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Opéra de chambre

Normandie
Deauville (Salle Elie de Brignac)
04/20/2008 -  
Maurice Ravel: L’Enfant et les sortilèges

Gaëlle Arquez, Céline Victores-Benavente, Delphine Cade, Julia Wischniewski (sopranos), Tomomi Mochizuki (mezzo-soprano), Jean-Gabriel Saint-Martin (baryton), Geoffroy Buffière, (baryton-basse), David Ghilardi (ténor)
Marion Ralincourt (flûte), Hélène Latour (violoncelle), Jeff Cohen et Philippe Biros (piano)


On retrouve toujours avec plaisir le Festival de Pâques de Deauville. Sa douzième édition ne correspond en rien cette année à la période de Pâques mais joue très habilement avec les congés scolaires parisiens et les ponts du début mai. On n’en regrettera que plus l’assistance trop modeste du deuxième concert de la série de huit offerts cette année. Prix dissuasifs, billetterie toujours aussi mystérieuse (location impossible aux guichets de la FNAC, lieux de vente fluctuants à Deauville) ou premiers rayons de soleil d’après-midi d’un printemps automnal poussant plus à fréquenter les célèbres planches que le havre de paix que constitue, non loin de l’hippodrome, la salle des ventes de yearlings Elie de Brignac située au milieu des box de chevaux, abondonnés en cette saison, ou encore discrétion de ladite salle de bois utilisée dans l’attente de l’achèvement de l’auditorium en construction à l’entrée de la ville ? Peut-être tout cela à la fois, sachant que le sondage effectué auprès des festivaliers par Francefestivals ne donnera probablement pas la réponse des absents.


Il s’agissait pourtant d’une superbe interprétation d’une oeuvre tout public à savoir de L’Enfant et les sortilèges (1925) de Maurice Ravel. Sobrement mis en scène – un simple tapis suffisant à symboliser le terrain de jeu de l’affreux gamin et deux grandes plantes vertes l’inquiétant jardin – et bénéficiant d’une fine réduction de l’orchestre à trois instruments (piano à quatre mains, flûte et violoncelle) due à Didier Puntos en renforçant le charme à défaut de souligner, par définition, la puissance de ses moments terrifiants, ses différents tableaux évoquaient plus le monde des mélodies des Histoires naturelles que celui de l’opéra.


Evidemment, la qualité de la diction, ici comme dans maintes œuvres du répertoire français, est absolument essentielle, au moins aux oreilles des francophones. Gaëlle Arquez, dans le rôle de l’enfant, fut de ce point de vue vraiment remarquable. Sa vivacité, parfaitement accompagnée par un duo de pianistes imposant des tempi plutôt rapides et éclipsant souvent flûte et violoncelle pourtant impeccables, rendit de façon exemplaire toute l’espièglerie du personnage tandis que Céline Victores–Benavente, dans le rôle du feu, de la princesse et du rossignol, montra une voix aussi souple et virtuose que puissante mais manquant trop de clarté, à l’instar de Tomomi Mochizuki dans le rôle de la mère, quasiment incompréhensible malgré un prix Bernac à l’Académie Ravel. Geoffroy Buffière de son côté, tantôt fauteuil et arbre, allia quant à lui les deux qualités. Si les attaques de la danse pastourelle, rappelant l’origine de L’Enfant et les sortilèges – ballet avant de devenir fantaisie lyrique sur un livret de Colette –, furent parfois peu nettes, l’implacable leçon d’arithmétique de maître David Ghilardi ne pouvait rappeler qu’aux cancres en la matière les heures de souffrance passées devant des calculs impossibles. L’ensemble fut en tout cas idéal dans l’horlogerie toute ravélienne du finale, si délicate à mettre en place. Le public, espérant peut-être avoir la chance d’être enfin épargné par le photographe déchaîné qui crut intelligent de mitrailler les artistes tout le long du concert, ne s’y trompa pas en provocant par ses applaudissements nourris la reprise de ce finale qui s’achève par un si désarmant « Maman ! »



Stéphane Guy

 

 

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