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Atypique et intimidant

Paris
Salle Pleyel
02/22/2008 -  
Wolfgang Amadeus Mozart : Concerto pour violon n° 5, K. 219
Anton Bruckner : Symphonie n° 9

Hélène Collerette (violon)
Orchestre philharmonique de Radio France, Paavo Järvi (direction)


Paavo Järvi est déjà venu à Paris avec son Orchestre symphonique de la Radio de Francfort en octobre dernier, et il sera de retour dès le 10 avril prochain avec l’une des autres phalanges dont il a la charge, l’Orchestre symphonique de Cincinnati. Il prendra les rênes de l’Orchestre de Paris à la rentrée 2010, mais à ce jour, la formation à la tête de laquelle il s’est le plus souvent produit dans la capitale, et ce dès mars 2000, est le Philharmonique de Radio France, auquel il réserve ainsi la deuxième de ses trois visites parisiennes au cours de cette saison. Trois disques ont accompagné cette collaboration désormais ancienne en concert, qui se poursuit visiblement dans une excellente ambiance et à la satisfaction du public.


Après quelques retards à l’allumage, tant pour la violoniste que pour l’orchestre, le Cinquième concerto (1775) de Mozart trouve ensuite un bel équilibre, Järvi, que l’on a peu entendu à Paris dans le répertoire classique, se révélant un accompagnateur attentif et sans fioritures. Si Hélène Collerette était une soprano, on dirait sans doute qu’elle manque de projection et que ses aigus sont un peu serrés, mais dans une acoustique qui se révèle souvent défavorable aux solistes, elle n’en offre pas moins un jeu sensible et de bon goût. Et, en bis, au lieu de puiser commodément dans Bach ou Ysaÿe, elle prend une initiative originale et touchante, s’associant à Svetlin Roussev, l’un des deux autres premiers violons solo de l’orchestre, dans un arrangement de l’air de Pamina «Ach, ich fühl’s» extrait du second acte de La Flûte enchantée (1791).


Février à Pleyel est décidément brucknérien: après la Quatrième par Masur (voir ici) et la Cinquième par Herreweghe (voir ici), voici donc la Neuvième (1894). C’est même la saison entière qui est à marquer d’une pierre blanche: malgré l’absence de coordination entre les grandes institutions parisiennes, la programmation permet en effet d’entendre, à l’exception de la Première, les huit autres symphonies – et même trois fois la Septième.


S’il s’est davantage illustré dans Mahler, Paavo Järvi n’en a pas moins donné la Quatrième de Bruckner en juin 2003 avec le National au Théâtre des Champs-Elysées. Son approche du compositeur ne s’inscrit pas dans une tradition germanique défendue aujourd’hui, chacun à sa manière, par Marek Janowski ou Christian Thielemann. Si le tempo est très retenu (près de soixante-cinq minutes) – au-delà de Jochum et Karajan, sans toutefois atteindre Bernstein ou Celibidache – c’est moins pour plonger l’auditeur dans une hypnose mystique que pour mettre en valeur le lyrisme de la partition et un tropisme «wagnérien» que la Troisième revendiquait explicitement.


Dans le premier mouvement, cette lenteur confine parfois à l’abattement et si les grandes arches sont toujours bien dessinées, elles manquent toutefois de tension. Après un terrifiant et crépusculaire Scherzo, l’Adagio conclusif, d’une ampleur intimidante et atypique, s’impose comme le moment le plus réussi. Témoignant d’un refus de la facilité et d’un travail exigeant, cette conception met à rude épreuve les cuivres: bon nombre d’entre eux, notamment parmi les cors et tuben, n’ont pas connu les riches heures brucknériennes de l’ère Janowski, mais la qualité de ces pupitres n’a en rien diminué, contribuant grandement à la sonorité de l’orchestre, claire et puissante, plus en plénitude qu’en profondeur.



Simon Corley

 

 

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