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Pathétique sans pathos

Paris
Salle Pleyel
04/15/2008 -  
Richard Dubugnon : Horrificques, opus 13
Max Bruch : Concerto pour violon n° 1, opus 26
Piotr Ilyitch Tchaïkovski : Symphonie n° 6 «Pathétique», opus 74

Constantin Bogdanas (violon)
Orchestre Colonne, Laurent Petitgirard (direction)


Le Premier concerto de Bruch et la Pathétique? Cela aurait sans doute suffi à faire le bonheur d’une grande partie de la salle Pleyel, mais Laurent Petitgirard, fidèle à ses principes de programmation à l’Orchestre Colonne, a toujours dans sa manche une carte contemporaine: l’oeuvre de Richard Dubugnon qui ouvrait ce concert lui fut d’ailleurs inspirée, comme ses Arcanes symphoniques (voir ici), du jeu de tarot. Le titre rabelaisien Horrificques (1996) correspond en effet à «une altération orthographique de "auri fecit", le faiseur d’or et de cartes du tarot de Marseille».


Pour cette première partition d’orchestre, «ballet-pantomime évoquant la naissance d’un monde caché» dont le second volet (Mythe des cinq plaies) «n’existe qu’à l’état d’ébauche et ne verra peut-être jamais le jour...», le compositeur franco-suisse, alors âgé de vingt-huit ans, avait obtenu le deuxième prix au Concours «Jeunes compositeurs» qu’organisait en ces temps-là l’Orchestre de chambre de Lausanne. D’une durée de dix-huit minutes, les quatre parties enchaînées offrent de fait une belle démonstration de science instrumentale. Mais plutôt que de jouer à chercher influences et réminiscences, il suffit de se laisser porter par la manière particulièrement séduisante dont Dubugnon conduit le discours et fait sonner un effectif «classique» simplement augmenté d’un piano et de percussions.


Dans le Premier concerto (1866) de Bruch, le soliste, Constantin Bogdanas, n’est autre que l’un des deux Konzertmeister: c’est peut-être pour cette raison qu’il ne tire pas la couverture à lui, dans une interprétation dont la sincérité et la simplicité compensent les imprécisions. Modérément captivant, l’accompagnement donne l’impression que le chef est lui-même modérément captivé par cette musique. En bis, ce sera Bach, bien sûr (l’Adagio de la Première sonate), le violoniste jurant n’avoir «rien préparé», ce que Laurent Petitgirard vient confirmer de vive voix en début de seconde partie, en profitant pour demander aux spectateurs de ne pas applaudir – comme c’est pourtant quasiment l’usage – après le troisième mouvement de la Sixième symphonie (1893) de Tchaïkovski.


Décidément, Laurent Petitgirard entretient un rapport privilégié avec le public, car celui-ci attendra effectivement la fin du dernier mouvement pour saluer une Pathétique sans pathos, allégée et s’accommodant remarquablement de la virtuosité de l’Allegro molto vivace comme des chausse-trappes de l’Adagio lamentoso final. Sans larmoyer ni s’alanguir, cette vision plus aimable que passionnée, très éloignée des fresques apocalyptiques décrivant un Tchaïkovski ayant, comme Mozart avec son Requiem, la prémonition de sa mort prochaine, convient tout particulièrement à l’Allegro con grazia, mais il lui manque la noirceur oppressante, l’urgence, la tension et le drame, à l’image d’un scherzo plus festif qu’effrayant et d’un final plus digne qu’inéluctable.


Le site de Richard Dubugnon



Simon Corley

 

 

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