la perplexité s’accroît lorsqu’on se souvient que «bubo bubo» n’est autre que le nom du grand-duc de nos forêts. Après ces fonds de tiroirs, Coyote blues (1993) – plus long que les deux précédents réunis mais, avant tout, autrement plus dense et moins anecdotique – permet de retrouver l’écriture foisonnante et énergique du plus authentique Lindberg.
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Simon Corley
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