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Le sens de l'indépendance et du paradoxe

Lyon
Opéra de Lyon
12/11/1998 -  et 12*, 14, 16 décembre 1998
Fabio Vacchi : Les Oiseaux de passage
Maryline Fallot (Renata), Karine Deshayes (Marie), Philippe George (Alexandre), Stéphanie Révidat (Lisa), Christian Tréguier (Victor), Hjördis Thébault (Ania), Christophe Bernard (Le Passant), Etienne Lescroart (Pedrag), Robert Expert (Andrea), Lise Viricel, enfant (Flore), Kazimierz Olechowski, violoniste (Anton)
Orchestre de l'Opéra de Lyon, Claire Gibault (direction)
Myriam Tanant (mise en scène et livret)

Figure importante de la composition en Europe, Fabio Vacchi (né en 1949 à Bologne) peut se prévaloir d'un important corpus d'oeuvres dans lequel l'orchestre et l'opéra tiennent une place importante, ce qui le distingue nettement des compositeurs de sa génération, pour la plupart restés à l'écart de ces deux formes musicales. Son écriture traduit également une forte indépendance intellectuelle tant elle évite de se soumettre à des modèles ni ne tombe dans la pure facilité. Il en donne lui-même une clef : "Je mets à égalité l'enchevêtrement et la clarté : l'enchevêtrement doit être évident, la clarté doit être intriquée". Son sens du paradoxe empêche tout étiquetage, toute reconnaissance trop simple, la musique de Fabio Vacchi est foisonnante, imaginative, pleine d'esprit… et rigoureuse.

La Station thermale, son précédent, et troisième, opéra avait contribué à la notoriété de ce compositeur aussi à son aise avec l'italien que le français. Créé en 1993 à Lyon, il fut repris en 1995 et 1996 à la Scala de Milan ainsi qu'à l'Opéra Comique. L'Opéra de Lyon a voulu rééditer ce succès en réunissant la même équipe (Myriam Tanant pour le livret, Claire Gibault pour la direction orchestrale) autour du compositeur. Mais Les Oiseaux de passage ne retrouvent pas cette fraîcheur et cette liberté de ton qui avaient tant séduit dans le précédent ouvrage lyrique. Inspiré d'une pièce de Goldoni (I bagni d'Abano), le livret de La Station thermale ménageait des rebondissements et une variété d'atmosphères qui manquent singulièrement à celui des Oiseaux, créé ex nihilo. Centré autour d'un bistrot au bord de la faillite traversé de personnages plus ou moins à la dérive, la narration se fait plus linéaire, plus ronronnante. L'écriture musicale s'en ressent en ne se départant pas d'un tempo et d'un ton trop uniformes pour captiver l'auditeur tout au long des 110 minutes de l'oeuvre. Vers la fin une marche viendra rompre ce flux trop continu et apporter de l'air, mais trop peu et trop tard. Les parties vocales restent très travaillées mais trop sages, trop attendues, trop soumises à l'impératif d'une diction claire. Heureusement des séquences sont particulièrement réussies comme les ensembles vocaux (exprimant à merveille cette "égalité entre l'enchevêtrement et la clarté") ou les interventions d'un personnages s'exprimant uniquement par son violon.

Présentant, pour la plupart des rôles, des chanteurs de la troupe, l'Opéra de Lyon peut s'enorgueillir du sérieux de son travail de formation. Au sein d'un plateau très homogène, on retiendra particulièrement la soprano Maryline Fallot qui défend avec talent et charme le rôle principal, la mezzo-soprano Karine Deshayes très crédible en jeune femme tourmentée ou le baryton Philippe Georges, mélancolique et touchant. Les deux artistes invités, le baryton Christian Tréguier et le contre-ténor Robert Expert, ont confirmé tout leur talent. Claire Gibault à la direction et Myriam Tanant à la mise en scène donnent la meilleure lisibilité possible au drame.

Malgré cette relative déception, il faut rester à l'écoute de la musique de Fabio Vacchi. Le Festival de Salzbourg de l'an 2000 lui consacrera un portrait : la possibilité de passer, sans bug, au troisième millénaire.



Philippe Herlin

 

 

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