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Marathon schumannien

Paris
Salle Pleyel
01/12/2008 -  et le 13 janvier
Robert Schumann : Intégrale de la musique de chambre avec piano
Eric Le Sage (piano), Frank Braley (piano), Gordan Nikolitch (violon), Daishin Kashimoto (violon), Guy Braunstein (violon), Antoine Tamestit (alto), Christophe Coin (violoncelle), François Salque (violoncelle), François Leleux (hautbois), Paul Meyer (clarinette), Bruno Schneider (cor)

L’intégrale de la musique de chambre avec piano de Schumann en quatre concerts : le projet était ambitieux et légitime. Le Quintette est célèbre, mais le Quatuor est peu donné ; le Premier Trio est connu, mais les deux autres sont négligés ; les Sonates pour violon, entre Beethoven et Brahms, peinent à se situer. Quant aux pièces plus modestes, souvent superbes, des Märchenbilder pour alto aux Cinq Pièces dans le ton populaire pour violoncelle, elles n’encombrent guère les programmes de concert.


L’âme de ce marathon schumannien est le pianiste Eric Le Sage, coureur de fond omniprésent à son clavier. Un vrai chambriste, comme les partenaires qu’il s’est choisis : on chercherait en vain des dominants et des dominés, jamais les œuvres ne sont abordés dans un esprit concertant, on entend toujours un ensemble et jamais une addition d’individualités. Tous, pourtant, ont un nom et un renom : Paul Meyer à la clarinette, Antoine Tamestit à l’alto, Gordan Nikolitch au violon, pour ne citer qu’eux.


C’est dire la qualité de l’ensemble, même si l’on a pu préférer tel ou tel moment de ce week-end schumannien. Après des Phantasiestücke pour clarinette un peu paresseux, les Märchenerzählungen pour clarinette et alto, par exemple, ont été magnifiques de poésie, pleins d’élan et de rêve, portés par un Paul Meyer et un Antoine Tamestit inspirés – superbe mouvement lent. Les Pièces dans le ton populaire ont aussi mis en valeur un François Salque à la sonorité très pure, préservant la fraîcheur de cette musique à la fois populaire et savante. François Leleux, lui, a retrouvé dans les Trois Romances pour hautbois le secret de l’esprit d’enfance schumannien, qu’il a chantées comme un lied, nous offrant, en quelques minutes seulement, un des plus beaux instants de l’intégrale. La Première Sonate pour violon, en revanche, de Daishin Kashimoto, malgré la beauté de sa ligne, n’a pas effacé le souvenir de la Troisième de Gordan Nikolitch, dont la rondeur timbrée de la sonorité, le lyrisme toujours maîtrisé révélaient un grand archet. C’est lui que l’on a entendu dans les trois Trios, superbement interprétés par des musiciens qui s’écoutaient et communiaient dans la musique pour mêler leurs voix – quel beau dialogue du violon et du violoncelle (Christophe Coin, excellent) dans le Langsam du Premier, dans le Sehr lebhaft initial du Second. Maîtrisant parfaitement la forme, ce qui n’est pas évident chez Schumann, ils ont trouvé l’équilibre entre l’explosion passionnée et l’effusion rêveuse, la légèreté et la gravité. Dans ces Trios, Eric Le Sage s’est montré particulièrement convaincant, lui qui entretient depuis longtemps avec Schumann une relation privilégiée dont témoigne un début d’intégrale pour piano chez Alpha. On regrettera néanmoins, surtout dans les œuvres « mineures », une certaine tendance à la monochromie, le pianiste ne parvenant pas toujours à timbrer sa sonorité, en particulier dans les nuances.


Le principe même des intégrales se discute. Celle-ci a eu le mérite de rappeler à notre oreille le Schumann des dernières années, notamment celui du Troisième Trio ou de la Seconde Sonate pour violon : son inspiration ne s’était pas tarie, elle avait seulement changé de nature. Et de nous remémorer des raretés comme l’Andante et Variations pour deux pianos, deux violoncelles et cor ou les Etudes en forme de canon… dans la transcription pour deux pianos de Debussy. Qu’Eric Le Sage en soit donc remercié.



Didier van Moere

 

 

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