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Requiems casadéens

Chaise-Dieu
Abbatiale
08/23/2007 -  et 24 août 2007
Pascal Dusapin : Umbræ mortis
Anton Bruckner : Salvum fac populum tuum – Vexilla Regis – Os justi – Christus factus est – Ave Maria (n° 2) – Libera me – Virga Jesse
Gabriel Fauré : Requiem, opus 48 (version de 1893)

Solange Anorga (soprano), Konrad Jarnot (baryton)
Accentus, Orchestre national de France, Laurence Equilbey (direction)


Pour sa première participation au Festival de La Chaise-Dieu, le chœur de chambre Accentus effectue une entrée remarquée, avec pas moins de trois concerts en deux programmes: le premier, entièrement religieux, présenté deux fois en l’abbatiale; le second s’ouvrant à la musique profane avec des transcriptions de pages de Wagner, donné au Puy-en-Velay.


Le festival demeure l’un des très rares lieux où les téléphones portables ne viennent jamais perturber le déroulement d’un spectacle, mais l’attitude du public durant les brèves introductions offertes aux grandes orgues ne laisse pas de surprendre. Alors même que ce moment répond semble-t-il à une forte attente des spectateurs, très attachés à pouvoir entendre l’instrument dans ce cadre, certains d’entre eux poursuivent leurs conversations à voix haute comme si de rien n’était: comportement d’autant moins justifiable que l’intensité des lumières est diminuée avant l’intervention de l’organiste, ce qui devrait attirer leur attention sur la nécessité de faire silence. Dommage pour ces morceaux choisis le plus souvent avec un réel souci d’originalité, comme ce Prélude des Trois pièces (1893) de Pierné, interprété par Shin-Young Lee.


La suite de la soirée demeurait dans la seconde moitié du XIXe siècle, à l’exception toutefois d’Umbræ mortis (1997) de Dusapin. De même que la Messe glagolitique de Janacek, bien que fondée sur les textes liturgiques usuels, peut être considérée comme une “messe laïque”, de même s’agit-il ici d’un “requiem laïc”, avec ses bribes et échos des paroles du Requiem d’Ockeghem, mais caractérisé par une économie d’écriture et d’expression qui traduit la volonté du compositeur de ne pas évoquer un office religieux, impression confortée ici par la manière dont Accentus évite de surjouer cette courte méditation à la mémoire de Francisco Guerrero (1951-1997).


L’essentiel de la première partie était dédié à sept pages de Bruckner: trois des quatre graduels (hormis le célèbre Locus iste) et quatre autres motets. Dès le Salvum fac populum tuum (1884), la cohésion, la justesse et la mise en place sont évidemment au-dessus de tout soupçon et l’on retrouve en même temps le désormais célèbre “son Accentus”, cette façon d’éluder presque systématiquement les attaques, de donner l’impression d’un souffle inépuisable, de cultiver des sonorités à la fois pures et moelleuses, de rechercher des couleurs quasi instrumentales, faisant de la trentaine de chanteurs un véritable orchestre vocal. Cette magnificence se déploie non seulement dans la puissance – Christus factus est (1884) – mais aussi, chose plus périlleuse, dans les pianissimi – péroraison d’Os justi (1879), amen de l’Ave Maria (1861). Une telle perfection, au regard de laquelle les trois trombones paraissent à la peine pour accompagner le Libera me (1854), en finirait par étouffer les sentiments, encore que Vexilla Regis (1892) exhale une sorte de douceur nostalgique et Virga Jesse (1885) une joie profonde.


Requiems casadéens: après l’évocation funèbre de Dusapin et le Libera me de Bruckner, la seconde partie était intégralement consacrée au Requiem (1888/1891) de Fauré, dans sa “version de 1893”, redécouverte il y a une vingtaine d’années et caractérisée par un effectif instrumental plus restreint que la version de 1900. Quel plaisir, après les déconvenues subies avec l’Orchestre de Bretagne (voir ici) puis avec Anima eterna (voir ici), que de pouvoir enfin entendre, grâce au National, même privé de ses violons et de ses bois, une formation digne de ce nom! Disposant ainsi de forces chorales et instrumentales d’un grand raffinement, Laurence Equilbey aurait pu se complaire dans le caractère consolateur, voire sulpicien, de ce Requiem délibérément intimiste. Mais son interprétation ne se veut pas uniment sereine, même si Accentus se révèle évidemment idéal dans les textures diaphanes (Sanctus, In paradisum): le propos se fait d’autant plus âpre et énergique (Introït, Agnus Dei) que Konrad Jarnot, dans l’Offertoire et le Libera me, a tendance à dramatiser ses interventions, avec un vibrato excessif, alors même que sa voix, très tendue, manque de projection. En revanche, Solange Anorga, issue des rangs d’Accentus, s’impose dans le Pie Jesu par sa fraîcheur et sa simplicité.


Débuts triomphaux à La Chaise-Dieu pour le chœur et sa fondatrice, mais malgré des rappels insistants, les artistes quittent la scène sans offrir de bis.


Le site d’Accentus



Simon Corley

 

 

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