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Une intégrale bienvenue

Paris
Salle Pleyel
11/04/2007 -  et 20, 21 octobre (Los Angeles), 14 novembre (Madrid) 2007
Jean Sibelius : La Fille de Pohjola, opus 49 – Symphonies n° 1, opus 39, et n° 3, opus 52

Los Angeles Philharmonic, Esa-Pekka Salonen (direction)


Difficile à Paris de se rendre compte que l’on célèbre le cinquantième anniversaire de la mort de Jean Sibelius. De janvier à décembre 2007, on ne relève en effet que les incontournables Finlandia et Concerto pour violon: la routine, autrement dit, que Radio France ne réveille guère, en faisant appel à deux chefs finlandais invités, Paavo Berglund avec le Philhar’ dans la Quatrième en juin (voir ici), puis Mikko Franck avec le National dans la Cinquième en décembre.


Heureusement, les sept Symphonies données Salle Pleyel et éclairées par des notes de Marc Vignal, auteur de l’ouvrage de référence paru chez Fayard en 2004, viennent combler les lacunes d’une programmation qui, année après année, persiste à négliger celui qui peut sans doute être considéré comme le plus grand symphoniste du siècle passé. Canteloube, Korngold ou Schoeck, également disparus en 1957, ne pouvaient dès lors espérer grand-chose, et cette frilosité ne semble pas de bon augure, en 2008, pour Schmitt et Vaughan Williams, puis, en 2009, pour Bloch, Martinu et Villa-Lobos.


Alors que les cycles Beethoven, Brahms, Chostakovitch et Mahler, mais aussi Mendelssohn ou Schumann, n’ont pas manqué au cours des dernières années, il faut remonter à la saison 1999-2000 pour retrouver une intégrale Sibelius: l’Orchestre de Paris l’avait alors confiée à plusieurs chefs (Oramo, Sanderling, Sado, Saraste, Dohnanyi et Ashkenazy) et complétée par trois de ses plus célèbres poèmes symphoniques (voir ici).


Cet unique hommage rendu au compositeur finlandais, malgré son excessive concentration (quatre concerts en cinq jours), était d’autant plus attendu qu’il échoit à l’un de ses compatriotes, Esa-Pekka Salonen, qui, aussi surprenant que cela puisse paraître, n’avait jusqu’alors jamais interprété l’ensemble des Symphonies. Comme s’il avait sciemment tardé à affronter ce massif, il n’a pour l’heure abordé au disque que les deux vastes partitions qui l’introduisent – Kullervo et la Suite de Lemminkäinen – et, avec l’Orchestre Philharmonia, la seule Cinquième. Salonen se lance dans cette entreprise, rodée le mois dernier aux Etats-Unis et présentée au cours d’une tournée de dix-huit jours faisant par ailleurs étape à Londres, Barcelone, Lisbonne et Madrid, alors même que son mandat à l’Orchestre philharmonique de Los Angeles, dont il est le directeur musical depuis 1992, touche à sa fin, Gustavo Dudamel devant lui succéder à la rentrée 2009.


Car à l’affiche Sibelius/Salonen s’ajoute la venue d’une prestigieuse formation américaine, la troisième en trois mois à Pleyel, après Boston en septembre (voir ici) et Chicago en octobre. De ce point de vue, La Fille de Pohjola (1906) montre d’emblée que Los Angeles tient parfaitement son rang: somptueux sans être ronflant, l’orchestre brille également par sa cohésion, notamment dans ces pages dont les harmonies et le contrepoint audacieux ont peu de choses à envier au Schönberg de Pelléas et Mélisande. Les individualités ne sont pas en reste, aucun pupitre ne le cédant à l’autre en qualité: les dernières mesures en témoignent de façon éloquente, la précision des violons dans l’aigu laissant place à des basses sonores s’effaçant dans un morendo impeccablement réalisé.


Effectif allégé pour la Troisième symphonie (1907): avec Salonen, la «Pastorale» de Sibelius cultive sans doute davantage la civilité et l’urbanité que la rusticité ou la saveur, mais cette vision à la fois énergique et objective convient à ce que l’œuvre peut posséder de «néoclassique». En seconde partie, le public parisien acclame une Première symphonie (1899/1900) spectaculaire et généreuse, servie par une mise en place superlative, dont attestent maints détails (soin apporté aux accord conclusifs de l’Andante, Scherzo mené à vive allure): une approche à la fois dramatique, souple et acérée, aux phrasés toujours tenus, évitant tout sentimentalisme, où la fermeté du discours et l’élan péremptoire établissent un lien direct avec Beethoven, sans détour via Tchaïkovski ou Dvorak.


C’est un traitement radicalement différent des racines «folkloriques» qui résonne en bis, avec le mélange de couleur locale et d’ironie qu’offre le deuxième mouvement du Concert romanesc (1951) de Ligeti – un compositeur auquel Salonen est attaché de longue date (voir par exemple ici ou ici).


Alors qu’un tel événement devrait se donner à guichets fermés, les vacances scolaires expliquent peut-être quelques fauteuils vides – relativement peu nombreux, mais déjà trop nombreux – en ce dimanche après-midi. Il reste encore des places pour les trois autres concerts: une occasion à saisir, surtout s’il faut encore attendre huit ans la prochaine intégrale…


Le site d’Esa-Pekka Salonen
Le site de l’Orchestre philharmonique de Los Angeles



Simon Corley

 

 

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