About us / Contact

The Classical Music Network

Paris

Europe : Paris, Londn, Zurich, Geneva, Strasbourg, Bruxelles, Gent
America : New York, San Francisco, Montreal                       WORLD


Newsletter
Your email :

 

Back

Concertos?

Paris
Salle Pleyel
03/28/2008 -  
Graciane Finzi : Brume de sable
Igor Stravinski : Concerto pour violon
Béla Bartok : Concerto pour orchestre, sz. 116

Adrien Perruchon (percussion), Sayaka Shoji (violon)
Orchestre philharmonique de Radio France, Myung-Whun Chung (direction)


Trois concertos du XXe siècle, avec ou sans soliste, pour ce programme de l’Orchestre philharmonique de Radio France avec son directeur musical Myung-Whun Chung: manière de rompre le rituel ouverture/concerto/symphonie? Voire...


Car Graciane Finzi, dans Brume de sable (1999), non seulement refuse la forme traditionnelle du concerto mais choisit de mettre en vedette un soliste inhabituel, à savoir un percussionniste. Même si l’exercice a précédemment été tenté, ce gros quart d’heure de musique, de bien meilleur aloi, au demeurant, que son récent Concerto pour clavecin (voir ici), ne prend pas ici une tournure essentiellement rythmique, les atmosphères pensives et poétiques l’emportant sur les épisodes de caractère plus conflictuel. Le compositeur se souvient ici de son enfance dans un port marocain: la clarinette basse sonne comme la corne de brume «qui rythmait les heures de sommeil ou d’insomnie» et la percussion – six timbales auxquelles se joignent congas, bongos et cymbales suspendues – les silences de «cette sorte de brume, mais de sable» interrompus «par les rythmes sourds et lourds des gros tambours» nord-africains des Gnawa. Un concerto, sans doute, ne serait-ce qu’en raison de sa dimension virtuose, défendue avec brio par Adrien Perruchon, timbalier solo entré au Philhar’ alors qu’il n’avait que vingt ans. Mais en même temps un de ces levers de rideau typiques, qui tient à la fois du poème symphonique par son caractère évocateur, sinon descriptif, ou de la figure obligée dédiée à la musique contemporaine.


Venait ensuite le vrai concerto de la soirée – on reconnaît notamment le «vrai concerto» à ce qu’il est suivi d’un bis, en l’espèce la Bourrée de la Première partita de Bach. L’original avait été précédé de sa copie néoclassique, le Concerto pour violon (1931) de Stravinski, une des œuvres les plus roublardes du répertoire (et les plus périlleuses pour le chef), défendue de manière exemplaire par Isabelle Faust à l’Orchestre de Paris en janvier dernier (voir ici). Comme Adrien Perruchon, Sayaka Shoji est née en 1983 et s’est fait connaître voici déjà cinq ans par un récital paru chez Deutsche Grammophon (voir ici). Modérément convaincante la saison passée dans le Premier concerto de Prokofiev (voir ici), la violoniste japonaise, bénéficiant d’un accompagnement qui lui évite de devoir passer en force, trouve apparemment davantage à s’exprimer dans cette partition pourtant volontiers parodique. Une manière de faire la nique à Stravinski, qui clamait haut et fort sa haine du concerto romantique, car plutôt que de l’objectivité ou de l’ironie, elle colore son jeu de gestes et effets romantiques inattendus. Plus en situation dans les deux Arias centrales, ce parti pris interprétatif rend la Toccata initiale quelque peu indolente mais est maintenu jusqu’au Capriccio final, entre hargne et grâce, s’autorisant des alanguissements imprévus.


Autre concerto sui generis en seconde partie, encore que le terme ait été forgé par Hindemith dès 1925, le Concerto pour orchestre (1943) de Bartok. Le risque, dans ce témoignage de l’exil américain, consiste à rouler des mécaniques et à s’en tenir à ses aspects extérieurs et brillants. Mais Chung va bien au-delà, imposant d’emblée, dans la section lente de l’Introduzione, une vision tendue et hautaine, que ne démentira pas une Elegia centrale sans excès de pathos. Faisant respirer largement les pages lyriques, même dans le Finale, il met tout autant en valeur les mouvements pairs, Giuoco delle coppie dansant avec une rare légèreté, Intermezzo interrotto entre rêverie et truculence.


Le site de Graciane Finzi
Le site de Sayaka Shoji



Simon Corley

 

 

Copyright ©ConcertoNet.com