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Corde(s) sensible(s) Montpellier Le Corum, Salle Pasteur 07/27/2007 - Joseph Haydn : Quatuor à cordes n°74, opus 74 n°3 "Le Cavalier"
Karol Beffa : Orange mécanique
Bedrich Smetana : Quatuor à cordes n°1 "De ma vie"
Quatuor Parker : Daniel Chong, Karen Kim (violon), Jessica Bodner (alto), Kee-Hyun Kim (violoncelle)
Significative d’une des lignes directrices du Festival de Radio France et Montpellier Languedoc-Roussillon, la série de concerts gratuits Jeunes solistes permet de découvrir, sur le temps de midi, des musiciens fraîchement lancés dans le circuit professionnel et, pour certains, ayant fait récemment la une de l’actualité à l’occasion d’une prestation remarquée dans un concours ou d’une sortie discographique.
Créé en 2002 par quatre étudiants du New England Conservatory de Boston, vainqueur du Concours International de Bordeaux de 2005 (voir ici) et menant actuellement une riche carrière aux Etats-Unis et en Europe, le Quatuor Parker se produit dans un programme témoignant d’un éclectisme bienvenu (XVIIIe, XIXe siècles) et d’une louable ouverture à la musique contemporaine.
Dans le Quatuor "Le Cavalier" de Joseph Haydn, les musiciens se fondent sans difficulté dans le moule haydnien : dévoilant une mise en place étudiée et ne trahissant aucune impatience, leur lecture est pleine d’esprit, de style, de clarté et de naturel.
Référence implicite autant qu’explicite au chef d’œuvre homonyme de Stanley Kubrick, Orange mécanique, pour quatuor à cordes et bande, de Karol Beffa ne cache également pas son affiliation à György Ligeti. Citons d’ailleurs textuellement ce compositeur d’origine polonaise, né en 1973 : « Chez Ligeti, deux pôles s’opposent : le clouds et le clocks, selon la terminologie qu’il a empruntée à Karl Popper. Le clocks, qui réunit dynamisme, rythme et pulsation, a pour image un mécanisme d’horloge détraqué. Cette vision se retrouve dans le titre anglais du film de Kubrick, A clockwork orange, qui a inspiré ma pièce dont la partition se situe effectivement dans la mouvance clocks : surexcitation, fébrilité, sursauts convulsifs, avec une ligne métrique brisée au tempo déjanté, le tout sur fond de funk, techno, blues et country ».
Vaste programme, assurément, pour cette pièce d’un quart d’heure créée lors de ce concert. Chacun sera irrité, séduit ou indifférent à cette composition, quelque peu "facile", qui intègre un quatuor avec une bande préenregistrée faisant entendre des sonorités proches de celles du clavecin. Reste que cette musique, accueillie favorablement par le public venu nombreux, ne manque pas d’entrain. Semblant manifestement y croire, le Quatuor Parker y met l’engagement et la passion nécessaires.
Retour à des sonorités plus orthodoxes avec le Premier Quatuor "De ma vie" de Smetana, dans lequel l’enthousiasme juvénile des musiciens fait merveille, au point que le premier violon casse malencontreusement une corde dans le Premier mouvement (incident qui s’est, par ailleurs, déjà produit à Bordeaux dans… Ligeti!). On apprécie cette fois d’autres qualités du Quatuor Parker comme leur sens des contrastes, du lyrisme et de la tension dramatique. L’expérience lui permettra d’atteindre davantage de finesse, de profondeur, de justesse d’expression ainsi que des sonorités d’une beauté plus insaisissable.
En bis, les musiciens donnent la Troisième des Cinq Pièces de Webern.
Le site du Quatuor Parker
Un document pdf sur Karol Beffa
Sébastien Foucart
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