About us / Contact

The Classical Music Network

Paris

Europe : Paris, Londn, Zurich, Geneva, Strasbourg, Bruxelles, Gent
America : New York, San Francisco, Montreal                       WORLD


Newsletter
Your email :

 

Back

Une année Messiaen

Paris
Théâtre des Bouffes du Nord
01/07/2008 -  
Manuscrits de Saint Gall, Gaillac et Tours : Introït, Graduel, Alléluia, Offertoire et Communion de la Messe de l’Epiphanie
Dominique Vellard, Gerd Türk (ténors)
Cécile Sauvage : Poèmes
Marie-Christine Barrault (récitante)
Olivier Messiaen : Paysage – Epouvante – L’Epouse – Le Collier – Prière exaucée (extraits des «Poèmes pour Mi»)
Yumi Nara (soprano), Roger Muraro (piano)
Claude Debussy : Brouillards – La Puerta del Vino – Les fées sont d’exquises danseuses (extraits du Second livre des Préludes)
Toru Takemitsu : Rain tree sketch II
Olivier Messiaen : Par Lui tout a été fait (extrait des «Vingt regards sur l’Enfant-Jésus»

Le Liu (piano)
Nguyen Thien Dao : Duo vivo (création)
Triloc Duo: Tristan Blum, Loïc Defaux (percussion)
Olivier Messiaen : Cinq Rechants
Chœur de Radio France, Dominique My (direction)


Olivier Messiaen aurait eu cent ans le 10 décembre prochain: cet anniversaire prend la forme d’une célébration – et non d’une «commémoration» (ce terme impropre ayant opportunément été évité, une fois n’est pas coutume) – placée sous le haut patronage du Président de la République, retenue au titre des «Célébrations nationales» et organisée par l’association «Messiaen 2008». Claude Samuel en est le délégué général, entouré de deux présidents d’honneur (Yvonne Loriod et Pierre Boulez), d’un conseil d’administration présidé par Hugues Gall, d’un conseil artistique ainsi que d’un comité d’honneur conduit par Seiji Ozawa et rassemblant près de cinquante compositeurs anciens élèves de Messiaen (Amy, Benjamin, Fénelon, Henry, Jolas, Kurtag, Nigg, …).


A l’inévitable jeu des dates, Puccini (1858-1924), Rimski-Korsakov (1844-1908), Schmitt (1870-1958), Vaughan Williams (1872-1958) ou même Carter (né un jour après Messiaen) ne seront pas autant honorés, du moins en France. Le doit-on à «Messiaen 2008»? L’association, qui annonce par ailleurs «d’importantes opérations pédagogiques», une «grande exposition itinérante», «plusieurs colloques», de «nombreuses publications discographiques» et de «nouveaux ouvrages», ne le prétend nullement, mais elle contribuera à conférer une plus grande visibilité aux hommages qu’institutions et artistes rendent en 2008 à un compositeur qui, indépendamment de cette année faste, conserve une place éminente au répertoire.


D’ores et déjà à son actif, un site (www.messiaen2008.com) dont certaines des rubriques (discographie, publications, pédagogie, retransmissions) demeurent encore en cours de construction, mais qui ne s’en révèle pas moins remarquable pour son catalogue précis et exhaustif ainsi que pour sa base de données recensant les concerts dans le monde entier (de A comme «Allemagne» à S comme «Suisse» en passant par l’Australie ou la Nouvelle-Zélande) et offrant des facultés de recherche remarquablement pointues (par œuvre, date, lieu, interprète, …).


Réunissant aux Bouffes du Nord un nombreux public, dont une grande partie du monde musical parisien, le «concert d’inauguration» aura réussi à éviter pesanteurs officielles – point de discours, seule résonnera quelques instants la voix de Messiaen – mais aussi superficialité et paillettes. Avec simplicité et dans une atmosphère recueillie, c’est un portrait du compositeur qui se dessine par touches successives, aussi bien sa vie et son œuvre que ses inspirations, son influence et sa postérité: libre ensuite au spectateur de compléter par les autres facettes de sa personnalité – l’ornithologue, le théologien, le synesthète – qui ne pouvaient guère être abordées dans un tel cadre,.


Une vie marquée par trois figures de femme, à commencer par sa mère, Cécile Sauvage, dont Marie-Christine Barrault récite des poèmes illustrant une maternité radieuse de manière à la fois naïve et ampoulée. Claire Delbos, sa première épouse, violoniste et compositeur, mit en musique ces textes, mais elle est évoquée ici au travers des Poèmes pour Mi (1937) que lui dédia Messiaen: excellemment accompagnée par Roger Muraro dans cinq des neuf pages de ce recueil, Yumi Nara ne se montre cependant pas sous son meilleur jour, l’investissement expressif ne parvenant pas toujours à compenser une diction inégale et une voix trop pâteuse. Et Dominique… My conclut la soirée en dirigeant le Chœur de Radio France dans les Cinq Rechants (1948), dernier volet, après Harawi et la Turangalîla-Symphonie, d’une trilogie «tristanesque», inspirée à Messiaen par celle qui allait devenir sa seconde femme, Yvonne Loriod, notamment dédicataire et créatrice des Vingt regards sur l’Enfant-Jésus (1944), dont le sixième, le redoutable Par Lui tout a été fait, figurait également au programme.


Pour ce qui est de l’œuvre, les Bouffes du Nord ne permettaient pas de rendre justice à ses dimensions organistique et orchestrale, les organisateurs prenant le risque de laisser le néophyte sur l’impression que Messiaen aurait essentiellement écrit pour la voix: hormis les extraits des Poèmes pour Mi et les Cinq Rechants, on n’aura en effet entendu qu’une pièce des Vingt regards, alors que son riche catalogue pianistique ou même chambriste aurait sans doute mérité d’être davantage mis en valeur.


De même, parmi les inspirations, Mozart, Berlioz et Moussorgski n’ont pas été retenus: ce seront ici le grégorien – avec, en ce lendemain de fête des rois, des extraits de la Messe pour l’Epiphanie chantés par Dominique Vellard et Gerd Türk – et, bien évidemment, Debussy – avec trois de ses Préludes du Second livre (1912).


D’une influence considérable viennent témoigner un bref in memoriam signé Takemitsu – Rain tree sketch II (1992) – puis une création plus développée (treize minutes) de Nguyen Thien Dao, un ancien des fameuses classes d’analyse et de composition de Messiaen: dans Duo vivo, les percussionnistes du Triloc Duo, Tristan Blum et Loïc Defaux, se font face au vibraphone et au marimba, auxquels s’ajoutent, pour chacun d’entre eux, deux cymbales suspendues et une timbale. Tour à tour méditatif et spectaculaire, lyrique autant que l’effectif instrumental l’autorise, le propos est souligné par une mise en lumière menant de la pénombre à la clarté.


Quant à la postérité, elle est illustrée par le Concours Olivier Messiaen de piano contemporain, dont le grand prix de la troisième édition a été attribué le mois dernier à Le Liu. La pianiste chinoise atteste de la grande solidité de cette compétition, avec un Debussy sans atermoiements, objectif et impulsif à la fois, un Takemitsu sensible puis un Messiaen athlétique, proche de Bartok et de Prokofiev.


Deux excellents sites anglophones consacrés à Messiaen: http://www.oliviermessiaen.net et http://www.oliviermessiaen.org
Le site du Concours Olivier Messiaen
Le site de Nguyen Thien Dao



Simon Corley

 

 

Copyright ©ConcertoNet.com