About us / Contact

The Classical Music Network

Paris

Europe : Paris, Londn, Zurich, Geneva, Strasbourg, Bruxelles, Gent
America : New York, San Francisco, Montreal                       WORLD


Newsletter
Your email :

 

Back

Impassible

Paris
Eglise de la Trinité
03/24/2008 -  et 29 août 2008 (Tokyo)
Olivier Messiaen: Monodie – Diptyque – Les Corps glorieux

Jon Gillock (orgue)


De 1931 à sa mort en 1992, Olivier Messiaen fut titulaire du grand orgue de la Trinité. On comprend aisément que son église ait souhaité se joindre aux nombreuses manifestations qui marquent le centenaire de sa naissance, non seulement au regard d’une telle longévité à cette tribune mais aussi en hommage à sa contribution très régulière aux offices, qui attiraient fidèles aussi bien que mélomanes. Inauguré dès le 9 décembre dernier par l’archevêque de Paris, «Trinité Messiaen 2008» privilégie, jusqu’au 10 décembre prochain (date anniversaire qui sera marquée par une messe et la pose d’une plaque commémorative), les témoignages de la foi profonde du compositeur.


Dans cet «arc-en-ciel théologique», la musique de chambre (Quatuor pour la fin du temps), l’orchestre (Et exspecto resurrectionem mortuorum) et le clavier (Visions de l’Amen) auront leur place, mais d’autres lieux accueilleront à de multiples reprises durant la saison ses pages symphoniques et instrumentales, et même son unique opéra. En revanche, ne serait-ce qu’en raison de la disparition des orgues des salles de concert, l’immense corpus qu’il a dédié à son instrument ne jouit pas d’une même faveur dans la capitale. L’orgue allait-il être le parent pauvre de cette «année Messiaen»? C’eût été un comble! Heureusement, la Trinité supplée cette lacune en offrant au public parisien la possibilité d’entendre ce volet essentiel de son catalogue, interprété sur l’instrument qui fut le sien pendant plus de soixante ans. Et pour ce faire, les meilleurs ont été conviés, s’agissant tant des interprètes (Hans-Ola Ericsson, Vincent Dubois, Olivier Latry, ...) que des conférenciers chargés de présenter les œuvres (le père Jean-Rodolphe Kars, George Benjamin, ...).


Avec l’organiste américain Jon Gillock et Harry Halbreich, l’excellence était également de mise en ce lundi de Pâques. Certains programmes permettent de confronter Messiaen à d’autres compositeurs (J. Alain, Amy, Castérède, Charpentier, Duruflé, Leguay, Levinas), d’autres rappellent ses talents d’improvisateur (Thierry Escaich, Pierre Pincemaille), mais tous s’efforcent de suivre, tout au long de l’année, le calendrier liturgique. Ce sera donc prochainement le moment des Méditations sur le mystère de la Sainte Trinité puis du Livre du Saint Sacrement, mais en cette période pascale, le thème de la résurrection a logiquement orienté le choix vers les «sept visions brèves de la vie des ressuscités» qui forment le recueil Les Corps glorieux (1939).


Les première et cinquième étant de nature monodique, ainsi qu’une partie de la troisième, la rare, brève (quatre minutes) et énigmatique Monodie (1963), destinée à un recueil pédagogique et ne bénéficiant que récemment d’une publication séparée, en constituait une introduction opportune. De même, sous-titré «Essai sur la vie terrestre et l’éternité bienheureuse», le Diptyque (1929) – dont la seconde partie, transposée à la tierce supérieure, devint douze ans plus tard le dernier des sept mouvements du Quatuor pour la fin du temps («Louange à l’immortalité de Jésus») – entrait en résonance avec l’immense pièce centrale des Corps glorieux, «Combat de la mort et de la vie».


Quel bonheur que d’entendre le Cavaillé-Coll de la Trinité dans cette musique, ses formidables grondements au début de ce «Combat» ou ses attaques imperceptibles, ses sonorités fondues et moelleuses dans les épisodes «planants» (dixit H. Halbreich)! Cela étant, Jon Gillock, qui, lors des rappels, fait acclamer la partition du haut de la tribune, ne ménage pas l’auditeur: les grandes constructions de Messiaen défient certes l’écoulement du temps, mais à vingt-et-une minutes pour le Diptyque et soixante-seize minutes pour Les Corps glorieux, la lenteur des tempi paraît quand même parfois excessive. Impassible, au sens premier du terme, l’une des quatre qualités propres reconnues aux corps glorieux.


Le site de «Trinité Messiaen 2008»
Le site de Jon Gillock



Simon Corley

 

 

Copyright ©ConcertoNet.com