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Splendeurs orchestrales

Bruxelles
Bozar, Salle Henry Le Bœuf
05/06/2008 -  et 30 avril 2008 (London)
Béla Bartók : Concerto pour deux pianos et orchestre, BB 121
Arnold Schönberg : Cinq Pièces pour orchestre, opus 16
Igor Stravinsky : Chant du Rossignol
Pierre Boulez : Notations (N°I, VII, IV, III et II)

Pierre-Laurent Aimard, Tamara Stefanovich (piano)
London Symphony Orchestra, Pierre Boulez (direction)



Après s’être produit en mars dernier avec l’Ensemble Intercontemporain dans un couplage Mozart/Berg particulièrement original, Pierre Boulez revient à Bruxelles pour deux soirées consécutives (6 et 7 mai) à la tête, cette fois-ci, du London Symphony Orchestra. Ces concerts de prestige s’inscrivent dans le cadre du cycle Bozar 80 ans : quatre-vingts manifestations célébrant le quatre-vingtième anniversaire de l’inauguration du Palais des Beaux-Arts. Pour sa part, à quatre-vingt-trois ans, le chef d’orchestre et compositeur français reste toujours autant attaché à ses classiques favoris, dans la mesure où le programme se concentre sur trois compositeurs majeurs du XXe siècle dans lesquels il s’est maintes fois illustré, tant au concert qu’au disque (Bartók, Schönberg et Stravinsky). Matthias Pintscher (Osiris, donné lors du second concert) et Boulez lui-même complètent l’affiche.


Petit incident dès l’entame du Concerto pour deux pianos et orchestre (1940) de Bartók. Une malencontreuse sonnerie de téléphone portable incite Pierre Boulez, quelque peu irrité, à reprendre les premières mesures ; malgré cette incorrection, la qualité d’écoute manifestée par le public reste appréciable. Aux pianos, présentés couvercle fermé, un duo parfait : Pierre-Laurent Aimard, une vieille connaissance du chef puisqu’il fut premier pianiste solo de l’Ensemble Intercontemporain à l’âge de dix-neuf ans, et une élève de ce dernier, Tamara Stefanovich. Difficile de formuler le moindre reproche à cette prestation d’une réjouissante précision, et ce tant à l’encontre des solistes, en symbiose avec les deux percussionnistes, que de l’orchestre, aux cordes d’une régularité saisissante. Les proportions sont minutieusement calculées, le son amoureusement sculpté, les angles saillants et les climats rendus avec science (Lento, ma non troppo).


La force de frappe de l’orchestre, se comportant telle une gigantesque formation de chambre, s’avère tout aussi sensationnelle dans les Cinq Pièces pour orchestre (1909) de Schönberg, moment essentiel de la modernité en musique. Les détails ressortent avec acuité tandis que la puissance expressive, qui ne se fait pas désirer, s’exprime grâce à des attaques et des crescendos d’une redoutable efficacité, sans compter que les contrastes, balancés entre violence éruptive et nostalgie, sont remarquablement mis en valeur.


Avec Boulez, dont la maîtrise de l’orchestre fascine décidément au plus haut point, le Chant du rossignol (1917) ne confine jamais à la pure et froide démonstration, quand bien même la petite harmonie (flûte solo) et les cuivres, en particulier les trombones et les trompettes, témoignent d’une admirable précision. Les interventions des vents, à l’image de l’interprétation toute entière, séduisent par leur raffinement et leur présence tandis que l’ensemble sonne avec une poésie et un lyrisme admirables.


Les Notations (1980/1997), work in progress pour (très) grand orchestre de Boulez, avaient déjà fait forte impression en ce début de saison à Pleyel, et c’est également le cas ici. Une conclusion idéale, tant ce somptueux et sophistiqué travail de composition effectué sur douze pièces pour piano écrites en 1945 soulève l’enthousiasme. Leur immense pouvoir de séduction et la haute virtuosité qu’elles requièrent y participent pour beaucoup. De multiples écoutes paraissent à peine suffisantes pour en épuiser la richesse, à l’instar de la spectaculaire Notation II, reprise en bis. Cette partition éminemment sensuelle, et dans laquelle aucune note ne semble se trouver là par hasard, possède les qualités requises pour passer à la postérité. Et tord le cou à ceux qui nourriraient encore des préjugés négatifs sur la musique de cette immense personnalité artistique.


Le site du London Symphony Orchestra





Sébastien Foucart

 

 

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