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Drames et ruptures

Bayreuth
Festpielhaus
08/10/2007 -  08/21/2007
Richard Wagner: Die Walküre
Adrianne Pieczonka (Sieglinde), Linda Watson (Brünnhilde), Albert Dohmen (Wotan), Kwangchul Youn (Hunding), Endrik Wottrich (Siegmund), Michelle Breedt (Fricka), Sonja Mühleck (Gerhilde), Anna Gabler (Ortlinde), Martina Dike (Waltraute), Simone Schröder (Schwertleite), Edith Haller (Helmwige), Wilke te Brummelstroete (Siegrune), Annette Küttenbaum (Grimgerge), Alexandra Petersamer (Rossweisse)
Orchestre du Festival de Bayreuth, Christian Thielemann (direction)
Tankred Dorst (mise en scène)

Die Walküre. Deuxième étape. Avec du recul, L'Or du Rhin de la veille prendrait des allures de gentille musique de chambre par rapport à la réalité et la force du drame qui se dessine. Au risque de sembler énoncer des lapalissades, l’Anneau est une œuvre qui prend infiniment plus de la valeur et de sens lorsqu’on le voit ses opéras à la suite. Même si certains personnages importants comme Alberich n’apparaissent pas, Wotan et Fricka prennent une toute autre dimension, reflétée par une musique d’une force que l’on ne pouvait pas imaginer hier.


La dramaturgie de Tankred Dorst commence à montrer ses limites. Les « humains » présents sur scène semblent de plus en plus gratuits et inexploités. Plus grave, la direction d’acteurs paraît bien superficielle dans les grandes scènes de confrontation du deuxième acte. La beauté des décors et des effets de lumières ne compensent pas le fait que les chanteurs semblent laissés à eux-mêmes et sont d’un statisme qui évoque le théâtre d’un autre temps.


A l’opposé, la direction de Thielemann est de plus en plus inspirée. Son orchestre est de toute beauté, rendant justice à la force de la musique, trouvant des couleurs d’une profondeur exceptionnelle et, à une exception sur laquelle nous reviendrons, accompagnant ses chanteurs avec plus de soin que la veille.


Tous les wagnériens vont l’expliqueront, il n’y a plus de chanteurs ayant le format vocal de leurs ainés. Ce n’est pas que du snobisme de leur part ni le reflet que les orchestres auraient gagnés en puissance sonore dans les dernière décennies mais hélas une certaine réalité. Quel plaisir d’entendre une vraie voix wagnérienne, claire, ample et radiante en la personne d’Adrienna Pieczonka. Voici une chanteuse qui ne force pas, qui sait tirer le maximum de son texte et dont le timbre conserve couleur et plénitude du pianissimo au forte. Le public ne s’y est pas trompé en lui réservant une superbe ovation. (Puisque nous évoquons les chanteuses, mentionnons à nouveau Edith Haller, splendide Freia de la veille qui chantait Helmwige. Il est facile de l’identifier, c’est la deuxième des Walkyries à entrer au troisième acte. Son Hojotoho était parfait. Conseil aux patrons d’opéras, dépêchez vous de l’engager …)


On aimerait être aussi enthousiaste pour son Siegmund. Avant la représentation, toutes les conversations tournaient autour de la question de savoir si Endrik Wottrich, petit ami officiel de Katarina Wagner, allait se faire porter pâle, se faire re-remplacer par Robert Dean Smith ou affronter un des publics les plus exigeants qui soient. Il est venu et, sans faire de polémiques stériles, n’est pas au niveau. La projection est faible, il lui manque des aigus qu’il escamote et son phrasé assez quelconque ne compense pas. Faut-il y voir la marque de quelques tensions avec le chef mais celui-ci a réduit le tempo de façon significative dans son premier solo, ce qui, tous les chanteurs vous le confirmeront, le meilleur moyen de les couler... Ajoutons enfin pour la petite histoire, que contrairement à Michelle Breedt et Kwangchul Youn, il n’est pas venu saluer seul à la fin du deuxième acte, préférant venir avec Pieczonka et évitant ainsi de se faire huer. Finalement, quel dur métier que celui de chanteur… Enfin, nous sommes à Bayreuth et que ce soit sur scène ou ailleurs, tout est bien histoire de famille.


Linda Watson, après une entrée difficile, trouve la dimension du personnage. Elle force souvent à la fin de l’œuvre mais son duo du deuxième acte avec Wotan est de toute beauté. Albert Dohmen nous donne probablement sa meilleure conception. Il a le format vocal de Wotan et trouve les accents justes que demande son personnage oscillant entre colère, détresse et tendresse. Ses adieux du dernier acte, peut-être le sommet musical de toute la Tétralogie, étaient de toute beauté.


A l’extérieur, il pleuvait et le brouillard était tombé. Nous sommes à Bayreuth et le temps obéit à la musique et aux demandes de ses Dieux…



Antoine Leboyer

 

 

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