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Victoire des voix graves masculines!

Paris
Théâtre du Châtelet
06/30/2007 -  
Airs extraits d'Opéras de Verdi, Mozart, Tchaïkovski, Rossini…
Stefania Dovhan, Rachele Gilmore, Carmen Solis Gonzales, Ekaterina Lekhina, Lisette Oropesa, Olga Peretyatko (sopranos), Carine Séchehaye (mezzo), Aurelio Gabaldon, Dmytro Popov, Raffaele Sepe (ténors), David Bizic, Marco Caria, Tae Joong Yang (barytons), Jan Martinik (basse)
Orchestre Pasdeloup, Placido Domingo (direction)

Pour fêter le quinzième anniversaire d’Operalia, Placido Domingo revient là où tout a commencé, à savoir Paris où le concours a été créé en 1993. Quinze ans ont passé, quinze concours se sont déroulés, quinze finales ont permis de révéler parmi les plus grandes voix d’aujourd’hui: de Rolando Villazon à José Cura en passant par Ludovic Tézier (qui vient de triompher à la Bastille) et Inva Mula, sans oublier Daniil Shtoda ou Joyce di Donato.


Placido Domingo reçoit un accueil triomphal dès sa montée sur scène. De longues minutes d’applaudissement précèdent son discours où il rappelle quelques-uns des grands moments d'Operalia. Il dévoile ensuite sa surprise, accueillie par des cris de joie du public: Mirella Freni entre en scène non pas pour chanter – malheureusement – mais pour faire part de son plaisir d'être à Paris à l'occasion de cette soirée.


Commence alors le concours; dont la finale réunit un Israélien, deux Italiens, trois Américains, deux Espagnols, deux Russes, un Tchèque, un Ukrainien, une Suissesse et un Coréen. Le jury est composé des directeurs d'opéras Jean-Pierre Brossmann, Jean-Luc Choplin, Thierry Fouquet, Jean-Louis Grinda, Ioan Holender, Peter Katona, Antonio Moral, Jean-Louis Pichon, Andres Rodriguez et Helga Schmidt ainsi que de Marta Domingo et Levon Sayan.
Les performances sont plus ou moins convaincantes. Les femmes sont nettement inférieures aux hommes et il faudra donc s'intéresser aux voix graves – barytons et basses – pour écouter un peu de musique. Les finalistes ne sont guère aidés par la direction hésitante et imprécise de Placido Domingo qui, ces dernières années, passe dans la fosse le temps de la finale.


A l'issue de la soirée, Placido Domingo annonce les noms des gagnants. Le premier prix féminin est attribué à la russe Ekaterina Lekhina. Cette jeune soprano a chanté avec assez d'assurance le redoutable «Air des clochettes» de Lakmé: la voix est assez petite mais les notes piquées aiguës sont précises, l'ensemble ne manque pas de charme. Elle est toutefois assez mal accompagnée, de telle sorte qu'elle semble constamment sur la retenue dans la mesure où le chef oublie de donner les départs… A réécouter donc dans de meilleures conditions.
Le coréen Tae Joong Yang reçoit le premier prix masculin et cette récompense est amplement justifiée. Dès son entrée en scène, le baryton EST le Renato du Ballo in maschera. Il fait preuve d'une grande maîtrise de la scène et d'une assurance autant vocale que musicale et rythmique: c'est lui que l'orchestre va suivre et non pas Placido Domingo. La voix est belle, chaleureuse, agile et puissante. Ce chanteur est prêt à démarrer une très belle carrière!


Le deuxième prix féminin revient à la soprano russe Olga Peretyatko qui se présente au public avec l'air d'Olympia des Contes d'Hoffmann. La prestation n'est pas inintéressante, la voix est souple mais elle n'apporte pas grand-chose au personnage de la poupée malgré une petite mise en scène déjà vue et revue partout (le côté mécanique de la poupée). Elle n'a ni le chic de Natalie Dessay ni l'excentricité de Patricia Petibon, pour ne citer qu'elles.
Le deuxième prix masculin, revient sans conteste à David Bizic, bien connu du public de l'Opéra National de Paris. Ce jeune baryton confirme les espoirs placés en lui avec un air de Figaro des Noces de Mozart parfaitement mené et interprété. La seule petite réserve que l'on pourrait émettre c'est qu'il n'a pas suffisamment souligné le caractère torturé de Figaro à ce moment de l'opéra. Ceci dit, la voix est de grande qualité et il est un fin mozartien avec des nuances appropriées. Il partage son prix avec le ténor ukrainien Dmytro Popov qui a enflammé le public avec l'air de Lenski «Kuda, kuda». La voix ne manque pas de personnalité mais le chanteur semble s'être égaré dans ce répertoire. Il chante Lenski avec une puissance qui conviendrait mieux à Calaf qu'à l'ami d'Eugène Onéguine et son manque de nuances ne fait pas passer beaucoup d'émotion. Il obtiendra également le prix de l'Orchestre Pasdeloup, remis par Patrice Fontanarosa.


Le troisième prix a été attribué à Lisette Oropesa et à Marco Caria. La première a chanté « Regnava nel silenzio » de Lucia di Lammermoor avec quelques difficultés. La voix semble déjà fatiguée, malgré son jeune âge (23 ans), et elle n'a pas beaucoup de volume. En revanche, elle est remarquable dans l'air «De Espana vengo», auquel elle donne le style, le rythme, l'élan. Cette très bonne prestation lui vaudra de recevoir le prix de la zarzuela.
Marco Caria est un baryton dont il faudra suivre avec attention l'évolution. Il impose également une présence indéniable, une maîtrise et une santé vocales. Il parvient à maintenir la tension pendant le difficile «Urna fatale» de La Forza del Destino. Pour l'anecdote, il a eu un trou de mémoire qui nous a valu un beau « è salvo » de Placido Domingo depuis la fosse… Il est également plebiscité par les spectateurs, qui lui accordent le prix du public.


Deux ténors se présentent seulement dans la catégorie des zarzuelas. Passons sur la prestation de l'italien Raffaele Sepe qui assassine «No puede ser» pour s'arrêter sur celle d'Aurelio Gabaldon. Ce jeune ténor espagnol ne possède pas un beau timbre, mais il a des qualités expressives très intéressantes. Il chante «Granadinas» tiré de Emigrantes en maintenant la tension pendant tout l'air. En digne élève d'Alfredo Kraus, il sait distiller les notes et les mots et il a hérité de ses couleurs un peu aigres.
Il remporte un prix de la zarzuela, de même que, parmi les femmes, Rachele Gilmore et Carine Séchehaye. La première, après s'être égarée dans un «Una voca poco fa» du Barbiere, bien trop pyrotechnique et pas assez dramatique, se rattrape dans «Me llaman la primorosa» de El Barbero de Sevilla . Elle apporte une fraîcheur à cet air et se coule assez bien dans la rythme espagnol. Carine Séchehaye fait partie de ces chanteurs dont on se demande comment ils ont pu arriver en finale… Elle a le profil d'une bonne élève, très appliquée dans son phrasé, sa technique et la justesse de ses notes, mais aucune émotion ne se dégage de son chant. Elle chante l'air de Stephano de Roméo et Juliette de Gounod et la «Cancion de Paloma» de El Barberillo de Lavapies  dans laquelle elle se détend un peu et essaie de faire chanter la musique. L'Espagnole Carmen Solis Gonzales reçoit le prix CulturArte en interprétant le redoutable «Pace, pace mio Dio» de La Forza del Destino et «No corté mas que una rosa» de La del manojo de rosas . Elle possède une voix puissante mais un vibrato trop imposant qui l'empêche de nuancer comme elle semble le souhaiter.


Deux chanteurs n'ont pas reçu de prix. La basse tchèque Jan Martinik a fait pourtant une très belle prestation en chantant l'air du Prince Grémine d'Eugène Onéguine. Malgré son jeune âge, il est tout à fait crédible dans ce rôle et surtout il possède toutes les notes nécessaires du personnages avec des graves ronds et somptueux. Les couleurs de sa voix sont belles et il ne manque pas de sens musical. La soprano américaine Stefania Dovhan interprète le grand air de Violetta: sa performance n'est pas mauvaise mais le personnage est loin d'être abouti. Elle chante cet air avec trop de mécanique, afin de faire des notes brillantes et des effets, et souffre en outre de quelques problèmes de justesse.
Rendez-vous l'année prochaine pour de nouvelles découvertes vocales!



Manon Ardouin

 

 

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