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Les accords de Munich

Paris
Théâtre des Champs-Elysées
09/29/2007 -  
Joseph Haydn : Symphonie n°104 "Londres"
Anton Bruckner : Symphonie n°7

Orchestre symphonique de la Radio bavaroise, Mariss Jansons (direction)

Salle pleine mais pas comble pour l’Orchestre de la Radio bavaroise. Y a-t-il trop d’orchestres prestigieux en ce moment dans un Paris où les salles semblent plus se concurrencer que se coordonner ? Il est vrai que les Bavarois sont moins célèbres que les Berlinois, par exemple. Ils n’en restent pas moins un des meilleurs orchestres d’Europe, depuis leur création en 1945 par Eugen Jochum. Kubelik, Davis, Maazel, Jansons aujourd’hui: ils ont été gâtés.
Le concert donné au TCE a donné un exemple éclatant des qualités de l’orchestre et du chef. D’emblée, la Symphonie n°104 de Haydn montre à la fois l’homogénéité de l’orchestre, où les pupitres sont tous d’un égal niveau, et son entente avec le chef, dont il apprécie visiblement la précision et la vigilance. Pas un détail n’échappe à Mariss Jansons, il a l’œil à tout. L’Adagio introductif rassure ceux qui craignaient d’entendre un Haydn anachroniquement épais : les timbales ne sont pas celles de la Neuvième de Beethoven, les cordes ne confondent pas le piano et le pianissimo, tout se perçoit parfaitement. Souple mais aiguisée, la baguette mène l’Allegro avec une vivacité rien moins que sèche. L’Andante trouve son équilibre entre la bonhomie des parties extrêmes et le dramatisme quasi théâtral de la section médiane, sans exacerbation inutile des contrastes. Le Menuet est franc de goût, sans heurt ni précipitation, avec une grande finesse, au moment du Trio, dans dialogue des bois et des cordes. Si le chef s’abandonne à tout le sel du Spiritoso final, dont il exalte aussi la puissance, il ne cesse de garder la main, très attentif, notamment, aux voix intermédiaires, qu’il ne sacrifie pas. En d’autres termes, il dirige. Trop ? non, car il ne se raidit pas, ne perd pas toute spontanéité, même si Papa Haydn peut sembler moins permissif qu’avec d’autres.
On ne perd jamais, de toute façon, à entendre ce qui est écrit. Ainsi Mariss Jansons évite-t-il, dans la Septième Symphonie de Bruckner, plusieurs écueils : l’hédonisme qui nuit à l’enchaînement des sections – toujours délicat, étant donné la façon dont le compositeur structure ses œuvres, en particulier les développements -, le gigantisme boursouflé confondu avec la puissance, le mysticisme anémié. L’Allegro moderato conquiert aussitôt par l’équilibre des plans sonores, les cuivres, ni secs ni agressifs, n’étouffant pas les cordes, même au plus fort de crescendos aussi impressionnants que savamment dosés – exemplaire tenue des timbales également. Aucune complaisance dans l’Adagio « très solennel et lent », dont les phrasés ne se diluent jamais du côté des cordes – une tentation à laquelle on ne résiste pas toujours – ; chef et musiciens obtiennent une magnifique pâte sonore sans que la forme se délite. Tout aussi tenu et tendu est le Scherzo, pourtant très difficile à diriger, souvent trop figé ou trop amorphe, avec, là encore, des voix intermédiaires très présentes. Le Finale est d’un dramatisme intense : à la fin, le chef puise sans les épuiser dans les réserves de puissance de l’orchestre, atteignant à une grandeur épique. Une grandeur qu’il a su, dans toute la Symphonie, concilier avec la rigueur et la passion, quitte peut-être à brider un peu l’inspiration de l’instant, préférant se montrer architecte plutôt que magicien. S’agissant de Bruckner, on lui donne raison.




Didier van Moere

 

 

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