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Le retour des héros du festival

Normandie
Deauville (Salle Elie de Brignac)
05/03/2008 -  
Richard Strauss: Sonatine n° 2 pour seize instruments à vent «L’Atelier joyeux» (extrait) (*) – Métamorphoses (#)
Arnold Schönberg: Symphonie de chambre n° 1, opus 9 (+)
Johannes Brahms: Trio pour piano, violon et violoncelle n° 3 en ut mineur, opus 101 (&)

Ensemble Initium (*), L’Atelier de musique (#), Matthew Trusler, Amaury Coeytaux (violon), Arnaud Thorette (alto), Fabrice Bihan (violoncelle),Yann Dubost (contrebasse), Edouard Sabo (flûte), Guillaume Deshayes (hautbois), Armel Descotte (cor anglais), Nicolas Ferré, Florent Charpentier (clarinette), François Lemoine (clarinette basse), Batiste Arcaix (basson), Melody Michel (contrebasson), Julien Desplanque, Stéphane Bridoux (cor) (+), Jérôme Ducros (piano), Matthew Trusler (violon), Jérôme Pernoo (violoncelle) (&), Peter Asch (direction) (# +)


Le huitième et dernier concert du festival de Pâques de Deauville était articulé autour d’un programme particulièrement ambitieux et dépassant clairement – au moins pour trois des quatre œuvres du programme – les limites de la musique de chambre, laquelle fait pourtant tout l’intérêt du festival. Il s’agissait essentiellement, à vrai dire, de rassembler les solistes qui avaient animé les soirées précédentes et ce dans des œuvres orchestrales de petit format. Mais il s’avéra que l’absence de chef était par trop problématique pour les principales inscrites au programme. Aussi fit-on appel pour celles-ci au chef américain mais installé au Royaume-Uni, Peter Asch.


Le journaliste et écrivain Benoît Duteurtre, bien connu des auditeurs de France Musique, qui enregistrait le concert comme les précédents, fut chargé de son côté, après les remerciements du directeur artistique du festival, Yves Petit de Voize, adressés à tout ceux qui avaient permis le succès de l’édition 2008, de présenter le programme au public venu plus nombreux qu’auparavant. Il se lança dans un surprenant plaidoyer en faveur de Richard Strauss, comme si sa cause devait être particulièrement défendue et si, surtout, des trois compositeurs à l’affiche à Deauville, il était celui dont la réputation méritait le plus de pédagogie. Il l’opposa à son contemporain, Gustav Mahler, en fait légèrement plus âgé, mais à peine à l’autre post-romantique et post-wagnérien du programme qu’était Schönberg, simplement de dix ans son cadet. Il insista sur la légèreté et la gaîté des oeuvres de Strauss, semblant vouloir presque faire passer l’auteur de Macbeth, Don Juan, Mort et transfiguration et Ainsi parlait Zarathoustra comme un compositeur d’opérette ou de music hall.


Il est vrai que la première œuvre du programme, l’Allegro con brio de l’Atelier joyeux (1945) ne nécessite pas de se prendre la tête entre les mains. Le charmant babillage fut d’ailleurs mené, malgré quelques menus problèmes d’ajustements, par des instrumentistes du jeune ensemble Initium, créé en 2005, d’égale valeur et démontrant au total une parfaite homogénéité.


La Première symphonie de chambre de Schönberg, œuvre charnière, était autrement plus complexe. On a du mal d’ailleurs à concevoir qu’on ait pu envisager d’interpréter, dans leur version originale créée en 1907, ses quatre parties d’un seul tenant, d’une richesse harmonique et d’une audace prémonitoires, sans chef. La qualité des instrumentistes et la direction de Peter Asch permirent en tout cas d’en apprécier toute la tension et la puissance imaginative.


Seul le premier violon de l’ensemble fit le lien avec l’oeuvre suivante, sans rapport aucun mais constituant une sorte de pause après la pause, puisque Matthew Trusler, doté d’un superbe vibrato, interpréta le Troisième trio pour piano (1886) de Brahms en compagnie de deux des fondateurs du festival, Jérôme Ducros et Jérôme Pernoo, d’entente parfaite. Dans le Presto non assai, le piano se fit nettement plus clair que dans le mouvement précédent et sut pleinement participer au charme, proche de celui des Ballades, déployé par les cordes avec sourdines. On en vint presque à regretter qu’à l’interprétation exemplaire de l’intimité du trio succède les Métamorphoses (1946) de Strauss, œuvre de toute autre dimension et projet.


L’ultime partition orchestrale du compositeur et superbe poème symphonique consacré aux seules cordes, un peu hors du temps, fut interprété par un ensemble – L’Atelier de musique, constitué pour l’occasion – où chacun des vingt-trois instrumentistes eut l’occasion d’exprimer son vigoureux talent, notamment à nouveau Matthew Trusler, mais manquant peut-être de la tension qui sied à cette ample œuvre crépusculaire.


Le bis devait permettre de réentendre, en compagnie de L’Atelier de musique et de Jérôme Pernoo arrivé in extremis, les vents du festival et laisser le public sur d’autres impressions. Une adaptation de l’une des valses du Chevalier à la rose du même Richard Strauss permit en effet de donner un sens au ballet de pupitres et de chaises qui précéda les Métamorphoses, donc d’éviter, en occupant les nombreuses chaises vides, d’être confronté à une scène rappelant étrangement Les Chaises d’Eugène Ionesco, et d’entendre une somptueuse orchestration typiquement straussienne suffisamment brillante et roborative pour attendre avec impatience la treizième édition du festival en 2009.


Il reste à espérer que l’an prochain, les problèmes de billetterie seront définitivement réglés et qu’une politique de communication plus claire et moins artisanale – à quand un site Internet ? – permettra à un plus large public – notamment aux jeunes – d’assister aux concerts tant ceux-ci le méritent.



Stéphane Guy

 

 

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