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Un ton en dessous

Paris
Palais Garnier
09/08/2007 -  et 11, 14, 17, 20, 23, 26, 28 septembre 2007
Richard Strauss : Capriccio, opus 85
Solveig Kringelborn (Die Gräfin), Olaf Bär (Der Graf), Charles Workman (Flamand), Tassis Christoyannis (Olivier), Jan-Hendrik Rootering (La Roche), Doris Soffel (Die Schauspielerin Clairon), Elena Tsallagova (Eine italienische Sängerin), Juan Francisco Gatell (Ein italienischer Tenor), Robert Tear (Monsieur Taupe), Jérôme Varnier (Der Haushofmeister), Jason Bridges, Igor Gnidii, Mihajlo Arsenski, Etienne Dupuis, Bartlomiej Misiuda, Johannes Weiss, Vincent Delhoume, Mark Richardson (Acht Diener)
Orchestre de l’Opéra national de Paris, Hartmut Haenchen (direction musicale)
Robert Carsen (mise en scène, lumières), Michael Levine (décors), Anthony Powell (costumes), Peter Van Praet (lumières), Ian Burton (dramaturgie), Jean-Guillaume Bart (chorégraphie)


Avant des spectacles qui apparaissent d’ores et déjà prometteurs (le rare Ariane et Barbe-Bleue de Dukas, Parsifal et Wozzeck vus respectivement par Warlikowski et Marthaler, …), l’Opéra national de Paris ouvre sa saison par huit représentations de Capriccio (1941), reprenant ainsi la dernière production du mandat de Hugues Gall, qui, lors de sa création en juin 2004 (voir ici), avait suscité l’unanimité.


Robert Carsen, qui reviendra d’ici quelques semaines pour un nouveau Tannhäuser à Bastille, en est le metteur en scène et l’on retrouve ici avec plaisir la façon dont il abolit la frontière entre la fiction et la réalité, grâce à un livret qui lui autorise toutes les constructions en abyme et qui lui permet de brouiller les repères: rideau ouvert, les musiciens entrent en scène, précédés et assistés par les domestiques, sont applaudis par le (vrai) public, puis s’accordent et jouent le Sextuor introductif sous le regard attentif de Flamand, le compositeur; à rebours, la Comtesse et La Roche feront ensuite une apparition dans la salle. Dans une parfaite progression, tout semble tendre vers le fameux tableau final, où la confusion entre le théâtre et le réel tient à la fois de la poésie et du clin d’œil, en pleine harmonie avec le sujet et l’esprit de l’opéra de Strauss.


L’intelligence et la subtilité du dispositif sont tels que les décors de Michael Levine n’ont pas besoin de flatter outrageusement les sens: comme dans le Cosi de Chéreau, l’action se déroule essentiellement côté coulisses, à peine agrémentées d’une toile peinte, parmi les malles en osier et les projecteurs. En cohérence avec la conception de Carsen, les costumes d’Anthony Powell évoquent l’époque de la composition plutôt que celle de l’action.


Quoi de neuf, dès lors, dans ce Capriccio? D’abord, une fosse qui, grâce à l’élévation de la partie située sous l’avancée de la scène, voit sa capacité passer de 85 à 110 musiciens, retrouvant ainsi, selon le communiqué de l’Opéra national de Paris, «le volume qu’elle avait à l’époque de Rolf Liebermann, lorsque Pierre Boulez y dirigeait Lulu en 1979». En tout cas, une fosse qui débute la saison au plus haut niveau, avec un orchestre soyeux et réactif à souhait, conduit avec souplesse par Hartmut Haenchen (qui dirigera également Parsifal au printemps prochain), parvenant à assurer un bel équilibre dans les ensembles.


Mais, bien entendu, c’est avant tout la distribution vocale qui, à l’exception du plaisant Monsieur Taupe de Robert Tear, a entièrement changé. Le plateau, voici trois ans, était exceptionnel, dominé par Renée Fleming, Franz Hawlata et Anne Sofie von Otter: leurs successeurs dans ces trois rôles ne déméritent pas, tant s’en faut, mais l’inévitable comparaison peut difficilement leur être favorable. La Comtesse de Solveig Kringelborn ne possède évidemment pas le velouté de Fleming, ni même son aura ou sa perfection technique, avec des aigus parfois fragiles. Solide et bougon plus que flamboyant, Jan-Hendrik Rootering réalise une composition dramatique convaincante en directeur de théâtre, mais paraît trop souvent à bout de souffle. Doris Soffel fait davantage penser à Herodias ou à Clytemnestre, campant une Clairon autoritaire et féroce, à laquelle elle confère un timbre étrangement métallique et nasal.


Jusqu’au couple de chanteurs italiens particulièrement exubérant formé par Elena Tsallagova et Juan Francisco Gatell, le reste de l’affiche offre toutefois des compensations de choix, qu’il s’agisse de l’excellent Comte d’Olaf Bär, modèle de mise en valeur du texte, ou du Flamand de Charles Workman, toujours aussi clair et radieux: un caractère et une présence qui, au détriment du rapport de forces paritaire qu’appelle l’intrigue, lui donnent un avantage très net dans sa lutte avec l’Olivier de Tassis Christoyannis, plus léger et moins assuré.


Le site de l’Opéra national de Paris



Simon Corley

 

 

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