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Les créations d’Ars Musica Bruxelles Bozar, Salle Henry Le Bœuf 04/11/2008 - et 12 avril 2008 (Bruges) Toshio Hosokawa : Circulating Ocean (création belge)
Thomas Adès : Concerto pour violon « Concentric Paths », opus 24 (création belge)
Kris Defoort : The House of the Sleeping Beauty (extraits)
Carolin Widmann (violon), Laure Delcampe, Séverine Delforge, Susanne Duwe (soprano), Suzanne Hawkins, Els Mondelaers (mezzo-soprano), Erik Frithjof (baryton)
Orchestre National de Belgique, Patrick Davin (direction)
Se tenant du 8 au 25 avril, le festival de musique contemporaine Ars Musica se propose, à l’occasion de sa vingtième édition, de rendre hommage aux artistes belges, acteurs de premier plan de la création européenne. Son nouveau directeur Laurent Langlois entend toujours faire de ces manifestations, dont le rayonnement international n’est plus à démontrer, une vitrine de la création en Belgique, avec des premières, comme celle de la Lumière Antigone de Pierre Bartholomée (à l’affiche de la Monnaie du 17 au 20 avril), des commandes auprès de nombreux compositeurs (Kris Defoort, Jean-Luc Fafchamps, Anne Martin, …), des créations belges d’œuvres de Georges Aperghis, Michael Levinas ou Michael Jarrell, non sans oublier un hommage à Giacinto Scelsi pour les vingt ans de sa disparition ainsi qu’à Fausto Romitelli, entre autres événements (Bistrots de la Contemporaine, Soirée « Made in Belgium »).
Si de nombreux musiciens étrangers se produiront durant ces deux semaines (Les Percussions de Strasbourg, Klangforum Wien, Quatuor Arditti, …), ceux du royaume seront particulièrement présents (Vlaams Radio Orkest, Orchestre Philharmonique de Liège, Ensemble de Musique de Chambre de la Monnaie, Ictus, …). Bien que voulant se concentrer autour de la place Flagey, ce festival n’en occupera pas moins d’autres lieux bruxellois, à commencer par le Palais des Beaux-Arts. Soucieux de défendre la musique d’aujourd’hui, l’Orchestre National de Belgique n’aurait pas pu se soustraire à ces manifestations, aussi le retrouve-t-on dans sa salle attitrée pour un programme réunissant trois compositeurs : un Japonais, un Anglais et un Belge.
Créé en 2005 au Festival de Salzbourg par Valery Gergiev (voir ici) et dédié à Peter Ruzicka, Circulating Ocean de Toshio Hosokawa (né en 1955) prend comme thématique le cycle de l’eau, proche du cycle de la vie pour le compositeur, tout en assimilant l’orchestre au sho, instrument traditionnel japonais semblable à une sorte d’orgue à bouche ; le joueur de sho produit des sons au rythme de sa respiration, rendant ainsi la musique cyclique comme le mouvement des vagues. L’élément liquide, la mer et l’océan, restent décidément, encore de nos jours, une source d’inspiration pour les musiciens. L’Orchestre National de Belgique dirigé par Patrick Davin assure la création belge de cette partition séduisante en atteignant le degré de raffinement requis sans toutefois montrer une clarté et une transparence à toute épreuve.
Thomas Adès (né en 1971) figure parmi les compositeurs les plus en vue actuellement, aussi son absence durant ce festival aurait-elle étonné. En trois mouvements (vif/lent/vif), le deuxième largement plus long que les deux autres, son Concerto pour violon « Concentric Paths » (2005) nécessite un orchestre de chambre qui sonne néanmoins avec une certaine opulence, au point que le violon de Carolin Widmann peine par moments à le dominer. L’œuvre, incontestablement accessible, est globalement inspirée, en particulier le Rounds final, pleine de caractère et notablement contrastée, un peu dans la veine de Stravinsky. Autant d’aspects bien mis en valeur pas l’orchestre et la violoniste allemande qui ne donna toutefois pas la création mondiale de l’ouvrage, celle-ci ayant été assurée à Berlin par Anthony Marwood, avec Thomas Adès à la tête de l’Orchestre de Chambre d’Europe : un fait qui mérite d’être souligné, car toutes les œuvres contemporaines ne passent pas ainsi de main en main.
Après The Woman Who Walked into Doors (2001), le compositeur belge Kris Defoort (né en 1959) et le metteur en scène Guy Cassiers s’associent de nouveau pour un second opéra, The House of the Sleeping Beauty, qui sera créé à la Monnaie le 8 mai 2009 sous la direction de Patrick Davin. L’argument est tiré d’une nouvelle de Yasunari Kawabata, prix Nobel de littérature en 1968, Les Belles endormies : un homme âgé se rend à plusieurs reprises dans un étrange bordel où les vieillards peuvent passer la nuit et se blottir contre de très jeunes filles droguées. Des extraits sont joués à l’occasion de cette soirée, qui n’aura pas attiré la grande foule : l’ouvrage, dans lequel les auteurs ne souhaitent pas évoquer implicitement le Japon, s’annonce prometteur, tant par son sujet que par la musique qui, sans afficher une fulgurante originalité, attire l’attention par son lyrisme et l’atmosphère intimiste qu’elle dégage grâce à un orchestre de format chambriste.
Le site d’Ars Musica
Le site de Carolin Widmann
Sébastien Foucart
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