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Objectif Espagne

Paris
Salle Pleyel
12/04/2007 -  et 12 (Zaragoza), 13 (Santander), 14 (Aviles), 15 (Valladolid) décembre 2007
Igor Stravinski : L’Oiseau de feu (Suite)
Maurice Ravel : Concerto en sol
Modeste Moussorgski : Tableaux d’une exposition (orchestration Maurice Ravel)

Roger Muraro (piano)
Orchestre du Conservatoire de Paris, Lionel Bringuier (direction)


L’Orchestre du Conservatoire de Paris (CNSMDP) a rodé Salle Pleyel le programme qu’il donnera à quatre reprises en Espagne du 12 au 15 décembre: un moment important car cette tournée marque le début d’un échange avec l’Ecole supérieure de musique Reina Sofia de la Fondation Albéniz (Madrid), dont l’orchestre se produira également à Pleyel, sous la direction de Vladimir Ashkenazy, le 3 juillet prochain. La vie musicale de l’autre côté des Pyrénées a connu une évolution positive au cours des dernières années, avec la création de salles de concerts, d’orchestres et d’écoles de musique: l’objectif est donc de faire en sorte que les étudiants découvrent les nouvelles opportunités que ce pays offre désormais aux musiciens professionnels.


Les prestations des orchestres de jeunes suscitent rarement des déceptions, car s’y mêlent une concentration – sans doute accrue ici par le défi consistant à jouer dans l’une des grandes salles de la capitale – et un enthousiasme que leurs aînés perdent parfois certains soirs. La façon dont ils prennent longuement le temps de s’accorder, à la manière d’un ensemble baroque, en témoigne d’emblée. Certes, dans la Suite de L’Oiseau de feu (1910), les équilibres ne sont sans doute pas parfaits et quelques imprécisions, qui disparaîtront sans doute lors des prochains concerts, trahissent le stress ou l’inexpérience, malgré de belles interventions du hautbois ou du basson.


Mais l’engagement ne fait jamais défaut: contrairement à une formation plus aguerrie face à une partition appartenant au grand répertoire, les musiciens ne peuvent se mettre en roue libre. En même temps, le travail du chef n’en est que plus important – et, en l’espèce, il n’est pas plus âgé qu’eux, puisqu’il s’agit de Lionel Bringuier, vainqueur du concours de Besançon en 2005. De ce point de vue, celui qui est déjà, à vingt et un ans seulement, assistant conductor à l’Orchestre philharmonique de Los Angeles, ne déçoit pas, renouvelant l’intérêt de ces pages célèbres et restituant à chacune son caractère propre: mystérieux (Introduction), rebondissant (Danse de l’oiseau de feu), subtil (Ronde des princesses), spectaculaire (Danse infernale), poétique (Berceuse) et grandiose (Final).


Avant d’attaquer le Concerto en sol (1931) de Ravel, Roger Muraro se livre à de grands mouvements des bras et des mains au-dessus du clavier, comme pour se livrer à un exorcisme. Mais son interprétation tient davantage de l’objectivité que de la sorcellerie, l’émotion venant plus souvent de l’orchestre dans les deux premiers mouvements. Cette approche néoclassique convient en revanche au redoutable Presto final, bissé à juste raison, pétillant et ludique, avec un humour pince-sans-rire qui siérait parfaitement, en cette fin des «années folles», à quelque film muet.


A nouveau Ravel en seconde partie, avec son orchestration (1922) des Tableaux d’une exposition (1874) de Moussorgski. Après une première Promenade un peu nonchalante, Bringuier confirme sa poigne et son talent: il sait ainsi capter l’attention pour mettre en valeur une simple monodie (Samuel Goldenberg et Schmuÿle) ou un petit groupe d’instruments (Catacombæ). Avec un indéniable sens dramatique que traduit notamment son goût pour les effets spéciaux, il réussit tout particulièrement dans les pièces fantastiques (Gnomus, La Cabane sur des pattes de poule) ou vives (Tuileries, Ballet des poussins dans leurs coques, Limoges – Le Marché). Dans les autres pièces, les pupitres vedettes – saxophone alto (Il vecchio castello), tuba ténor (Bydlo) mais aussi trompette (et trompette piccolo) – défendent leur partie de façon satisfaisante, tandis que La grande porte de Kiev, si elle n’évite pas le piège d’un démarrage un peu trop fort, ne tombe toutefois pas dans celui de la grandiloquence.


En bis, la Danse bohémienne concluant la Seconde suite de Carmen (1875) se révèle un choix diplomatiquement pertinent dans son souci d’adresser un clin d’œil à l’Espagne, mais musicalement plus contestable, compte tenu de la frustration que suscitent ces arrangements posthumes de numéros vocaux qu’un certain Fritz Hoffmann a réalisés après la mort de Bizet.



Simon Corley

 

 

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