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En marge

Paris
Théâtre des Champs-Elysées
05/06/2008 -  
Zoltan Kodaly : Soir d’été
Felix Mendelssohn : Concerto pour violon et piano
Luigi Cherubini : Symphonie en ré

Fanny Clamagirand (violon), Jean-Frédéric Neuburger (piano)
Ensemble orchestral de Paris, Juraj Valcuha (direction)


L’Ensemble orchestral de Paris a fait le pari d’associer trois œuvres occupant une position assez marginale dans la production de leurs compositeurs respectifs. Comme le manque d’originalité des organisateurs de concerts est trop souvent à déplorer, une telle initiative, qui, entre deux «ponts» du mois de mai, n’a attiré qu’une maigre affluence au Théâtre des Champs-Elysées, ne peut être que saluée, même si le programme tend à démontrer qu’au lieu des partitions secondaires de compositeurs célèbres, il vaudrait sans doute mieux privilégier les chefs-d’œuvre de compositeurs moins connus...


En harmonie avec la météorologie quasi estivale dont bénéficie actuellement la capitale, Soir d’été (1906) montre le jeune Kodaly hésitant, comme son ami Bartok, entre Strauss et Debussy tout en s’inspirant du folklore de son pays, encore que la couleur locale semble bien moins authentique qu’elle ne le sera, moins de dix ans plus tard, dans sa Sonate pour violoncelle seul. Mais il éprouvait sans doute de l’affection pour ce poème symphonique pour orchestre de chambre, qui lui permit d’obtenir une bourse pour aller étudier à Paris et dont il effectua une révision en 1929. Dans un climat de félicité radieuse qu’aucun nuage ne semble menacer, à l’image de la Seconde rhapsodie d’Enesco, ce grand quart d’heure de musique se laisse savourer avec plaisir, d’autant que le chef slovaque Juraj Valcuha obtient des musiciens une souplesse et un moelleux insoupçonnés.


Parmi les concertos de Mendelssohn, celui pour violon et, à un degré moindre, les deux pour piano se sont imposés, mais à l’âge de quinze ans, il comptait déjà à son actif cinq autres concertos, dont un Concerto pour violon et piano (1823). La formation est rare – Mozart y avait songé en 1778, ne laissant qu’un mouvement inachevé, et l’on ne voit guère que celui de Martinu (1953) qui se soit fort relativement inscrit au répertoire. A vrai dire, seule cette rareté justifie l’intérêt que l’on peut porter aujourd’hui à un bavardage (près de quarante minutes, dont vingt pour le seul Allegro initial) aussi creux que composite, révélant l’influence de Bach et Mozart, bien sûr, mais aussi certains italianismes, et se bornant à enchaîner, entre gammes et arpèges, des thèmes qui retombent à plat, à l’exception de celui qui ouvre l’Allegro molto final. Bref, ne perce pas encore ici ce qui fera, pourtant seulement deux ans plus tard, le miracle de l’Octuor.


Au-delà de ces faiblesses qu’il est aisé de pardonner à un prodige âgé de quatorze ans seulement, l’interprétation met en lumière l’une des raisons pour lesquelles le genre a sans doute été si peu cultivé, le déséquilibre entre le piano et le violon, accentué par les personnalités des solistes: Jean-Frédéric Neuburger, volontiers puissant et conquérant, et Fanny Clamagirand, plus réservée et manquant encore de puissance. Le bis n’apporte pas davantage de réconfort, l’adaptation de la Sicilienne extraite de la musique de scène pour Pelléas et Mélisande (1898) de Fauré étant ici donnée avec une langueur salonarde et une intonation pas toujours irréprochable.


A la fin de sa vie, suivant l’exemple de son maître Haydn, Beethoven avait projeté d’écrire une symphonie pour la Société philharmonique de Londres, à laquelle, dès 1815, Cherubini avait destiné son unique Symphonie. Mais point de Haydn – si l’effectif et la forme sont indéniablement classiques, les affects et les modulations trahissent la période romantique – ni de Beethoven – qui avait alors achevé ses huit premières symphonies –, ici, c’est plutôt le premier Schubert qui vient à l’esprit. Point de révélation fracassante non plus chez celui qui, s’étant jusqu’alors dévoué à l’opéra et à la musique religieuse, allait devenir quelques années plus tard directeur du Conservatoire de Paris en même temps que la tête de turc du jeune Berlioz, mais quatre mouvements qui, malgré la baguette parfois trop raide de Valcuha, tiennent leur rang aux côtés d’éminentes symphonies isolées, également en , composées à la même époque (Arriaga, Vorisek). Le Minuetto frappe tout particulièrement: bien enlevé quoique marqué Allegro non tanto, d’ailleurs interrompu par un Trio central qui tient davantage d’un scherzo que d’un menuet, il multiplie les surprises rythmiques comme pour décourager d’éventuels danseurs.


Le site de Fanny Clamagirand



Simon Corley

 

 

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