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Le destin frappe trois fois

Paris
Théâtre des Champs-Elysées
02/21/2008 -  et 16, 17 (Wien), 20 (Köln) février, 2 mars (New York) 2008
Giuseppe Verdi : La Forza del destino (Ouverture)
Franz Liszt : Les Préludes
Piotr Ilyitch Tchaïkovski : Symphonie n° 5, opus 64

Wiener Philharmoniker, Valery Gergiev (direction)


Du 14 février au 2 mars, Valery Gergiev dirige à douze reprises la Philharmonie de Vienne en Europe et à New York. Entre Cologne et Londres, il fait étape à Paris, où il apparaît par ailleurs à la tête de trois autres formations au cours de cette saison: en octobre dernier à Bastille pour la reprise de Roméo et Juliette de Berlioz ainsi qu’à l’Orchestre de Paris, et dès le 9 mars prochain à Pleyel avec son Orchestre symphonique de Londres dans la Septième symphonie de Mahler. Que deviendrait la musique sans l’aéronautique?


L’un des programmes de cette tournée associe trois œuvres évoquant chacune une vision romantique du destin: de manière explicite chez Verdi, en exergue de la partition chez Liszt («Notre vie est-elle autre chose qu’une série de Préludes à ce chant inconnu dont la mort entonne la première et solennelle note?») ou bien encore au travers des métamorphoses successives d’un thème chez Tchaïkovski.


Les Viennois effectueront leur seconde visite au Théâtre des Champs-Elysées le 10 avril prochain sous la direction de Riccardo Muti dans des symphonies de Haydn et de Bruckner: c’est avec lui qu’ils avaient offert en bis, il y a trois ans (voir ici), une intense Ouverture de La Force du destin (1867). Tout aussi électrisante et spectaculaire, la direction tranchante de Gergiev met en valeur la parfaite cohésion des pupitres.


«Je ne connaissais pas du tout cette oeuvre de Liszt.» Cette remarque d’un spectateur pourrait prêter à sourire, mais, après tout, Les Préludes (1848/1857) apparaissent-ils à l’affiche aussi souvent que leur notoriété le laisse supposer? Malgré quelques ralentis très appuyés, Gergiev concilie dans ce poème symphonique engagement brûlant et sens de la construction.


Voici un peu plus de deux mois, Youri Temirkanov et sa Philharmonie de Saint-Pétersbourg, en dignes héritiers de Mravinski, avaient donné en ce même lieu une interprétation décapante de la Cinquième symphonie (1888) de Tchaïkovski (voir ici). Un état d’esprit qu’on ne s’attendait pas à retrouver chez Gergiev et la Philharmonie de Vienne, notamment au vu de leur enregistrement de l’œuvre à Salzbourg en 1998 (Philips). Car le patron du Mariinski, plus subjectif que Temirkanov, a tendance à surinterpréter la partition: le tempo fluctue dans des alanguissements aussi coupables qu’inattendus, mais ces excès se fondent dans une allure générale très vive, traduisant un sentiment d’urgence jusque dans le souci de ne marquer qu’une seule véritable pause, entre les deuxième et troisième mouvements.


S’il tire parti du magnifique instrument dont il dispose, ce n’est pas essentiellement pour en obtenir des timbres léchés et un fini irréprochable – même si, par exemple, on n’a pas souvent l’occasion de percevoir avec autant de netteté les couleurs sombres de la fin du premier mouvement – mais pour malaxer à pleines mains la pâte sonore et mener l’ensemble à la cravache. D’une étonnante malléabilité, poussés dans leurs derniers retranchements, les «aristocratiques» Philharmoniker se métamorphosent en horde sauvage, rendant justice aux embardées hallucinées et fiévreuses que leur impose Gergiev: comme un seul homme – et ce n’est pas un vain mot à Vienne, où la parité demeure un objectif lointain, avec seulement quatre femmes sur scène.


Cette brève soirée s’achève dans un tout autre climat, avec deux bis de Josef Strauss. Gergiev sera-t-il invité à diriger un jour le Neujahrskonzert? Toujours est-il que la polka-mazurka La Libellule (1867) paraît raide et assoupie, tandis que la polka rapide Sans souci! (1870) pétarade de façon bien militaire.


Le site de l’Orchestre philharmonique de Vienne



Simon Corley

 

 

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