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Aubert sort du bois

Paris
Conservatoire national de région
04/14/2008 -  et 14, 15 (Nanterre), 18 (Saint-Cloud) mars, 5 (Fontainebleau), 18 (Levallois) avril, 7, 8, 9, 10 mai (Paris)
Louis Aubert : La Forêt bleue (arrangement Thibault Perrine et Cyrille Lehn)

Eléonore Lemaire (La fée, Le Petit Poucet), Camille Slosse (La fée, Le Petit Chaperon rouge, La princesse), Sophe Gélis (La fée), Aurore Lamotte/Delphine Guevar (Le Petit Chaperon rouge), Jenny Daviet (Le Petit Poucet, La princesse), Clara Schmidt (Le Petit Poucet, La mère du Petit Chaperon rouge), Vivien Simon/Teddy Henry (Le prince), Virgile Ancely (L’ogre), Jérémie Delvet (Le père du Petit Poucet), Pauline Leroy (La mère du Petit Poucet), Héloïse Derache, Judith Derouin, Damien Ferrante, Sophie-Colombe de Masfrand, Lucie Niquet-Rioux, Sophie-Nouchka Wemel (Les frères du Petit Poucet), Laure Verguet (La servante, La boulangère)
le jeune chœur de paris, Ensemble Ad Novem: Nadia Guenet (flûte), Vincent Arnoul (hautbois), Patrick Toffin (clarinette), Jessica Rouault (basson), Ludovic Marchioro (cor), Prisca Talon, Laetitia Ringeval (violon), Paul Dat (alto), Olivier-Marc Becker (violoncelle), Mathieu Martin (contrebasse), Akino Kamiya (percussion), Valérie Kafelnikov (harpe), Geoffroy Jourdain (direction musicale)
Mireille Larroche (mise en scène), Dorian Astor (dramaturgie), Alexandre Heyraud (décorateur), Danièle Barraud (costumes)


Une vie longue et bien remplie! Dès l’âge de onze ans, Louis Aubert (1877-1968) donna en effet la première du Pie Jesu du Requiem de Fauré, dont il fut ensuite l’élève au Conservatoire, où il suivit également l’enseignement de Diémer: il se fit dès lors également connaître comme pianiste, créant notamment les Valses nobles et sentimentales de Ravel avec lequel il venait de fonder, en compagnie de Koechlin et Roger-Ducasse, la Société de musique indépendante. Bien plus tard, il fut élu membre de l’Institut et présida la Société nationale de musique. Mais que reste-t-il du compositeur? Peut-être les six Poèmes arabes, immortalisés par Irma Kolassi, et quelques souvenirs de la Habanera pour orchestre.


Et pourquoi La Forêt bleue (1911), son unique opéra, dont André Caplet dirigea la création à Boston, ne s’est-elle pas maintenue au répertoire? La coproduction de La Péniche Opéra, du jeune chœur de paris et de l’Arcadi témoigne pourtant de ce que ce «conte lyrique» en trois actes ne mérite pas moins l’affiche, dans le même registre, que Hansel et Gretel de Humperdinck, régulièrement joué sur les scènes germaniques. Jacques Chenevière a conçu un livret télescopant de façon à la fois sensible et cocasse trois contes de Perrault: le Petit Poucet, le Petit Chaperon rouge et la Belle au bois dormant. Tout ce petit monde se retrouve au deuxième acte dans la forêt, l’un abandonné par son père, l’autre en route vers sa mère-grand, la dernière dans l’attente du prince charmant qui la réveillera. Et le troisième acte consacrera un happy end, avec le mariage du prince et de la princesse, bien sûr, mais aussi celui du Petit Poucet et du Petit Chaperon rouge.


Coproduisent également ce spectacle la Maison de la musique de Nanterre, où il a déjà été représenté à deux reprises voici un mois, ainsi que le Conservatoire national de région (CNR) de Paris, dont le jeune chœur de paris, fondé en 1995 par Laurence Equilbey, est devenu en 2002 l’un des départements. Sous la codirection de sa fondatrice et de Geoffroy Jourdain, une quarantaine d’étudiants y sont formés dans quinze disciplines allant de la technique vocale jusqu’à la danse ou à la musique de chambre.


C’est la première fois que l’ensemble se lance dans un tel projet, mais il dispose avec La Forêt bleue d’un bel outil pédagogique: de magnifiques pages chorales mais aussi des petits ensembles et une multitude de petits emplois – privilégiant les tessitures féminines, puisque bon nombre des personnages de l’intrigue sont des enfants. Et comme le parti a été pris de confier les cinq principaux rôles (La fée, le Petit Poucet ou le Petit Chaperon rouge, le prince, la princesse) à un chanteur différent d’un acte à l’autre, chacun trouve ainsi une place à sa mesure, en fonction de son ancienneté dans le cursus. De fait, certains d’entre eux bénéficient déjà d’une grande expérience: on remarque ainsi Camille Slosse, habituée des spectacles de la compagnie «Les Brigands» depuis plusieurs saisons et apparue encore tout récemment dans Véronique au Châtelet. Et d’autres imposent déjà des personnalités vocalement et théâtralement prometteuses, comme Eléonore Lemaire ou, chez les hommes, Virgile Ancely en ogre plus vrai que nature et Jérémie Delvet en touchant père du Petit Poucet.


On comprend donc aisément que le CNR ait eu à cœur d’offrir – au sens propre, l’entrée étant libre – cette Forêt bleue et, même s’il n’a pu l’accueillir qu’en version de concert, celle-ci n’est en rien figée, sans doute parce que les chanteurs, qui accomplissent un remarquable effort de diction et récitent les didascalies afin que le public puisse encore mieux suivre l’action, ont déjà l’habitude d’évoluer dans la mise en scène de Mireille Larroche, les décors d’Alexandre Heyraud et les costumes de Danièle Barraud, que Paris pourra découvrir du 7 au 10 mai au Théâtre Silvia Monfort.


Du coup, en attendant, la musique se trouve au premier plan: toute la musique? Hélas non, puisqu’une double réduction a dû être opérée: une adaptation «légèrement raccourcie» de la partition et du livret – pour une durée totale de quatre-vingts minutes – et, surtout, un arrangement pour quintette à cordes, quintette à vents, percussion et harpe – le nonette Ad Novem renforcé – de l’orchestre luxuriant de Louis Aubert. Mais comme l’affaire est en de bonnes mains – Thibault Perrine, familier de l’exercice chez «Les Brigands», et Cyrille Lehn – chœur et petit ensemble sonnent de façon tout à fait convaincante sous la houlette de Geoffroy Jourdain. La frustration est donc largement compensée par un espoir, celui de pouvoir réentendre et revoir «grandeur nature» une œuvre de grande qualité, tendre, radieuse et raffinée, exactement contemporaine de Ma mère l’oye et de Daphnis et Chloé, mais qui évoque parfois aussi L’Enfant et les sortilèges.


Le site du jeune chœur de paris
Le site de l’ensemble Ad Novem



Simon Corley

 

 

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