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Adieux schubertiens

Paris
Salle Gaveau
11/26/2007 -  
Franz Schubert : Trios avec piano n° 1, D. 898, et n° 2, D. 929

Beaux-Arts Trio: Menahem Pressler (piano), Daniel Hope (violon), Antonio Meneses (violoncelle)


L’automne, saison des adieux? Après le Quatuor Vermeer (voir ici), c’est maintenant un ensemble sans doute encore plus renommé, le Beaux-Arts Trio, qui interrompt son activité: dans la formation qui est la sienne depuis cinq ans, il accomplit actuellement une tournée européenne qui marquera notamment sa dernière apparition parisienne. Les véritables adieux seront toutefois réservés à l’Amérique du Nord en avril et en août prochains, notamment à Tanglewood, sur le lieu même où il fit ses débuts, le 13 juillet 1955, puis à une ultime tournée européenne, du 25 août au 6 septembre.


S’il paraît aisé de citer bon nombre de quatuors mythiques, le prestige acquis par le Beaux-Arts Trio dans son domaine demeure sans précédent et, pour l’heure, sans véritable successeur. Pour l’occasion, la Salle Gaveau a donc retrouvé l’affluence des grands soirs, associant le monde musical (Jean-Efflam Bavouzet, Bechara El-Khoury, David Fray, Ivry Gitlis, Kurt Masur – qui dirigera le Beaux-Arts Trio dans le Triple concerto de Beethoven le 7 juillet prochain au Théâtre des Champs-Elysées –, Alain Planès, …) mais aussi médiatique (Alain Duhamel).


En plus d’un demi-siècle, le Beaux-Arts Trio a connu de nombreux changements, intervenus tant au violon (Daniel Guilet, Isidore Cohen, Ida Kavafian, Young Uck Kim) qu’au violoncelle (Bernard Greenhouse, Peter Wiley). Il ne pouvait en revanche survivre au départ de Menahem Pressler, l’un de ses fondateurs, tant ce concert confirme que plus encore que l’animateur ou la mémoire de ce trio, il en demeure l’âme. S’apprêtant à fêter ses quatre-vingt-quatre ans le 16 décembre prochain, le pianiste, toujours bon pied bon œil, a exactement l’âge des deux autres musiciens réunis, qui n’étaient d’ailleurs pas nés lorsque le trio fut fondé – le violoniste sud-africain Daniel Hope a trente-trois ans tandis que le violoncelliste brésilien Antonio Meneses en a cinquante – et qui pourront désormais se consacrer pleinement à leur carrière soliste (Daniel Hope vient d’ailleurs de consacrer un disque à Mendelssohn chez Deutsche Grammophon).


Par-delà les vicissitudes du temps, Pressler aura ainsi assuré la permanence de l’identité sonore du Beaux-Arts Trio: une rondeur, une Gemütlichkeit reconnaissables entre toutes, qui sont encore celles de son toucher délicat et de ses traits perlés, témoignant en outre d’une technique pas plus imprécise et d’une couleur plus agréable que celles de ses partenaires. Et quoi de plus approprié à ce style que les deux Trios (1827) de Schubert, au programme de cette dernière apparition dans la capitale?


Si le départ des Vermeer avait diffusé un parfum de nostalgie, rien de tel ici: tout en ne cessant d’être à la manœuvre, Pressler, heureusement plus cabotin dans ses mimiques que dans son jeu, aborde ces pages avec une fraîcheur presque naïve, comme s’il les interprétait pour la première fois, s’étonnant de telle modulation inattendue ou de telle autre surprise rythmique. Une grâce et un charme qui conviennent au Premier trio, mais qui n’émoussent pas un Second trio – «masculin», pour reprendre la célèbre distinction opérée par Schumann – robuste et bien charpenté.


Le Notturno aurait pu couronner cette soirée schubertienne, mais les spectateurs n’en ont pas moins obtenu trois bis. D’abord le Scherzo du Premier trio (1839) de Mendelssohn, puis les deux pièces déjà données au Théâtre de la Ville, voici tout juste quatre ans (voir ici): qualifié par Pressler de «marque de fabrique» du Beaux-Arts Trio, le quatrième mouvement du Quatrième trio «Dumky» (1891) de Dvorak s’épanche comme un bouleversant Abschied mahlérien; les choses auraient pu en rester là, mais l’enthousiasme est tel que le dernier mot sera pour le deuxième mouvement (Allegro non troppo) du Second trio (1944) de Chostakovitch, «scherzo du diable», selon Pressler, effectivement pris à un train d’enfer.


Le site du Beaux-Arts Trio
Le site de Menahem Pressler



Simon Corley

 

 

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