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A rebours

Paris
Théâtre du Châtelet
01/23/2008 -  et 17 (Lisboa), 21 (Bordeaux) janvier, 21 février (New York), 7 mars (Lyon) 2008
Ludwig van Beethoven : Variations sur une valse de Diabelli, opus 120
Robert Schumann : Kinderszenen, opus 15
Johann Sebastian Bach : Partita n° 4, BWV 828

Stephen Kovacevich (piano)


Stephen Kovacevich est un fidèle de longue date des concerts Piano**** organisés par André Furno, mais lorsque celui-ci annonce qu’en raison d’une «intervention chirurgicale», le pianiste américain préfère modifier l’ordre dans lequel il va interpréter son programme, la perplexité, voire l’inquiétude, se font jour au Théâtre du Châtelet. A-t-il voulu se rassurer en commençant par son cher Beethoven? Toujours est-il que dans les Variations Diabelli (1823), si les incidents techniques qui émaillent sa prestation se révèlent un peu plus nombreux qu’à l’ordinaire, il déploie un jeu d’une richesse toujours aussi fascinante, tant en termes de toucher que de dynamiques ou de couleurs, de l’alerte gourmandise du thème en passant par les mystères de la troisième variation ou les abîmes de la vingtième. Accentuant la rapidité des tempi, au prix de risques parfois insensés (vingt-troisième), la confrontation avec ce monument prend le tour d’un défi physique, d’un combat de titans.


L’énergie, les élans abrupts et le volontarisme emblématiques de Beethoven ne manquent donc pas (treizième), mais, au-delà, Kovacevich entraîne le public dans un parcours visionnaire au fil de l’histoire de la musique, depuis Bach (vingt-neuvième à trente et unième, avant lesquelles il marque une longue pause) jusqu’à Ligeti (deuxième), via Haydn (quinzième), Mozart (vingt-deuxième, avec sa citation de Don Giovanni), Liszt (vingt-huitième) et Debussy (douzième). Un périple complet – s’achevant sur une fugue hors norme (trente-deuxième) à laquelle succède la trente-troisième, qui marque le retour à l’esprit du thème – ou bien un immense rêve, tant cette ultime variation paraît fraîche comme un réveil, avec comme le souvenir de la valse de Diabelli tournant tels les «les sons et les parfums» dans l’air du matin.


En seconde partie, le démarrage des Scènes d’enfants (1838) de Schumann déçoit: artificielles, rapides en même temps que très travaillées, les trois premières pièces s’éloignent trop de la simplicité du monde de l’enfance. Mais Kovacevich ne tarde pas à trouver le ton juste: si l’allure demeure souvent vive, au moins évite-t-elle tout excès d’alanguissement, notamment dans la célèbre Rêverie, rendue à son exacte signification.


Autorité et hauteur de vue dominent dans la Quatrième partita (1729) de Bach. Très articulée, moyennant un dosage approprié de la pédale, cette lecture plus rayonnante que jubilatoire s’autorise néanmoins l’humour (Courante) et la virtuosité (Gigue finale), tout en magnifiant le caractère expressif de l’Allemande et de l’Aria. Après en avoir fort longtemps délibéré avec lui-même devant son clavier, Kovacevich offre à un public inhabituellement silencieux et attentif, mais bien trop peu nombreux – seuls le parterre et la corbeille ont été ouverts –, le bis qu’il avait déjà donné à Gaveau en 2004 et au Châtelet en 2007, la Cinquième des six Bagatelles de l’opus 126 (1824), avec son luxe coutumier d’éclairages inattendus.



Simon Corley

 

 

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