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La simplicité poignante de Jenufa

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De Vlaamse Opera (Opéra des Flandres)
09/21/1999 -  et 24, 26, 29 septembre et 2 octobre 1999 Antwerpen : 10, 12, 15,17, 20, 23 octobre 1999
Leos Janacek : Jeji Pastorkyna (Jenufa)
Josephine Barstow (Kostelnicka Buryjovka), Gunnel Bohman (Jenufa Buryja), Stefan Margita (Laca Klemen), Christopher Ventris (Steva Buryja), Menai Davies (Starenka Buryovka, la grand-mère Buryja), Russell Smythe (Starek), Anne Cambier (Karolka), Piet Vansichen (Rychtar), Mireille Capelle (Rychtarchka), Petra Van Tendeloo (Jano), Anja Wilbrink (Pastuchyna), Rachel Fabry (Barena), Marceline Keirsbulck (La Tante), Thomas Mürk (Paysan), Min Pauwels (Paysan)
Robert Carsen (mise en scène), Patrick Kinmonth (décors et costumes), Ian Burton (dramaturgie), Peter Van Praet (lumières), Peter Burian (chef des choeurs)
Symfonisch Orkest en Koor Van De Vlaamse Opera, Friedemann Layer (direction musicale)

La saison de l’Opéra des Flandres s’ouvre de manière spectaculaire avec cette nouvelle production de Jenufa, qui marque le retour de Robert Carsen dans une maison qui l’a découvert et avec qui il a développé un travail de longue haleine, notamment avec cet inoubliable cycle Puccini. Le spectacle est une réussite totale, les trois plans principaux (mise en scène, interprétation vocale, orchestre) se réunissant dans une alchimie tenant d’un miracle où l’idéal est presque atteint.

Il faut absolument revenir au titre original de l’oeuvre, remplacé très vite par le nom de Jenufa qui n’est pas pourtant véritablement l’unique personnage principal (à la différence de Katya Kabanova, par exemple). Il s’agit donc de Sa belle-fille, ce qui signifie que l’opéra se centre en fait sur la relation extrêmement complexe entre Jenufa et Kostelnicka, les autres personnages se greffant sur cette base. Carsen étant particulièrement doué dans la direction d’acteurs, cela nous vaut des moments d’une bouleversante intensité, d’autant qu’il dispose des talents de Josephine Barstow dans une composition saisissante et de Gunnel Bohmann, personnalité plus effacée mais justement adaptée à un personnage assez passif.

Les décors sont ainsi d’une sobriété efficace qui permet de se concentrer véritablement sur les émotions véhiculées par la musique et le livret : des portes et des fenêtres modulant l’espace scénique en fonction de la situation (et manipulés par le choeur). Carsen ne s’autorise finalement qu’un effet mais il n’est absolument pas gratuit : après deux heures de tension générée par le drame, une pluie s’abbat sur Jenufa et Laca, une pluie libératrice et appaisante, apportant l’espoir que le bonheur peut se reconstruire malgré la violence subie par les personnages. Cette vision, totalement en accord avec la musique de Janacek, superbement éclairée, déclenche alors une réaction émotionnelle très forte qui restera inoubliable.

Depuis longtemps n’avait -on pas entendu (et vu) une distribution aussi impliquée sur les plans dramatique et vocal à l’Opéra des Flandres. Josephine Brastow avait manqué sa première Kostelnicka au Châtelet en 1996 et nous nous réjouissons qu’elle ait pu avoir l’occasion d’aborder malgré cela le rôle ; en dépit de tous ses défauts vocaux (timbre engorgé, grave insuffisant) qui ne se sont pas arrangés avec le temps, elle arrive de manière miraculeuse à convaincre que ce rôle est pour elle. Son deuxième acte est bouleversant, le troisième l’est encore plus. Gunnel Bohman semblait au premier acte avoir des problèmes de projection dans une salle à l’acoustique pourtant habituellement clémente ; après l’entracte la voix s’est libérée et plus aucune réserve n’était à formuler. Stefan Margita est un Laca idéal, avec une voix d’une finesse quasi mozartienne mais également les capacités dramatiques nécessaires au rôle. Christopher Ventris, dans un rôle plus ingrat, ne démérite pas non plus. Et dans les rôles dits secondaires, mais qui ne le sont pas avec Carsen, on saluera particulièrement Menai Davies, Anne Cambier et Russell Smythe.

Nous devons à Friedemann Layer les splendeurs des sonorités sortant de la fosse. Une direction qui respecte ses chanteurs tout en sachant mettre en évidence les détails d’une partition forte, peut-être la plus belle de Janacek.

Six représentations sont encore prévues à Anvers, celle du 12 octobre étant retransmise en direct sur Radio3, la radio classique flamande.



Christophe Vetter

 

 

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