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Fond musical de premier plan

Bruxelles
La Monnaie
09/15/2007 -  16, 18, 19*, 20 septembre 2007
Hans Werner Henze : Phaedra
Maria Riccarda Wesseling/Natascha Petrinsky* (Phaedra), Marlis Petersen (Aphrodite), John Mark Ainsley (Hippolyt), Axel Köhler (Artemis), Lauri Vasar (Minotaurus)
Ensemble Modern, Michael Boder (direction)
Peter Mussbach (mise en scène), Olafur Eliasson (scénographie), Bernd Skodzig (costumes), Olaf Freese (éclairages)



On le remarque d’emblée en prenant place : l’orchestre ne se situe pas dans la fosse mais au fond de la salle. Et nous ne sommes pas au bout de nos surprises tant ce spectacle bouleverse nos repères. Exploitant habilement l’espace du théâtre, la scénographie imaginée pour Phaedra, le dernier opéra de Hans Werner Henze, porté sur les fonts baptismaux le 6 septembre dernier à Berlin, créée des jeux de lumière et de miroir épatants.


Apparaissant régulièrement sur la scène, une immense glace permet à tous de voir l’orchestre et, surtout, les personnages sous un angle inédit. Ceux-ci évoluent sans cesse sur une passerelle reliant le fond de la salle au plateau. Mais cette proximité avec le spectateur n’est que physique car la mise en scène de Peter Mussbach, riche, complexe, stylée, mais non dépourvue, par instants, de maniérisme, impose une distance. On peine, de ce fait, à être ému par cette Phaedra moderne, débarrassée de toute référence visuelle à la mythologie. Certains lui reprocheront également son hermétisme et son exigence. En ignorant les intentions de Mussbach, spécifiées dans le programme, on perd en effet beaucoup de sa richesse, ce qui est en soi une limite. Mais, sans recourir à l’expédient de la vidéo, le dispositif, pertinent et servant toujours la musique, s’avère résolument moderne, la touche d’expérimentation ne nuisant en rien à la beauté plastique de ce spectacle.


Complétée par une électroacoustique jamais envahissante, mais très à-propos, la musique de Hans Werner Henze, sur un livret de Christian Lehnert, est l’autre force de cette production. Conçue pour un orchestre d’une vingtaine de musiciens, dominé par les cuivres et les percussions, cette composition dévoile un métier époustouflant et regorge de passages de toute beauté. Fondée sur le principe sériel, elle s’avère constamment séduisante, somptueuse, et d’une richesse de timbres remarquable. C’est l’écriture d’un octogénaire qui ne regarde pas en arrière et qui signe une œuvre économe, concise, efficace.


Emmené par Michael Boder, l’Ensemble Modern, jamais invité auparavant par la Monnaie, séduit par ses timbres, impressionne par son impact et convainc par ses couleurs. Pour originale qu’elle soit, la disposition des musiciens dans la salle ne permet peut-être pas d’apprécier au mieux sa prestation, mais les effets sonores obtenus sont magnifiques. Quant au très beau plateau vocal, sans faiblesse, mais que domine peut-être l’excellent John Mark Ainsley (Hippolyt), il se distingue par son incarnation juste et par son souci constant du beau chant.


Avec la première production scénique de son mandat, Peter de Caluwe semble poursuivre la politique de son prédécesseur en faveur de la musique contemporain (La Lumière Antigone de Pierre Bartholomée sera créée aux Ateliers de la Monnaie en avril prochain). C’est une bonne chose, car l’opéra ne restera actuel qu’en suscitant la création de nouveaux ouvrages. Autant, sinon plus, qu’en relisant, avec un regard d’aujourd’hui, des chefs-d’œuvre lyriques du passé.





Sébastien Foucart

 

 

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