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Science et conscience Paris
Auditorium du Louvre
04/10/2008 -
Johann Sebastian Bach : Chaconne de la Partita pour violon n° 2, BWV 1004 (arrangement Ferruccio Busoni)
Traditionnel : Une centaine d’oiseaux présentant leurs respects au Phénix (arrangement Jian-Zhong Wang)
Johannes Brahms : Variations sur un thème de Haendel, opus 24
Mily Balakirev : Islamey
Jie Chen (piano)
Avant-dernier concert de la série «Piano solo» de l’Auditorium du Louvre, déjà, avec un récital de Jie Chen: née en 1985, elle a obtenu en 2005 un quatrième prix ex æquo au Concours Arthur Rubinstein en 2005 puis le troisième prix du Concours de Santander. Excellent exemple – comme Lang Lang, de trois ans son aîné – de la spectaculaire émergence des musiciens de l’Empire du milieu, forte de l’enseignement qu’elle a reçu en Chine (Shanghai) puis aux Etats-Unis (Curtis institute, Mannes college), elle impressionne par une technique et une musicalité hors du commun.
Et il en faut pour s’attaquer à froid à l’arrangement par Busoni (1897) de la Chaconne de la Deuxième partita pour violon (1720) de Bach: Jie Chen s’impose d’emblée, déployant – et de quelle manière! – les moyens requis par le transcripteur tout en ne s’éloignant pas de l’esprit de l’original, grâce à une expression qui ne se laisse pas entraîner par des excès de romantisme. Les Variations sur un thème de Haendel (1861) de Brahms confirment que ce démarrage à haut risque n’était nullement un pari inconscient mais témoignait simplement d’une belle assurance: mélange de tenue et de fulgurance, son interprétation demeure toujours de bon goût, mais – revers de la médaille – sans doute aussi un peu lisse, trop à la surface de la partition.
Chacun de ces deux mastodontes dans lesquels le XIXe revisite le baroque était suivi d’une page plus brève et plus légère, fantaisies d’inspiration folklorique, mais non moins virtuoses. Jian-Zhong Wang (né en 1933) a ainsi adapté plusieurs chansons traditionnelles, que Jie Chen enregistra pour Naxos, dont Une centaine d’oiseaux présentant leurs respects au Phénix (1973), originellement destinée au suona (sorte de hautbois à large pavillon): une plaisante toccata pentatonique, entre Liszt et Debussy, qu’interrompt un prévisible gazouillis. Et dans Islamey (1869) de Balakirev comme dans tout le reste de cet effrayant programme, jamais la démonstration technique ne constitue une fin en soi: science et conscience, pour reprendre le distinguo rabelaisien.
En bis, Jie Chen offre d’abord «une pièce qu’on ne présente pas» – la Huitième (1829) des douze Etudes de l’Opus 10 de Chopin – puis, comme pour boucler la boucle, la transcription par Egon Petri, élève de Busoni, de l’air «Schafe können sicher weiden» extrait de la Cantate de la chasse (1713) de Bach.
Le site de Jie Chen
Simon Corley
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