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La valeur n’attend pas…

Paris
Salle Pleyel
10/05/2007 -  
Johannes Brahms : Concerto pour piano n°2, opus 83
Ludwig van Beethoven : Symphonie n°7, opus 92

Leif Ove Andsnes (piano)
Orchestre Philharmonique de Radio France, Gustavo Dudamel (direction)

Vingt-six ans, seulement vingt-six ans. Et la direction de l’Orchestre de Göteborg depuis cette saison, en attendant celle de l’Orchestre de Los Angeles en 2009, pour succéder à Esa-Pekka Salonen. Sans compter l’Orchestre Simon Bolivar, Orchestre National des jeunes du Venezuela. Gustavo Dudamel est un phénomène, vite repéré par Universal, qui lui a fait enregistrer les Cinquième et Septième de Beethoven, puis la Cinquième de Mahler. Un phénomène, mais pas un produit médiatique surfait, comme les maisons de disques et les agents savent si bien en fabriquer – et en vendre. Les plus grands orchestres du monde se l’arrachent déjà. C’est dire si ce concert avec le « Philhar » était attendu.


Le Second Concerto de Brahms révèle d’emblée une direction sanguine, fougueuse, latine en un mot. Rien d’épais ou de brumeux, encore moins de statique : le Brahms du Premier Concerto n’est pas si loin, à l’opposé d’une certaine tradition. La baguette flamboie, dramatise la partition, fouette l’orchestre, en particulier dans l’Allegro non troppo initial. On dit le Concerto symphonique : il devient théâtral, au meilleur sens du terme, presque un opéra pour piano et orchestre, tant l’un et l’autre chantent. Avec Leif Ove Andsnes, c’est un peu le dialogue Nord Sud : autant le chef est dionysiaque, autant le soliste est apollinien, refusant la grandeur titanesque souvent associée à cet opus, d’une remarquable clarté, avec une sonorité superbement timbrée du grave à l’aigu, ce qui permet un vrai dialogue avec l’orchestre – il ne s’agit pas seulement de masses, mais de couleurs. Certains passages sont d’une beauté plastique frisant la perfection, notamment le Più adagio de l’Andante précédant la reprise du thème au violoncelle solo – magnifique Nadine Pierre. Joué en bis, l’Andante inaugural de Dans les brumes de Janácek est miraculeux d’invention et de poésie.


On sent alors ce que sera la Septième Symphonie de Beethoven, qui confirme que le chef, aussi passionné soit-il, tient les choses en main. Si l’on a pu trouver que le Concerto de Brahms, ici ou là, avait encore besoin de mûrir et de se nuancer, la Symphonie impressionne par la façon dont Gustavo Dudamel la domine. Il le faut bien, d’ailleurs, avec des tempos aussi rapides : le Presto est une trombe, le Finale est une tornade. Mais l’orchestre suit, visiblement très heureux, montrant qu’il est ce qu’on en fait, si différent de ce qu’il était dans Dvorák avec Myung-Whun Chung. « Apothéose de la danse » selon Wagner, l’œuvre perd souvent son rythme dans la rapidité : rien de tel, la tension rythmique est maintenue de bout en bout, dès le Vivace initial, précédé d’un Poco sostenuto où l’équilibre s’affirme entre les blocs et les lignes. Autre écueil évité : l’uniformisation des nuances, en particulier dans un Allegretto témoignant de la capacité de l’orchestre à jouer pianissimo – notamment dans le passage fugato de la section médiane. Rien, enfin, ne se noie dans la masse : même dans le Finale, pourtant très cravaché et qui se modérera peut-être demain, tout s’entend, même du côté des cordes au bord de l’implosion, grâce à une direction qui reste, dans son incandescence, d’une grande précision.


Oui, vraiment, un phénomène. Mais, surtout, un musicien.



Didier van Moere

 

 

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