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Homme orchestre

Paris
Cité de la musique
04/03/2008 -  
Joseph Haydn : Symphonie n° 22 «Der Philosoph»
Arnold Schönberg : Trois pièces pour orchestre de chambre – Six petites pièces pour piano, opus 19
Anton Webern : Six bagatelles pour quatuor à cordes, opus 9 – Cinq pièces pour petit orchestre, opus 10
György Ligeti : Ramifications
Wolfgang Amadeus Mozart : Concerto pour piano n° 23, K. 488

Chamber orchestra of Europe, Pierre-Laurent Aimard (piano et direction)


Chaque saison, la Cité de la musique offre l’occasion d’explorer le «domaine privé» de trois musiciens: en 2008-2009, ce seront Ton Koopman, Marianne Faithfull et Pascal Dusapin, succédant à René Jacobs, Pierre-Laurent Aimard et John Zorn. Du 26 mars au 8 avril, la programmation confectionnée par le pianiste français illustre la diversité de ses centres d’intérêt – de Bach à Nono, en passant par le Ballet royal du Cambodge – mais aussi les différentes étapes d’une vie: les sept manifestations auxquelles il participe lui-même évoquent ainsi tour à tour sa ville natale (Orchestre national de Lyon), son entrée, dès l’âge de dix-neuf ans, à l’Ensemble intercontemporain, mais aussi ses plus récentes orientations, que ce soit L’Art de la fugue, qu’il vient d’enregistrer chez Deutsche Grammophon, ou son association avec l’Orchestre de chambre d’Europe, au centre du dernier concert, partiellement repris à Cologne trois jours plus tard.


Un panorama à l’image d’une impressionnante palette d’engagements, outre ses traditionnelles activités de récitaliste, de soliste et de pédagogue (à Paris et à Cologne): «artiste en résidence» auprès de l’Orchestre de Cleveland ou du Mozarteum de Salzbourg, directeur artistique du «Festival Messiaen» au Southbank centre de Londres et, en 2009, chargé d’une série de cours et de séminaires au Collège de France. Pierre-Laurent Aimard aime également concevoir des séries originales de concerts thématiques, qui confrontent les époques et les styles, ainsi qu’il l’a montré tout au long de l’année 2007 au Palais Garnier. C’est dire si cette «carte blanche» que lui offrait la Cité de la musique, dont la saison toute entière est placée sous le titre «Sacré et profane», pouvait le stimuler: un luxe rare dont il a pleinement su tirer parti, si l’on songe par exemple que ce programme avec l’Orchestre de chambre d’Europe mobilisait certains instrumentistes (trombone, quatre percussionnistes, harmonium, harpe, guitare, mandoline) pour moins de cinq minutes...


Au cours de cette soirée, non seulement le pianiste et le concepteur de programmes sont à l’honneur, mais également le chef d’orchestre: ces dernières années, il a certes pris l’habitude de diriger Mozart depuis son clavier, mais il se produisait ici en tant que chef à part entière, même si l’on ne peut dire qu’il prend la baguette, puisqu’il travaille, comme Pierre Boulez, à mains nues. Dans la Vingt-deuxième symphonie «Le Philosophe» (1764), il adopte une tournure d’esprit qui tient compte des apports des interprétations sur instruments anciens – peu de vibrato, tempo allant dans l’Adagio initial – mais sans dogmatisme ni raideur: si les cors donnent parfois l’impression de peiner presque autant que ceux des formations baroques, les vingt-et-une cordes suffisent en revanche à obtenir un beau volume sonore, tout en conférant un caractère très vivant aux deux Presto.


Aimard a ensuite assemblé quatre cycles témoignant du succès de la forme aphoristique peu avant la Première Guerre mondiale, enchaînant vingt pièces recourant à différentes combinaisons instrumentales, et ce en un quart d’heure seulement: une sorte de surenchère où Schönberg – Trois pièces (1910) pour orchestre de chambre, inachevées, et Six petites pièces (1911) pour piano (opus 19) – ne tarde pas à être dépassé par son élève Webern – Six bagatelles (1913) pour quatuor à cordes (opus 9), dédiées à Berg, troisième grande figure de la seconde Ecole de Vienne, et Cinq pièces (1913) pour orchestre de chambre (opus 10).


La seconde partie s’ouvre sur un hommage à Ligeti, dont Aimard a créé bon nombre des Etudes pour piano, mais dans les années 1960, ce sont les recherches sur le son qui (pré)occupent le compositeur, comme dans Ramifications (1969), ici dans leur version pour douze cordes solistes. Encore un long changement de plateau, et l’Orchestre de chambre adopte une disposition «viennoise» pour conclure sur le Vingt-troisième concerto (1786) de Mozart, un choix qui, à nouveau, s’apparente à un hommage et renvoie aux années 1960: lorsque Yvonne Loriod interpréta l’intégrale de ces concertos, Olivier Messiaen en fit une analyse qui, publiée par la suite, est devenue une référence; or, Aimard fut à la fois élève de l’épouse de Messiaen et premier prix du concours auquel le compositeur a donné son nom. Comme précédemment dans Haydn, Aimard confirme ses affinités avec le répertoire classique: décanté, presque trop sage, même dans l’Allegro assai final, le piano ne se met pas en avant, préférant établir un rapport équilibré, de nature chambriste, avec l’orchestre.


Le site de l’Orchestre de chambre d’Europe



Simon Corley

 

 

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